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Quelles réflexions vous suggèrent ces deux affirmations de Zola : « Si vous me demandez ce que je viens faire en ce monde, moi artiste, je vous répondrai : je viens vivre tout haut. ». « Ma définition de l'oeuvre d'art serait, si je la formulais : une oeuvre d'art est un coin de la création vu à travers un tempérament. » ?

Publié le 02/04/2009

Extrait du document

zola

On a récemment exhumé les œuvres et les papiers intimes d'Emile Zola. On a discrètement fêté le cinquantenaire de sa mort. Certains contemporains ont évoqué le souvenir de sa noble figure ; de très jeunes écrivains ont nié son influence. On ne lit plus guère Zola dans les petites chapelles littéraires. Mais un simple coup d'oeil sur les rayons des bibliothèques municipales ou sur les dos usés des volumes d'Université Populaire suffît à nous renseigner sur sa véritable audience. Zola est le plus lu des romanciers du début de ce siècle. Avec Maupassant, Daudet et Flaubert, mais sans craindre de remonter à Balzac, il est de ceux qui ont fait le plus pour le Roman Français. L'éclipsé dont il est l'innocente victime ne saurait empêcher de le considérer à sa juste place, qui se trouve quelque part entre le Napoléon des Lettres et le Patriarche de Ferney : la belle défense de l'auteur de J'accuse, comparée à l'indifférence de Balzac devant les journées de 48 ou l' « incompréhension apeurée « de Flaubert en face de la Commune, voilà qui situe bien, pour parler comme l'auteur, la grandeur réelle d'Emile Zola.

On a fêté récemment le centenaire de la naissance de Paul Bourget. Ces deux morts en présence, ces deux noms jetés l'un contre l'autre font jaillir la vérité dans une projection de critique impartiale. La comparaison est écrasante pour Bourget : l'un a créé un genre de mort-né, celui de la littérature à thèse. L'autre a été le premier romancier contemporain à créer le genre de la littérature engagée, au sens le plus plein du terme. Le plus grand mérite de Zola aura peut-être été le courage, au sens le plus pur du mot. Zola a pratiqué la générosité. Aussi est-il encore et sera-t-il toujours une des plus sûres valeurs de notre littérature.

(N.-B. -. L'introduction doit porter sur l'actualité plus ou moins brûlante de Zola. On peut soif le défendre, soit le charger, au gré de son sentiment personnel. La difficulté de ce très beau sujet réside avant tout dans la disparité des deux thèmes apparemment différents. Le commentaire de l'un et l'autre peut servir de cadre aux deux premières parties. Une troisième partie appréciative complétera le tryptique, suivant le schéma traditionnel).

zola

« 1.

Insister sur la célébrité de la formule, qui fait partie du florilège des mots les plus célèbres.

Il est extrait de sontraité d'esthétique : Mes Haines, Paris, 1866, p.

229.

Rattacher cet aphorisme aux idées de Sainte-Beuve et deTaine, aux éléments de la doctrine naturaliste.

Cf.

notamment des ouvrages comme son Roman Expérimental (1880),son Naturalisme au Théâtre (1881) ou ses Romanciers Naturalistes (même date).

C'est comme un manifeste du partinaturaliste : Zola part du déterminisme universel, et fonde son roman sur l'observation des « faits » de la nature, surl'expérimentation sociale, sur des lois, sur des enquêtes et sur des statistiques.

Voir aussi la préface de ThérèseRaquin, ou les nombreux textes où Emile Zola se prend tout bonnement pour le Claude Bernard des Lettres.

LeRoman doit être « l'étude des tempéraments et des modifications profondes de l'organisme sous la pression desmilieux et des circonstances ». 2.

Appliquer à Zola cette vision de la création par le tempérament : penser ici au côté populaire de Zola, non parhérédité, précisément, mais par goût pour le Peuple.

Jules Lemaître appelait ses Rougon « une épopée pessimiste dela nature humaine ».

Il y a dans le tempérament de Zola un pessimisme foncier, fondé sur la société bourgeoise etsur la lutte des classes — joint à un immense espoir en l'avenir de la science.

Zola est un travailleur, et comme tel ila été d'un optimisme créateur, productif.

Faire porter l'analyse sur l'idée de tempérament, en montrant commentZola y voit surtout le milieu ou la race, plus que le caractère au sens psychologique.

C'est l'individualité organiquequi l'intéresse.

Voir aussi l'idée de création, au sens le moins religieux du terme.

C'est un républicain, anticlérical,radical et idéaliste dans la tradition des Ferry, des Jaurès, des Herriot : « La République sera naturaliste, ou ne serapas », dit-il en 1875.

Thibaudet ajoute : « Chez lui le naturalisme a été républicain et a été.

» Montrer comment l'œuvre d'art ne saurait venir ex nihilo pas plus qu'elle ne pourrait changer de date de naissance.L'œuvre est de son temps.

Nulle plus que celle de Zola n'a été marquée par son époque.

Elle porte sa date.

C'estpourquoi, d'ailleurs, elle date si fâcheusement. 3.

Rappelons-nous qu'il s'agit surtout de réflexions et non d'une Dissertation serrée ; elles doivent vous êtresuggérées.

Qu'elles soient donc suggestives.

Faites des rapprochements ; pensez à D.

H.

Lawrence, pensez àDarwin, pensez à Ernest Renan, soyez brillant sur ce thème si séduisant de l'Art pour l'Art contre l'Art engagé. III.

- REMARQUES CRITIQUES Voici une formule qui pourrait servir de thème à une méditation sur la vie, sur la nature et le tempérament : « En1900, écrit Gide dans sa Préface à la deuxième édition des Nourritures, la littérature sentait furieusement le facticeet le renfermé.

Il paraissait urgent de la faire à nouveau toucher terre et poser simplement sur le sol un pied nu.

»Or, 1900, marque le point culminant — ou tout au moins l'apogée mûrissante — de ce naturalisme dont Zola est lereprésentant le plus autorisé.

Qu'est-ce à dire, sinon que la Littérature naturaliste n'a jamais rien eu de naturel.

Cethomme qui vient haranguer les foules, cet écrivain dans la mêlée, ces romans-fleuves et cette atmosphèreempuantie, ces exagérations des vices des classes bourgeoise, paysanne et ouvrière — tout cela paraît exagéré,excessif, inexact.

Il y a là un poncif, le poncif de la littérature noire, ou grise — mais d'un gris sale et boueux.

Onsait comment dès 1885, cinq naturalistes dégrisés devaient opposer au maître un manifeste contre la « littératureputride ».

On a pu protester aussi contre la « pièce mufle » du Théâtre Libre.

Il y a autant de facticité dansl'outrance réaliste que dans l'idéalisation ; ce qui manque à cette littérature savante et pseudo-scietifique, c'est lasimplicité.

Disons même plus : la pureté. D'où la grande divergence qui oppose terme à terme la littérature à la Zola (exagérée dans le Roman Populiste,continuée par les Céline) et la pure tradition classique des récits de Gide ou de Saint-Exupéry. Pourtant, on pourrait rechercher dans Climats de Maurois ou dans Jean Barois de Roger Martin du Gard une sorte dequintessence de Zola.

Mais ici il s'agit plutôt de réflexions personnelles et chacun peut reprendre comme il l'entend,ou plutôt comme il le sent, ce texte de Zola. CONCLUSION Même si la position de Zola était fausse, il resterait grand par l'ampleur de ses fautes : son porte-à-faux esttitanesque.

C'est un très grand créateur, c'est un tempérament de première force.

S'il fallait en un mot caractériserces deux phrases, on pourrait dire qu'il en ressort une impression de puissance.

On pourrait terminer cette esquisseen rapprochant à propos de cette année 1885 (date de Germinal et de la mort de Hugo) les deux noms les plus fortsparmi les héros du siècle dernier.

Tous deux méritaient ce mot cruel et flatteur de M.

Schlumberger parlant del'auteur de la Légende des Siècles : « Ce grand Niagara verbal...

» .. »

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