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Quel est l'objet du désir ?

Publié le 24/07/2012

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Le désir de soi semblait passer par la négation, l’assimilation de l’objet sensible mais laissait le sujet dans le manque, face au désir nu et dépourvu d’espérance (cf partie I) Le désir dans sa vérité serait désir de l’autre non comme autre mais comme même que moi. (partie II) Le désir est supposé manifestation d’un manque. Mais il semble que le désir ne se poursuive que lui-même (ce qui expliquerait peut-être pourquoi il ne s’éteint jamais) . La relation établie à l’autre échoue qu’elle soit relation d’amour, recherche de fusion ou relation de lutte dans laquelle le sujet qui se cherche se met en position de devenir objet.

« sein selon Freud ; c'est encore la perte du paradis de l'enfance qui engendrerait le manque, perte qui accompagne nécessairement la venue du sujet en tant que tel.

Oncommence à entrevoir en quoi la dimension du manque est fondamentale et essentielle.

L'obscurité de l'objet se trouve renforcée par sa dimension inconsciente.

Onest reconduit à une autre définition du désir : nostalgie d'une étoile perdue.Nous manquons de nous-même, d'un nous-même perdu et nous retrouvons cette dimension dans « Le Banquet » de Platon avec le discours d'Aristophane.

Ici lemanque est issu d'une déchirure à l'origine de l'humanité telle que nous la connaissons càd telle que nous la vivons.

Le manque naît avec la transformation de« l'androgyne » primitif en un être fini humain.

Le désir est ainsi la marque de notre finitude et notre incomplétude.

Son objet n'est pas un autre que soi mais laconquête de l'unité primitive perdue, la réunification avec soi-même.

Seule la complétude réalisée pourra être source de satisfaction, de plénitude.

Le véritable objetdu désir n'a rien d'un objet au sens commun du terme.

Il ne vient pas non plus remplir un vide car aucun objet ne saurait remplir cette absence à soi.Donc si manque il y a, il s'agit du manque de soi.

Les deux dimensions de l'objet (en tant que ce sur quoi le désir s'est fixé et en tant que finalité) se trouvent ainsiréunies.

Le désir est recherche de l'achèvement de sa nature.

Le discours d'Aristophane souligne la souffrance de l'incomplétude qui crée le désir comme aspiration àdépasser cette incomplétude et souligne que la véritable nature du désir est Eros, donc porte sur l'autre comme autre soi, l'autre qui pourrait venir achever notrenature.

L'unité du sujet ne serait atteinte que dans la rencontre de l'autre, rencontre qui prendrait la forme d'une reconnaissance donc de retrouvailles de soi à traversl'autre.Cette dialectique complexe de la recherche de soi à travers l'autre, même que soi et autre que soi, Hegel lui donne une dimension plus universelle que la dimensionamoureuse et remonte plus avant dans l'analyse de l'essence du désir.La dialectique du maître et de l'esclave montre que le désir fondamental a pour objet ultime la conscience de soi pleinement unifiée et révélée à elle-même.L'unité de la conscience n'est atteinte que si le désir porte sur une autre conscience qui joue à la fois le rôle de miroir et de médiateur.

Ce que le désir poursuit est uneimage stable du sujet dans la mesure où l'homme, livré à lui-même dans sa finitude et son inachèvement, est voué à l'angoisse.

Il ne coïncide pas avec lui-même etcette non coïncidence se manifeste par un désir errant, aveugle, jusqu'à ce que le désir se porte sur une autre conscience dans laquelle il pourra se reconnaître et parlaquelle il pourra être reconnu.

Les objets sensibles immédiats n'avaient pu satisfaire notre désir car aucun objet ne nous permet de nous rassembler ou de nousretrouver ou de nous reconnaître.

Aussi dans la poursuite d'un objet sensible et de la jouissance, le sujet se perd et le manque demeure intact car il se manque lui-même.

D'où la nécessité d'un objet transcendant à sa manière càd non assimilable et d'un objet qui est désir lui-même.Allons plus loin : cette conscience hantée par le désir ne peut se trouver que lorsque son désir se porte sur un autre désir ; le désir est désir du désir de l'autre.En effet à quelles conditions la conscience est-elle reconnue ? Lorsqu'elle devient sujet du désir de l'autre.

Elle s'accomplie en provoquant le désir chez l'autre et ellese reconnaît dans sa dimension désirante en rencontrant le désir chez l'autre, le désir de l'autre portant sur soi.Le moi est bien le véritable objet du désir mais il ne le devient que confirmé par la reconnaissance de l'autre et devenu objet du désir de l'autre.

Mais n'y a-t-il pas icirenversement dans lequel du statut de sujet nous passerions à celui d'objet ? Nous serions l'objet du désir.

Le désir devient le sujet.

Au fond le désir ne se poursuit-ilpas lui-même?Notons sur ce dernier point : que le désir soit désir du désir de l'autre pour mieux se retrouver soi, nous l'avions déjà en puissance dans le désir d'objet.

L'objetsuprêmement désirable c'est l'objet élu par l'autre ou possédé par l'autre.

