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Quel rôle joue mon corps dans l'expression de ma liberté ?

Publié le 17/01/2022

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L'homme est-il libre ou au contraire en est-il réduit à se croire libre sans avoir conscience que chacun de ses actes et chacune de ses décisions sont déterminés par autre chose que par sa propre volonté ? Le corps est en soi naturel et donc soumis aux lois et aux nécessités de la nature. Du fait des besoins qu'il impose et auxquels il faut répondre pour assurer sa survie, il est le symbole de la nécessité naturelle et du déterminisme. De ce fait, est-il une entrave à l'expression de la liberté ou au contraire, peut-il finalement être un médiateur entre l'homme et sa propre liberté ? L'homme est-il capable de surmonter cette nécessité naturelle qui l'habite et le contraint, afin de conquérir sa liberté à travers la maîtrise de sa dimension corporelle ? Autrement dit, le corps peut-il en définitive exprimer la liberté humaine ? Comment peut-il y parvenir ? Proposition de plan : 1- Le corps : un obstacle à l'expression de ma liberté : En effet, en grec, il existe un jeu de mot entre sôma «  corps » et sema «  prison », « sépulture ». Ainsi, c'est la thèse défendue par Platon dans le Phédon : « le corps est la prison de l'âme », il est considéré comme un obstacle, une entrave pour l'âme et la mort est perçue comme une délivrance. En effet, le corps est soumis aux lois de la nature, il a des besoins auxquels il faut répondre si l'on veut conserver la vie.
  • Corps : vient du latin corpus dont le sens est lui-même lié à celui du mot grec sôma. Si le mot « corps « peut désigner ce qui réunit en un tout doué d’une unité propre des éléments distincts, il s’agit ici du corps « chair «, qui s’oppose à la substance immatérielle qu’est l’esprit. Le corps est donc la partie matérielle de l’être humain par opposition à l’âme. Ainsi, Descartes le définit en tant que « substance étendue « qui est à distinguer de la « substance pensante « qu’est l’âme (dualisme). La phénoménologie parle du « corps propre «, c’est-à-dire du corps vécu par le sujet comme l’ensemble des rapports que celui-ci entretient avec lui.  
  • Liberté : Avant tout, la liberté désigne l’absence de toute contrainte étrangère et extérieure. A l’origine : libre condition de l’homme qui n’est pas esclave, qui dispose de sa personne et participe à la vie de la cité. La liberté est un statut, une condition sociale et politique, puis elle devient une caractéristique individuelle et morale. Est libre un homme indépendant et autonome qui n’est pas déterminé ou contraint et qui est lui-même la cause de ses actes.  
  • Quel rôle : on s’interroge sur la place du corps par rapport à la question de la liberté. Est-il une entrave ou bien une aide précieuse et incontournable ?  
  • Expression : action d’exprimer, de dire, de manifester quelque chose. « L’expression de ma liberté « c’est la façon dont ma liberté se réalise et se montre, se donne à voir.

« En effet, le corps est soumis aux lois de la nature, il a des besoins auxquels il faut répondre si l'on veutconserver la vie.

Ces besoins s'expriment à travers des sensations (soif, fin, désir…) et détournent l'âme desdésirs plus nobles (connaissance, savoir…).Ces lois naturelles entravent ma liberté.Spinoza soutient cette thèse du déterminisme naturaliste.

Selon lui, lanature est par définition la dimension dont la liberté est absente.

Si l'onsuppose que tout est nature et donc soumis à des déterminismes, alorsle libre arbitre est réfuté : « les hommes se croient libres pour cetteseule cause qu'ils sont conscients de leurs actions et ignorants descauses par où ils sont déterminés » ( Ethique , II, 2, Scolie) Le rationalisme cartésien nous montre déjà qu'une volonté infiniment libre,mais privée de raison, est une volonté perdue.

Plus nous connaissons, plusnotre liberté est grandie et fortifiée.

Si nous développons notre connaissanceau point de saisir dans toute sa clarté l'enchaînement rationnel des causes etdes effets, nous saisirons d'autant mieux la nécessité qui fait que telle chosearrive et telle autre n'arrive pas, que tel phénomène se produit, alors que telautre ne viendra jamais à l'existence.

