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Quel pouvoir la technique nous donne-t-elle ?

Publié le 22/02/2012

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technique
En nous permettant de transformer la matière, la technique commence, semble-t-il par nous donner un pouvoir sur la nature, une capacité d'action sur les choses. En ce sens, le lien entre technique et science est essentiel : c'est en connaissant la nature que nous pouvons agir sur elle ou, comme l'affirmait Bacon, « on ne commande à la nature qu'en lui obéissant ». Cette idée d'une maîtrise de la nature, nous la retrouvons chez Descartes, lorsqu'il affirma que la science et la technique doivent nous rendre « comme maîtres et possesseurs de la nature ».
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« Toutefois, la technique ne nous donne-t-elle pas également un pouvoir sur les hommes ? Ce pouvoir sur leshommes n'est plus seulement conçu comme une capacité, mais plutôt en un sens politique, comme un droit, uneautorisation à commander.C'est ce que nous montre plusieurs exemples : d'une part, la technique donne une force supplémentaire dans lecadre d'un pouvoir reposant sur la force physique (pouvoir militaire).D'autre part la technique, plus indirectement, permet dans les états totalitaires d'assurer une surveillance accruedes individus : s'il est possible de mettre des caméras à tous les coins les de rue, on peut beaucoup mieux contrôlerles faits et gestes des gens.Au delà de ces deux cas extrêmes, on peut relever d'autres situations dans lesquelles le lien entre technique etpouvoir semble plus « respectable » : c'est le cas par exemple de la technocratie, qui est le régime politique danslequel ceux qui possèdent des compétences techniques des savoirs ou des savoir-faires, possèdent en même tempsle pouvoir (ex : la commission européenne de Bruxelles).

Dans le même ordre d'idée, Karl Marx avait déjà remarquéque l'on peut établir un parallèle entre le pouvoir économique et le pouvoir politique : ceux qui possèdent les moyenstechniques de production constituent une classe dominante dans la société, et cette domination se traduit à unniveau politique.

Par exemple les bourgeois au XIXe siècle possèdent en même temps les usines et le pouvoir.

Enoutre, les seigneurs du Moyen-Age possèdent les terres et jouissent d'une suprématie politique.

Cependant, on peut se demander dans quelles mesure ces formes de pouvoir, qui reposent sur unecapacité technique, sont « légitimes » : le fait de posséder une capacité nous donne-t-elle le droit de gouverner ? On semble en fait revenir ici à un système qui n'est que celui de « la loi du plus fort », en remplaçant laforce par une compétence ou une propriété.

Mais dans ce cas, on voit bien en quoi le pouvoir est confisquer par ungroupe particulier, ce qui s'oppose par exemple à l'idée de démocratie.

Tout le problème vient de ce que l'onconfond, dans ce cas, deux domaines : le domaine du fait et le domaine du droit.

Que veulent dire ces expressions ?Le domaine du fait, c'est le domaine de ce qui est .

Quant au domaine du droit, il s'agit du domaine de ce qui doit être . Cette distinction correspond à celle que l'on avait établie, par rapport au mot « pouvoir », entre capacitéet autorisation : la technique, puisqu'elle nous donne une capacité à agir, se place dans l'ordre du fait.

Mais ce n'estpas parce que j'ai une capacité d'action que je suis autoriser à commander, que j'en ai le droit.

Si cela était le cas,cela voudrait dire, entre autres choses, que le pouvoir change de main dès que changes les rapports de force etque celui qui est le plus fort, ou le plus riche, ou le plus savant, a tous les droits.

La technique semble donc bien donner un pouvoir sur les hommes, mais ce pouvoir ne peut en aucun cas êtreconsidéré comme légitime, juste.

C'est ce genre de confusion (entre fait et droit), que l'on retrouve sous une forme légèremebt différente dans lesdoctrines racistes et dans leurs conséquences politiques comme le colonialisme.

En quoi le racisme fait-il intervenirla technique ?Rappelons-nous bien ici de ce que le racisme cherche à montrer, à savoir qu'il existe des races supérieures (lasienne) et des races inférieures (les autres).

Comment procède-t-il pour fonder cette idée sur un raisonnement, etque vaut ce raisonnement ? Le raciste commence par comparer le développement technique et scientifique de sa civilisation et d'une autre (par exemple celle de l'Europe et celle de l'Afrique).

De ce point de vue, il constate qu'il y a une supériorité ducôté européen : le progrès technique est un élément quantitatif, mesurable.

Ce point est extrêmement important,dans la mesure où il permet la seconde étape de son raisonnement. Cette seconde étape consiste à conclure de cette inégalité de développement technique une inégalité entre les civilisations elles-mêmes (par exemple, la civilisation européenne serait supérieure à la civilisation africaine).

Or,cette conclusion n'est pas valide dans la mesure où elle repose sur une confusion entre différence et inégalité : direde deux choses qu'elles sont différentes, c'est dire qu'elles ne sont pas identiques (deux individus, deux objets sontdifférents de ce point de vue) ; dire de deux choses qu'elles sont inégales, c'est dire que l'une est supérieure àl'autre (considérez la signification mathématique de l'idée d'inégalité : 5 > 3).

Que les civilisations soient différentes,cela est indéniable, mais interpréter cette différence comme une inégalité constitue une faute de raisonnement,faute qui, d'ailleurs, est délibérée.

Ayant prouvé que les civilisations sont inégales, il reste au théoricien raciste à expliquer pourquoi elles lesont.

Il le fait d'une manière très simple, en affirmant que ces inégalités culturelles trouvent leurs origines dans desinégalités naturelles (biologiques par exemple en terme de place sur l'échelle de l'évolution) : si les cultures sont. »

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