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Quelle différence y a-t-il entre désirer et vouloir ?

Publié le 10/03/2004

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Bien lire le sujet: il ne s'agit pas dans ce sujet de dresser une liste des différences entre le désir et la volonté. Outre que cette liste se poursuivrait indéfiniment, elle ne suffirait pas à formuler un problème satisfaisant. Même si une telle recherche peut être utile pour offrir une matière à la réflexion, il faut surtout penser à déterminer ce qui, essentiellement, distingue volonté et désir: il se peut d'ailleurs que l'on soit conduit à assigner aux deux notions un principe commun, un genre commun dont elles ne sont que deux espèces.

HTML clipboardDésirer et vouloir sont apparemment des termes assez proches, tous deux désignent l’action de tendre vers une chose. Il faut ici tirer une leçon philosophique de ce qui, malgré tout, les distingue. A première vue, le désir se rapporte à une impulsion non rationalisée vers une chose, alors que la volonté suppose un travail de l’intellect, une construction mentale relative à la chose vers laquelle on tend. Cette différence du rôle de l’intellect suffit-elle à distinguer le désir et la volonté dans leurs essences mêmes ? Existe-t-il une hiérarchie entre ces deux tendances ? C’est l’enjeu du sujet.

« APPROCHE DE LA PROBLÉMATIQUE Bien lire le sujet : il ne s'agit pas dans ce sujet de dresser une liste des différences entre le désir et la volonté.

Outre que cette liste se poursuivrait indéfiniment, elle ne suffirait pas à formuler un problème satisfaisant.

Même si une telle recherche peut être utile pouroffrir une matière à la réflexion, il faut surtout penser à déterminer ce qui, essentiellement, distingue volonté et désir : il se peutd'ailleurs que l'on soit conduit à assigner aux deux notions un principe commun, un genre commun dont elles ne sont que deuxespèces.Un point de départ à discuter : il est possible de songer, en première analyse, à la dépréciation du désir par rapport à la volonté.

Sansque le désir soit nécessairement une volonté affaiblie, il convient de s'interroger sur ce qui peut manquer au désir pour rejoindre la Recherche du problème : plusieurs points de vue sont possibles sur la question de la différence de la volonté et du désir qu'on les considère dans leur rapport à l'activité du sujet, à la raison, à la liberté ou au bien, le désir est toujours obscurci par quelque chosed'extérieur à moi-même.

Vouloir, c'est vouloir pleinement, c'est vouloir en quelque sorte ma volonté elle-même la prendre pour objet;désirer, c'est ne pas pouvoir (ou ne pas vouloir) faire autre chose que désirer, ne pas être maître de mon désir. Désirer et vouloir ne sont pas des termes synonymes.

On peut désirer sans vouloir, c'est-à-dire se représenter In possession d'uncertain objet comme une chose agréable, en jouir d'avance par la pensée.

Vouloir, c'est sans doute désirer ; nais c'est faire effort pourréaliser son désir, pour conquérir l'objet qui nous apparaît comme un bien.

Désirer ne nous coûte pas ; vouloir exige un certaindéploiement d'énergie.Il ne faudrait pas croire pourtant que la volonté est une sorte de pouvoir absolu, indépendant des idées et des sentiments qui noussollicitent dans un sens ou dans l'autre.N'oublions pas que les idées sont des forces qui se disputent le champ de la conscience.

La volonté n'est pas autre chose que l'attentionintervenant dans ce conflit des mobiles.

Tout son pouvoir consiste à opposer une représentation à une autre, à maintenir dans laconscience une idée contre l'assaut des idées antagonistes, afin de lui permettre de développer tous ses effets moteurs.

Nous sommesmaîtres de nos actes dans la mesure où nous sommes maîtres de nos idées.

Ainsi s'explique que nous avons souvent conscience «d'aller dans le sen de la plus grande résistance ».