Je désire ce que l'autre désire, à quelle fin ? Il y a certes le mimétisme par lequel tout sujethumain, fini et inachevé (donc qui doit se faire) se construit mais par delà ce mimétisme nous retrouvons le désir de devenir soi-même envié, désiré par l'autre.

C'estaussi ce que manifestait la dimension symbolique clairement ou obscurément attachée à l'objet du désir.

Cette dimension devait m'apporter un être - plus suscitant ledésir chez l'autre. Le désir de soi semblait passer par la négation, l'assimilation de l'objet sensible mais laissait le sujet dans le manque, face au désir nu et dépourvu d'espérance (cfpartie I)Le désir dans sa vérité serait désir de l'autre non comme autre mais comme même que moi.

(partie II)Le désir est supposé manifestation d'un manque.Mais il semble que le désir ne se poursuive que lui-même (ce qui expliquerait peut-être pourquoi il ne s'éteint jamais) .La relation établie à l'autre échoue qu'elle soit relation d'amour, recherche de fusion ou relation de lutte dans laquelle le sujet qui se cherche se met en position dedevenir objet.Les amants d'Aristophane ne retrouvent pas l'union originelle : deux ils demeurent ; la dialectique de Hegel n'atteint pas la reconnaissance de la conscience par uneautre conscience.Avons-nous correctement identifié le désir en le posant comme manque ? (Dépasser l'hypothèse initiale) III)Nous avons déjà suggéré l'idée que l'objet du désir pouvait être un objet transcendant et nous avons vu une forme de transcendance avec le désir qui se portait surl'autre, comme médiateur vers soi.

L'objet transcendant peut être un objet non sensible ou un objet à créer par le désir.La première forme de transcendance était déjà présente dans la dimension symbolique de l'objet poursuivi.

En effet l'objet désiré est désiré parce qu'il nous semblebon et beau ; il est par conséquent plus que lui-même, porteur de ces valeurs vers lesquelles il fait signe.

Ce sont peut-être ces valeurs qui donnent un sens à ladéfinition première du désir comme tendance qui nous pousse vers un objet que l'on imagine source de satisfaction.Ces valeurs du beau et du bon rendent au désir sa véritable nature qui est sa dimension spirituelle et son pouvoir de dépassement.

Elles rendent l'homme à lui-même.Alors que dans l'épithumia le désir errait d'objet en objet et l'homme se perdait dans un vide qui ne faisait qu'accuser, creuser son manque, dans le désir authentique,la quête devient accomplissement de soi.

C'est le trajet qui importe et la finalité ultime qui permet d'effectuer le trajet.

Cette finalité c'est l'objet transcendant, objetqui est à la fois altérité et identité au sujet.

L'objet permet la réalisation du désir comme puissance et l'accomplisement de l'homme quand il tend vers cet objet.L'objet c'est le divin dans la figure du Beau et du Bien.Le discours de Diotime (dans Le Banquet de Platon), montre que le désir est puissance de dépassement, tension vers le divin.

Puissance de dépassement du corpsvers l'esprit, du plaisir vers le bonheur, du sensible vers l'intelligible, de la multiplicité vers l'unité, de l'incomplet vers la plénitude d'être, de l'humain vers le divin, dutemporel vers l'éternel.

Tous ces termes jouent comme des équivalences.

Le terme visé par la dialectique ascendante est le Beau.

Lorsque le terme est atteint, lemanque est dépassé car l'objet transcendant ne vient pas combler un vide mais rendre à l'absence son vrai visage : le désir est la nostalgie qu'éprouvait l'âme de savraie patrie.Touché par le Beau, l'unification avec soi-même prend sens, le désir dévoile le sens de la quête : c'est celle du sens de la vie.

La vie humaine doit s'accomplir à traversdes valeurs qui n'appartiennent qu'à l'homme.En quoi le désir s'affirme-t-il ici comme puissance et non comme manque ?Dans la rencontre du Beau, l'homme connaît l'envie d'enfanter.

Le Beau et le Bien donnent envie d'être plus et de créer de l'être.

L'homme comprend alors que cettetension du désir n'était pas un vide mais un trop plein qui demande à féconder.

Le désir est puissance de dépassement et puissance de création (par le corps oul'esprit).

Par lui l'homme excède la finitude initiale et son incomplétude.

Aucun objet du monde ne saurait lui offrir la complétude car le désir tend vers autre chose eta pour finalité la sortie de l'homme de lui-même afin de créer et en créant, il s'accomplit.Donc le désir se désire bien lui-même en tant qu'il est cette puissance de dépassement par laquelle l'homme apprend à se connaître, à se réaliser et à viserl'immortalité.Le désir est la puissance d'exister qui se poursuit elle-même et qui est créatrice, nous avons cette dimension dans la pensée de Spinoza : l'effort propre à l'homme depersévérer dans son être.L'objet transcendant du désir est l'éternité dont la visée permet à l'homme de se connaître, de se dépasser et donc de s'accomplir. Conclusion : L'objet du désir est donc à la fois autre et même que le sujet ; en dehors car transcendant et au-dedans de nous ; préexistant au désir et crée par le désir.C'est en atteignant l'objet que se dévoile la véritable nature du désir et que l'homme réalise que sa quête a été accomplissement de lui-même, accomplissement parlequel il a réussi et à se dépasser et à se retrouver.. »

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