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Quelle différence il y a-t-il entre exister comme personne et exister comme chose ?

Publié le 27/02/2005

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Il en va tout autrement de la personne : elle est res cogitans : j'existe, je sais que je suis un être particulier (une personne donc - quoique Descartes n'emploie pas explicitement ce terme) parce que je pense. L'existence de la personne est donc métaphysiquement fondée sur sa pensée. Ainsi les choses ne pensent pas ; leur existence est purement matérielle.   Transition : -          L'identité ou ce qui fonde la personnalité repose donc sur la conscience ; à l'inverse, les choses existent sans conscience et ne sont pas à l'origine de leur mouvement. -          Toutefois, cette différence ontologique et métaphysique est loin d'aller de soi : elle implique que la personne soit irréductible à son corps. Or en tant qu'être incarnée, elle existe aussi en tant qu'objet : le corps, comme tel, est dépourvu de conscience et de pensée.   2-      Une différence épistémologique : l'existence de la personne n'est pas explicable comme l'est celle des choses   a)      L'existence de la personne comme fondement de l'imputabilité des actions Telle est la question à laquelle répond Kant : après avoir distingué l'être du phénomène de celui de la chose en soi (seul le premier est connaissable), Kant se demande si l'impossibilité de connaître l'être en soi (ce qui outre passe l'expérience possible) ne conduit pas à la ruine de la morale. Aussi propose-t-il, à travers d'un exemple, de montrer en quoi l'absence de détermination empiriques permettant de connaître la personne n'a pas valeur d'argument face à la nécessité de la morale : comment rendre compte d'un mensonge pernicieux ? (voir Critique de la raison pure, 3ème antinomie de la raison pure). Il y a 2 façons d'en rendre compte : 1) on met en avant les déterminations empiriques, c'est-à-dire la chaîne des causes et des effets qui ont provoqué le mensonge (« mauvaise éducation », « société pernicieuse », « causes circonstancielles », « méchanceté d'un naturel insensible à la honte ») 2) on fait valoir la « spontanéité absolue de la liberté ».

 Contester la possibilité de distinguer l’existence de la personne et celle des choses revient à empêcher toute constitution d’une responsabilité juridique et morale. Mais sur quoi repose une telle distinction ? Quelle différence y a-t-il entre exister comme personne et exister comme chose ? Cette différence est-elle seulement postulée et ne vise-t-elle rien d’autre qu’à rendre l’homme coupable et dépendant des moralistes, comme le pense Nietzsche ? Ou alors est-ce une différence réelle (métaphysiquement fondée) ? Auquel cas quel type d’intelligibilité de ces deux types d’existence est possible ? Que peut-on connaître de l’existence d’une personne ? Celle-ci n’est-elle pas vouée au mystère à moins de la rapporter, comme le font les cognitivistes matérialistes contemporains, à l’existence d’une chose ?

 

 

 

 

 

« déterminations empiriques, c'est-à-dire la chaîne des causes et des effets qui ont provoqué le mensonge(« mauvaise éducation », « société pernicieuse », « causes circonstancielles », « méchanceté d'un naturelinsensible à la honte ») 2) on fait valoir la « spontanéité absolue de la liberté ».

Dans le 1 er cas : ruine de la justice puisque la loi qui ordonne et interdit n'a plus de raison d'être ; le fautif est innocent n'étant pas responsable de sonmensonge.

Dans le 2 nd cas, on peut alors supposer que l'action aurait pu être omise et juger l'acte = envisager notre menteur, non comme une partie de la nature, mais comme un personne.

b) La personne n'est pas objet des sciences de la nature Ainsi la personne ne peut faire l'objet d'une science empirique, ou physique : parce que les choses ne décident pas de se comporter de telles ou telles sortes, elles n'ont aucune personnalité (= pas d'autonomie).

La personnalité désigne le fait pour un individu d'être auteur, agent, et donc responsable de ses actions : tout ce quemon corps présente peut m'être rapporté, toutes mes actions sont bien miennes . L'existence des choses peut toujours au contraire être ramenée à un ensemble de lois : on peut toujours dégager la cause de tel ou tel mouvement ou changement.

En revanche, ce schéma déterminisme ne vaut pas pourla personne.

Pourquoi ? Pour rendre comte de la différence entre science de la nature – science des choses – et science humaines– science des personnes – Dilthey les envisage selon leur méthode : les premières sont explicatives, alors que lessecondes sont compréhensives.

Les sciences de la nature donnent les causes et dégagent des lois.

En revancheune telle méthode est impossible en présence de faits humains.

Exemple : le rapport à l'autre : autrui n'est-il queson corps ? N'existe-t-il que comme chose indiscernable des autres ou est-il une personne ? c) Le rapport à autrui : exister comme personne = exister comme structure signifiante Comme le souligne Max Scheller : « ce qui est possible lorsqu'il s'agit de corps du monde physique devient impossible lorsqu'on se trouve en présence de phénomène d'expression ».

En effet, le point de vue d'autrui n'est pas déductible comme on déduit des propositions théoriques après une expérimentation : ce qui nous est donné dans notre rapport à l'autre, c'est une unité psychophysique , une structure signifiante.

Ce que pense, perçoit ou ressent autrui ne nous est jamais d'abord donné comme purement matériel : paroles, larmes grincements de dents, tendreregard, rougeur du visage ó le sens de ce qu'il veut dire, la rage, l'amour, la honte ) = perceptions directes et immédiates, valables pour l'instant où elles se donnent.

Or cette instantanéité de la connaissance de l'autre fait la différence avec la connaissance des objets : les lois physiques valent partout et toujours, alors que la rougeur du visage d'autrui pourra signifier tantôt la honte, tantôt un accès de colère selon la situation.

Transition :Finalement la différence est toujours postulée et ne peut être prouvée rationnellement : néanmoins en tant que postulat, elle fonde la moralité du rapport entre les hommes : exister comme personne = exister pour autrui en tant que fin en soi 3- UNE DIFFÉRENCE VALORIELLE : SEULE L 'EXISTENCE DE LA PERSONNE FAIT L 'OBJET D 'UN RESPECT a) Exister comme chose = exister comme moyen La valeur des choses est purement instrumentale , c'est-à-dire que son existence est relative : sa finalité lui est conférée de l'extérieur .

Exemple : le coupe papier n'existe que parce qu'il a été préalablement déterminée : son existence est donc toute entière assignée à une fin donnée. Il en va tout autrement de la personne : l'existence de celle-ci a une valeur absolue parce que justement, son existence ne peut pas avoir valeur de moyen.

Liberté et raison caractérisent la personne. b) Exister comme personne = exister comme fin en soi La valeur d'un homme, être raisonnable, est absolue .

Cette valeur fonde le respect que l'on doit aux personnes.

Ainsi exister comme personne, c'est exister comme être respectable, c'est-à-dire comme fin en soi. Illustration : l'esclavage et la prostitution : les individus sont ici instrumentalisés : l'esclave et la prostituée sont dépossédés de leur personnalité puisque leur corps, n'est, pour le maître ou le client, qu'un objet acheté, acquispour sa valeur matérielle et c'est cela qui fait qu'ils existent en tant que choses.. »

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