Il faut un vigoureux effort de l'attention pour implanter dans l'âme une idée qui n'estpas toujours la plus séduisante, qui a plutôt pour elle la raison que le coeur, qui exige même des sacrifices pénibles.La volonté est donc ce pouvoir que possède une conscience attentive de se modifier elle-même en surveillant le jeu de sesreprésentations et en réglant la force de ses tendances.La volonté étant ainsi définie s'oppose, sous certains points de vue, au désir.Aristote a indiqué une différence qui mérite d'être retenue.

« Nous désirons même les choses impossibles, mais nous ne saurions lesvouloir ».

Le désir est souvent chimérique ; il se contente d'une possibilité illusoire, il aspire même à ce qui ne dépend pas de la volontéhumaine.

La volonté, au contraire, est prudente, réfléchie, pratique.

Elle implique une croyance ferme à la possibilité de l'acte.Le désir, disait encore Aristote, porte sur la fin, la volonté sur lés moyens.

Cette distinction découle de la précédente.

Le désir va toutde suite à son but.

Vouloir, c'est prendre les moyens d'arriver à la fin désirée.Maine de Biran nous fournit une autre distinction importante.

La volonté est accompagnée d'un sentiment très net de la personnalité.Vouloir, c'est se posséder.Désirer, c'est s'abandonner à l'attrait d'une chose que l'imagination nous représente comme agréable.

Aussi dans le premier cas,avons-nous, le sentiment d'une victoire; tandis que dans le second, nous avons souvent conscience d'une abdication ou d'une défaite.

«Vaincre et dompter, dit William James, sont des verbes actifs, dont n'usent pas les fainéants, les ivrognes et les poltrons quand ils seracontent ; on ne les entend pas parler de victoires remportées sur leur activité, sur leur sobriété, sur leur courage ».De là dérivent d'autres différences secondaires.

Le désir consistant dans la complaisance à certaines images, il peut varier et seprolonger; tandis que la volonté impliquant un effort énergique de l'attention paraît prendre nettement son parti.

Plusieurs désirs,même parfois contradictoires, peuvent coexister dans la conscience ; au lieu que la volition paraît une, ce qui revient à dire quel'attention choisit, accueille tel motif, repousse tel autre, et c'est ce que les psychologues appellent décision.Quoique désirer et vouloir soient deux choses différentes (et si elles ne l'étaient pas, il n'y aurait plus ni liberté, ni responsabilité), iln'en est pas moins vrai que le désir intervient dans les actions volontaires.

L'idée pure est peu agissante ; pour que l'idée deviennemotrice, il faut qu'elle retentisse dans la sensibilité, qu'elle mette en jeu les tendances.

La connaissance du Bien serait peu efficace s'ilne s'y ajoutait l'amour ou le désir du bien.

Il y a quelque chose de vrai dans l'allégorie de l'attelage imaginée par Platon : le chevalnoir, qui par ses incartades risque à chaque instant de faire verser le char, symbolise les inclinations basses et les désirs mauvais ; lecheval blanc, docile à la voix du maître, représente les inclinations nobles ; et c'est grâce à son aide que le cocher, c'est-à-dire laraison, peut opposer une résistance aux écarts du coursier rebelle.

Pareillement, pour résister aux séductions des images tentatrices, ilne reste d'autres ressources à la volonté, c'est-à-dire à l'attention, que d'opposer en quelque sorte la sensibilité à elle-même entransformant en désirs les idées de la raison, en mettant la passion au service du vrai et du bien.

Sans cet élan généreux la notion dudevoir risque de demeurer abstraite, froide, inefficace.

Aussi voyons-nous que les héros de la moralité ont presque tous une natureardente, une volonté échauffée par l'amour.

C'est peut-être une erreur de la psychologie contemporaine de trop croire à la toutepuissance des idées.Telles sont les différences et les rapports de la volition et du désir.

La psychologie de la volonté, on le voit, semble plutôt favorable à laliberté humaine.

Nous sommes libres s'il dépend de nous de maintenir dans notre conscience contre les impulsions aveugles de lasensibilité l'idée que suggère la raison et qui émeut ce qu'il y a de plus noble en nous.

Il apparaît bien quo ce pouvoir réside dansl'attention, qui est, comme le dit William James, l'acte fondamental de la volonté.. »

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