Pour Spinoza, une chose est libre quandelle existe par la seule nécessité de sa propre nature, et une chose estcontrainte quand elle est déterminée par une autre à exister et à agir.

Ausens absolu, seul Dieu est infiniment libre, puisqu'il a une connaissanceabsolue de la réalité, et qu'il la fait être et exister suivant sa proprenécessité.

Pour Spinoza et à la différence de Descartes, la liberté n'est pasdans un libre décret, mais dans une libre nécessité, celle qui nous fait agir enfonction de notre propre nature.

L'homme n'est pas un empire de liberté dansun empire de nécessité.

Il fait partie du monde, il dispose d'un corps, d'appétits et de passions par lesquelles lapuissance de la Nature s'exerce et s'exprime en nous, tant pour sa propre conservation que pour la nôtre.

Biensouvent nous croyons être libres, alors que nous ne faisons qu'être mus, par l'existence de causes extérieures :la faim, la pulsion sexuelle, des goûts ou des passions qui proviennent de notre éducation, de notre passé, de notreculture.

Nul homme n'étant coupé du milieu dans lequel il vit et se trouve plongé, nous sommes nécessairementdéterminés à agir en fonction de causes extérieures à notre propre nature.

"Telle est cette liberté humaine que tousles hommes se vantent d'avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs, etignorants des causes qui les déterminent." De plus, le corps est matière à problème, source de difficulté.

Il peut subir la maladie, la vieillesse et nousempêcher d'agir.Certains mécanismes physiologiques du corps sont incontrôlables, il peut avoir des pulsions que l'on peutregretter par la suite.

Ainsi, le corps peut entrer en conflit avec la conscience et avec la volonté et faireobstacle à ma liberté intérieure de décider.

Déterminisme psychique et illusion de la volonté.D'un autre côté, le corps peut entraver ma liberté physique, ma liberté d'agir.

Ainsi, il peut être emprisonné,dans ce cas je ne suis pas libre de mes actes et je suis condamné à subir ce qui est infligé à mon corps. 2- Cependant, on peut remettre en cause ce déterminisme : Le déterminisme auquel est soumis mon corps est une négation de ma liberté.Cependant, on peut avec Sartre considérer que le fait de ce cacher derrière le déterminisme est le signe de lamauvaise foi de l'homme.

C'est une manière de ne pas assumer sa liberté : « Ce déterminisme, défenseréflexive contre l'angoisse, ne se donne pas comme une intuition réflexive.

Il ne peut rien contre l'évidence dela liberté, aussi se donne t-il comme croyance de refuge, comme le terme idéal vers lequel nous pouvons fuirl'angoisse » ( L'Etre et le Néant ). Ainsi, penser que mon corps est soumis au déterminisme naturel et que de ce fait je ne suis pas libre serait unesolution de facilité afin de diminuer ma responsabilité face aux choix que je suis amené à faire.Hegel réfute aussi la thèse déterministe.

Cette dernière dit que mon comportement est passif, que mon corpsest soumis à des lois que je ne contrôle pas.

Or, les faits montrent que le sujet est actif.

Par exemple, je me suis laissé entraîner par la colère.

C'est le sujet actif qui transforme les circonstances en mobiles ou en causes.Car les faits en eux-mêmes n'ont pas de sens, le sujet seul peut les transformer en mobile et ce qui sera unmobile pour moi ne le sera pas forcément pour quelqu'un d'autre. 3- Mon corps fait lien avec le monde et devient l'instrument de ma liberté : Le corps est l'instrument de la liberté, c'est le moyen pour l'esprit de se concrétiser.

Sans le corps, laconscience ne peut rien faire.

Le corps est un moyen de s'orienter et d'avoir un impact dans le monde.La thèse de Descartes est « cogito ergo sum » c'est-à-dire que le corps renvoie toujours à l'esprit qui est premier.

Cependant, la réalité du corps ne peut être niée puisqu'il renvoie à une extériorité par l'intermédiairedes sens et des besoins.

Par le corps, je suis en contact concret et direct avec le monde.

Sans le corps, je nepeux rien.. »

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