Devoir de Philosophie

Quelle place croyez-vous devoir faire aux romans dans votre bibliothèque personnelle ? Estimez-vous qu'on puisse y chercher autre chose qu'un simple divertissement ?

Publié le 17/06/2009

Extrait du document

INTRODUCTION. - Le roman, qui occupait une place si modeste dans la production littéraire de l'époque classique et à plus forte raison des époques antérieures, a conquis la première au cours du siècle dernier : il l'emporte par le nombre des titres et bat de loin le record des tirages. C'est que lire, pour la masse, c'est lire un roman. Le roman est devenu le type du « livre de lecture « qu'on oppose au livre d'étude, destiné principalement à la préparation des examens, et au livre scientifique qui s'adresse à un petit nombre de spécialistes. Dans l'entre-deux cependant on trouve une masse imposante de volumes mettant à la portée d'un assez grand public les acquisitions récentes des diverses disciplines : ce sont les ouvrages de vulgarisation dont la collection « Que sais-je « peut fournir le type; ils permettent de compléter l'acquis de la période des études et de se tenir au courant. Avec les grands auteurs classiques qui sont à la base de notre culture, ces mises au point contemporaines devraient, au jugement des gens sérieux, constituer le principal d'une bibliothèque personnelle; la littérature romanesque, à laquelle on ne demande qu'une heure de divertissement, n'y figurerait pas ou du moins n'y occuperait que peu de rayons. Cette opinion n'obtient guère le suffrage des jeunes d'aujourd'hui et je ne saurais m'y rallier de bonne grâce. Mais, avant de préciser la place que je ferai au roman dans ma bibliothèque personnelle, il me semble utile de discuter le présupposé de mon adversaire pour lequel ce genre de productions littéraires est tout juste bon à distraire ou à divertir et de voir s'il n'est pas un important moyen de culture.

« L'homme moderne, en effet, n'aime pas être endoctriné : il ne se range volontiers qu'à la vérité qu'il a découvertelui-même.

Or le roman fait assister le lecteur à une expérience dont il lui semble dégager la leçon sans que personnela lui dicte.

Les faits eux-mêmes parlent.

Le maître n'apparaît pas.Ce sont surtout des thèses morales ou sociales que le romancier peut répandre dans ses oeuvres.

Mais lesexistentialistes utilisent aussi le roman pour exposer des doctrines philosophiques.

Le roman, dit par exemple SimoneDE BEAUVOIR « permet d'effectuer des expériences imaginaires aussi complètes, aussi inquiétantes que lesexpériences vécues.

Le lecteur s'interroge, il doute, il prend parti, et cette élaboration hésitante de sa pensée luiest un enrichissement qu'aucun enrichissement doctrinal ne pourrait remplacer ».Les romans ainsi compris distraient encore, car ils se plient généralement aux règles du genre; mais ils provoquentaussi la pensée et le divertissement se change vite en réflexion sur les plus grands problèmes philosophiques. D.

Enfin, si le roman moralisateur a mauvaise presse et si une portion notable de la littérature d'imagination estproprement pornographique, il reste un grand nombre de romans à portée morale : les uns qui posent dans toute leuracuité concrète les problèmes qui inquiètent les consciences droites; d'autres qui situent dans un climat bienfaisantpour l'âme et élèvent sans endoctriner.

A la condition que leur influence ne soit pas contrebalancée par celle de lalittérature légère ou pourrie, les romans de cette qualité constituent un facteur important de culture morale. III.

— LES ROMANS DANS MA BIBLIOTHÈQUE Après cela il sera facile de préciser la place que je me propose de faire à la littérature romanesque dans mabibliothèque personnelle.

Elle sera importante. A.

Toutefois rassurez-vous : on y trouvera autre chose que des romans.: J'espère ne pas être de ceux pour qui lireconsiste à parcourir la production hétéroclite des romanciers les plus divers.

Les romans resteront pour moi des «livres de lecture » au sens quelque peu péjoratif qu'on donne à cette expression.

Je ferai des lectures plussérieuses, non seulement dans des ouvrages professionnels, mais aussi dans notre littérature classique, dans lèsgrands historiens.

Je voudrais aussi avoir sous la main ces grandes couvres pour y chercher la page ou le détail quipeut m'être utile.

C'est pourquoi j'aurai, si mes moyens me le permettent une bibliothèque de culture générale assezconsidérable. B.

Mais le roman y aura une place importante.

Je ne prétends pas suivre la surabondante production qui risqueraitde me submerger : je choisirai pour le mieux.Sans mépriser les récits du type policier et tout en condescendant à lire quelques-uns de ces livres pour passer uneheure ennuyeuse, je n'en ferai pas collection et me laisserai guider par les circonstances.

Au contraire, je tâcheraide ne pas manquer les romans qui aide à approfondir la condition humaine.

Leur nombre n'est pas très élevé et bien souvent sans doute, trompé par un titre ou par un compte-rendu prometteur, j'achèterai un volume où je n'ai pasgrand chose à prendre : je le rangerai sur quelque rayon lointain, réservant ceux qui sont à la portée de mes yeuxpour les oeuvres qui m'ont enrichi. CONCLUSION. - La place prise de nos jours par le roman contemporain pourrait nous faire conclure à la légèreté de l'homme d'aujourd'hui qu'on ne peut intéresser aux idées qu'en les présentant sous une forme divertissante.

Mais onpourrait aussi en tirer la conclusion contraire et dire que l'homme d'aujourd'hui doit être bien sérieux puisque lesdiscussions d'idées s'introduisent jusque dans les écrits dont la mission est de distraire.

Quant à moi, sans meprononcer pour ou contre mon temps, je prendrai mon bien là où je le trouverai, et je pense en trouver dans lesromans autant ou plus que dans beaucoup d'autres livres.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles