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Quelles sont les raisons qui poussent l'homme à travailler ?

Publié le 27/02/2008

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   L'opposition entre le travail et l'oeuvre suggère que le travail a pour fonction principale la reproduction de la « vie biologique » : il servirait à satisfaire les besoins utiles à la vie (se nourrir, se vêtir, se loger...). A cause de cette finalité « vitale », le travail ferait du travailleur celui qui reste attaché à la sphère animale de son existence. C'est en ce sens que Arendt oppose le travail, rivé aux besoins, dont les produits sont faits pour être consommés, donc pour ne pas durer, à l'oeuvre (l'ouvrage de l'artisan et la création de l'artiste), plus spirituelle et donc plus humaine. Pourtant, dans bien des cas, les produits du travail semblent ne pas répondre à des besoins vitaux. Il faut ici d'abord s'interroger sur la légitimité des besoins que le travail permet de satisfaire. Les critiques adressées aux sociétés de consommation font de cette idée un leitmotiv : les besoins ne cessent de croître et il faut toujours travailler davantage pour les satisfaire, mais ces besoins sont « artificiels ». Déjà Rousseau voyait dans la multiplication des besoins une perversion de l'humanité, déplorant que les hommes soient incapables de se satisfaire d'une vie simple et frugale. Les besoins naturels sont alors opposés aux besoins artificiels. « Naturel » est assimilé à « vital » et à « nécessaire », l' « artificiel » est dénoncé comme « superflu ». Et tout travail non limité à la satisfaction des besoins naturels tombe sous cette dénonciation : production d'objets inutiles, il serait le fait d'une humanité entraînée dans la spirale sans fin des besoins superflus et réduite à la seule dimension laborieuse de son existence, parce que condamnée à produire toujours plus pour consommer davantage.

« II ) Le travail comme activité humaine, appartenant à l'essence même de l'homme o Le travail comme activité non pas utile mais bonne en elle-même : point de vue moral Il s'agit alors de réfléchir à une conception du travail comme activité noble non pas par sa production derichesses mais en elle-même, pour ce qu'elle est.

L'idée est simple: si l'homme travaille, ce n'est pour rien deconcret, de palpable.

Il faut trouver une justification à cette activité qui ne soit ni naturelle ni économique ou vitale(soit bassement matérielle).

La première justification au travail est donc d'ordre moral.

Comme on l'a dit, souvent,les raisons du travail ne font plus question pour l'individu: très tôt, on impose à l'enfant de choisir une orientation("qu'est-ce que tu veux faire plus tard?").

Tout le monde travaille, c'est aussi simple que cela.

Le travail est en cesens une norme sociale, ce qui explique la marginalisation des chômeurs, des SDF...de tous ceux qui n'ont pas su seconstituer une identité autour du travail.

Alors pourquoi travailler? Ou plutôt, dans la perspective kantienne: pourquoi travailler? La réponse kantienne: pour rien.

Pour travailler.

Le travail est bon en lui - même, il est sa propre fin.Le travail est un acte purement moral, dénué de tout autre intérêt que lui - même, qui ne doit être poursuivi pourrien d'autre que lui- même.

Le fait même d'imaginer que travailler pourrait peut-être apporter un quelconque plaisirau travailleur transforme l'acte purement moral en acte conforme à la morale, ce qui est très différent.

Le but est defaire fi de toute démarche utilitariste par rapport au travail et d'accepter celui - ci comme une exigence morale.Toutefois, on peut douter du fait qu'en travaillant, l'ouvrier se répète "Je suis moral car je travaille".

S'il travaille ense disant seulement qu'il le faut, c'est déjà qu'il a conscience de l'exigence, ce qui est rarement le cas.

Autrementdit, la justification morale du travail est complétée par une seconde justification.

o La justification religieuse du travail Cette seconde justification est religieuse.

Elle contribue a convaincre 'homme qu'il doit travailler pour poursuivre un seul but: obéir à Dieu.

C'est l'idée exposée par Max Weber dans L'Ethique protestante et l'Esprit du capitalisme .

Tout homme doit travailler car Dieu le veut.

Travailler c'est donc répondre à une exigence divine. L'exigence morale inconsciente (qui doit rester inconsciente pour être totalement morale) devient ici une exigencereligieuse consciente.

Le métier est une vocation ("calling") que Dieu indique à l'individu.

Et si celui-ci travaille celan'est pas pour l'argent ni pour profiter du fruit de son labeur: la religion protestante prône la prévoyance etl'épargne.

On voit donc que les raisons du travail ne sont pas économiques.

On retrouve la même idée d'un travailqui ne servirait pas à satisfaire des besoins, ni nécessaires, ni superflus, dans le christianisme, qui est marquée parl'idée de souffrance.

Entre autre, les moines doivent travailler tous le jours afin de chasser de leur esprit le vice.Dans la religion protestante il y a déconnexion entre la satisfaction des besoins et le travail: même les plus aisés quin'ont pas besoin de travailler pour vivre doivent travailler car le commandement divin concerne tout le monde.

Dansle catholicisme, l'idée qui se détache est donc que travailler c'est purger une peine, une faute; le travail est punitionà laquelle on est contraint.

La religion persuade, enfin, que travailler c'est porter le signe de la grâce.

Autrement dit,peu importe le travail, peu importe qui il enrichit (et Max Weber développe l'idée de la naissance d'un éthosbourgeois): il faut travailler car c'est un commandement divin. o Mais le travail peut-il n'être qu'une succession d'activité dans lesquelles l'homme netrouverait aucun intérêt ? On voit cependant la limite d'une telle conception du travail, aveuglant le travailleur par sa justificationthéologique.

Selon Hannah Arendt, il ne peut y avoir de travail qui ne serait que du travail.

Hannah Arendt s'estintéressée au travail dans les camps nazis, qui forçait l'homme à un travail insensé, gratuit, abrutissant et répétitif.Le seul but était devenu la survie.

L'homme était ramené à l'état de bête.

Or, même sous couvert d'un idéal quelqu'il soit, on ne peut pas demander à un homme de travailler sans but, sans savoir à quoi cela servira.

Nietzschecritique de la même façon l'Eglise: la religion abrutit l'homme et l'affaiblit, le discipline, brise son originalité.

De même,les universités allemandes font accepter à l'homme un travail ennuyeux et pénible.

Nietzsche critique donc uneforme de normalisation appauvrissante du travail de l'homme par les différentes formes de pouvoir (l'Eglise, l'Ecole).Dans une même perspective, Foucault, dans Surveiller et Punir - Travail et Prison, analyse l'action de dressage exercée par le pouvoir économique dans l'entreprise.

Autrement dit, contrairement à ce que préconisent desidéologies diverses, le travail devrait ne pas scléroser mais apporter à l'homme la possibilité d'exprimer son "élanvital", ou "penchant dionysiaque", qui sont ambition, motivation, invention, imagination, profusion...L'enjeu est doncde voir pourquoi un travail intéressant et formateur vaut mieux qu'un travail ennuyeux.

III ) L'homme travaille parce qu'il y trouve l'occasion de s'améliorer o Le travail comme effort pousse l'homme à se dépasser On commence à entrevoir la portée véritable de cette interrogation sur les raisons qui poussent l'homme àtravailler.

Cette question est d'ailleurs au coeur même du contexte professionnel et économique actuel, qui participeà la remise en cause de la véritable valeur du travail.

Le contexte actuel est en effet celui d'une insatisfactiondevant le travail tel qu'il est: souvent nécessaire mais pénible et inintéressant.

C'est un travail qu'on accepte. »

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