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Quelle est la valeur du ''Penser par soi-même'' ?

Publié le 19/08/2012

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Un autre danger menace celui qui a appris à penser par lui-même : l’homme qui est enfin capable de penser sans la direction d’autrui risque de croire que la liberté qu’il a enfin trouvée est illimitée, et ainsi de ne pas faire la différence entre l’usage public et l’usage privé de sa raison. Kant nous donne l’exemple dans Qu'est-ce que les Lumières d’un homme qui, recevant ses impôts, refuserait de les payer. Un tel individu, se mettant à critiquer le montant des ses charges, serait évidemment puni, et créerait très probablement un scandale qui inciterait ses concitoyens à adopter le même comportement que lui. Il ferait là un usage privé de sa raison. Cependant, Kant nous explique que ce même individu a tout de même le droit d’émettre publiquement des critiques, faisant maintenant un usage public de sa raison. Penser par soi-même serait donc risqué pour celui qui ne sait pas faire la part des choses, ou encore pour celui qui se serait trompé dans son apprentissage. Ainsi, beaucoup n’assumeront pas le risque de penser par eux-mêmes. Ce sont eux que Kant appelle les « mineurs «, ceux qui sont incapables, ou simplement de servir leur entendement sans la direction d’autrui. Ils penseront qu’il est inutile de penser par eux-mêmes, puisque d’autres pourront le faire à leur place. Ils préféreront user de leur corps pour vivre plutôt que de leur esprit. Ils seront donc, d’après Aristote, « condamnés à l’esclavage «. Descartes dit dans son Discours de la méthode que « l’action de l’homme purement homme est de penser «. Par conséquent, ces hommes qui ne veulent pas prendre la peine (ou le risque) de penser par eux-mêmes, n'assument pas leur existence. Donc assumer le risque de penser par soi-même, c'est accéder, par l'activité de la raison, à la vérité; et par là-même à la science, qui est la plus haute production de l'esprit.

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