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Quelles conclusions peut on tirer que le temps nous est compté ?

Publié le 27/02/2005

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temps
b) Si tel est le cas, orienter sa vie en fonction de la mort, c'est-à-dire en fonction du néant, c'est manquer sa vie. Nous perdons alors notre temps à vivre pour la mort, alors que la mort n'est rien. « La mort nous parle d'une voix profonde, mais pour ne rien dire » ainsi qu'écrivait Paul Valéry. L'homme qui choisit de vivre ainsi est alors happé par le néant et s'enorgueillit de sa vanité. Lorsque nous agissons de cette façon, nous sommes alors « si imprudents que nous errons dans les temps qui ne sont pas nôtres et ne pensons point au seul qui nous appartient; et si vains, que nous songeons à ceux qui ne sont plus rien et laissons échapper sans réflexion le seul qui subsiste. » (Pascal, Pensées, pensée 172) c) Il faudrait au contraire, pour profiter du court temps de la vie, apprendre à vivre sans se focaliser sur la mort. Ainsi pourrait-on toucher la liberté en chassant la mort de ses pensées, car « l'homme libre ne pense à rien moins qu'à la mort, et sa sagesse est une méditation, non de la mort, mais de la vie. » (L'Ethique, Spinoza) Une raison que l'on trouverait dans la mort ne servirait à rien pour l'homme qui veut vivre. Il faut donc chercher la raison dans la vie elle-même. Transition : Toutefois, n'est-il pas prétentieux de croire s'élever au-delà de la pensée de la mort ?

Analyse du sujet :

 

-         Le fait que le temps nous est compté nous ramène tout d’abord à l’idée de la mort qui interrompt notre usage libre du temps.

-         Il peut en découler un questionnement sur la mort : faut-il considérer que la mort est le but de la vie, ou bien que celle-ci n’est que l’absence de vie ?

-         Faut-il avoir peur de la mort, devons-nous en faire abstraction, ou bien devons-nous nous réjouir d’elle ?

-         Cela implique également que nous n’avons pas l’éternité pour vivre, et que ce que nous n’avons pas vécu sera définitivement perdu.

-         Si le temps nous est compté, on peut donc se demander légitimement comment faire pour employer ce temps au mieux.

-         Faut-il jouir de tout et ne jamais rien remettre à demain, ou faut-il au contraire investir un certain temps à faire certaines choses pour mieux employer le reste de son temps ?

 

 

Problématisation :

Le fait que la mort vienne interrompre notre vie nous pousse à nous interroger sur le sens de cette vie : si la mort y met un terme, faut-il consacrer sa vie à attendre ce dernier moment, ou bien faut-il justement tout investir dans cette vie qui n’est là que pour un temps éphémère ? Si la vie était infinie, peut-être nous sentirions-nous plus libre, mais peut-être aussi ne prendrait-on jamais le temps de vivre, conscient que nous serions de toujours pouvoir tout remettre à plus tard. La mort donne-t-elle un sens à la vie, ou bien la rend-elle foncièrement absurde ?

 

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« Dans la Lettre à Ménécée, Épicure conduit une réflexion opposée à celle duplatonisme : elle s'en tient à un strict matérialisme.

La mort n'est pas uneévasion de l'âme, elle est un pur non-être qui ne nous concerne en rien,puisque vivants, nous appartenons à l'être.

"Tout bien et tout mal résidentdans la sensation ; or, la mort est la privation complète de cette dernière."Ensuite, sachant que notre durée de vie est limitée, nous seronsheureusement pressés de jouir raisonnablement des biens de la vie.

La penséede la mort dissipe l'angoisse d'une vie illimitée, en laquelle nous aurions àchoisir et agir en vue de l'éternité.

Pour l'existence humaine, l'éternel n'estjamais en jeu : il n'y a rien de si grave qui mérite un souci sans limites.

Deplus, les dieux immortels, qui jouissent d'une béatitude infinie, ne se soucientpas des affaires humaines.

Si la mort n'est rien pour nous, nous ne sommes,mortels, rien pour les dieux : leur jugement n'est pas à craindre.

Il ne fautdonc se soucier ni de la mort elle-même, ni de l'attente de son heure.

Unechose absente ne peut nous troubler, et quand la mort advient, c'est quedéjà nous ne sommes plus là pour en souffrir.

L'homme ne rencontre jamais sapropre mort, et le "passage" est aussi irréel et inconsistant que l'instantprésent qui sépare le passé du futur.

La mort n'est rien, comme le pur instantprésent, sans passé ni avenir : "La mort n'a par conséquent aucun rapportavec les vivants, ni avec les morts, étant donné qu'elle n'est rien pour lespremiers, et que les derniers ne sont plus." La mort ne doit être pensée nicomme un mal, ni comme une délivrance.

Si ne pas exister n'est pas un mal, la vie comporte des joies qui peuvent être très agréables.

Vivre sagement, ce n'est pas chercher à jouir le pluslongtemps possible, mais le plus agréablement qu'il se peut. La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : lacrainte de la mort.

Les hommes ont peur de la mort.

Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dansl'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles neleur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple, imagineront quequiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.

La peur de la mort apartie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.

De plus, si tout dansl'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes,lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps quise décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être nesurvit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée,la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégatd'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il fautpenser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation,de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus detemps à commencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation :« Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, etque la mort est absence de sensation.

»En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source detoute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal,puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d'Epicure comme unsensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, il ne peuty avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la penséeindividuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mortn'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

»Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais que c'estici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dans la vie estune affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste. b) Si tel est le cas, orienter sa vie en fonction de la mort, c'est-à-dire en fonction du néant, c'est manquer sa vie.Nous perdons alors notre temps à vivre pour la mort, alors que la mort n'est rien.

« La mort nous parle d'une voixprofonde, mais pour ne rien dire » ainsi qu'écrivait Paul Valéry.

L'homme qui choisit de vivre ainsi est alors happé parle néant et s'enorgueillit de sa vanité.

Lorsque nous agissons de cette façon, nous sommes alors « si imprudents quenous errons dans les temps qui ne sont pas nôtres et ne pensons point au seul qui nous appartient; et si vains, quenous songeons à ceux qui ne sont plus rien et laissons échapper sans réflexion le seul qui subsiste.

» (Pascal,Pensées, pensée 172) c) Il faudrait au contraire, pour profiter du court temps de la vie, apprendre à vivre sans se focaliser sur la mort.Ainsi pourrait-on toucher la liberté en chassant la mort de ses pensées, car « l'homme libre ne pense à rien moinsqu'à la mort, et sa sagesse est une méditation, non de la mort, mais de la vie.

» ( L'Ethique , Spinoza) Une raison que l'on trouverait dans la mort ne servirait à rien pour l'homme qui veut vivre.

Il faut donc chercher la raison dans la vieelle-même.. »

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