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Qu'est ce que la philosophie des sciences ?

Publié le 22/02/2012

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Si, comme le faisait remarquer Kant, rien ne doit échapper à la critique, cela vaut en particulier pour « la science ». Car il s'agit bien de constituer une critique quand un terme se présente sans qu'il soit possible de lui conférer une légitimité à l'intérieur d'un domaine où il serait susceptible de former un concept distinct. Or, pour reprendre de façon abrupte la critique formulée par Louis Althusser, dans le contexte d'un Cours de philosophie pour scientifiques. (Thèse n° 26) : L'expression « la » science n'est pas une catégorie philosophique, ni un concept scientifique, mais une notion idéologique […] L'objet qu'elle désigne n'existe pas : « la science » n'existe pas » (Ecrits philosophiques et politiques, Le Livre de poche, 2001, t. II, p. 306). A voir ! Certes, on ne saurait constituer d'emblée un droit pour « la science » dans la philosophie : il faudrait que l'on accepte le  faux régime d'équivalence entre l'acception contemporaine du terme et les usages philosophiques qui en sont fait ; ou il faudrait que l'on situe la borne intérieure du discours philosophique sur la science au milieu du XIXe siècle, quand celui-ci commence à se faire proprement épistémologique. Car, pour la philosophie, qui se présente au premier abord comme une région d'origine, « la science », c'est, de Platon à Husserl et malgré Auguste Comte, la science philosophique, c'est-à-dire la philosophie comme science ; et par contrecoup seulement, le concept des sciences effectivement pratiquées, en tant que celles-ci sont mesurées encore à une science philosophique première et fondatrice. En ce sens, « la science » est source d'un conflit d'attribution entre deux domaines, celui de la philosophie et celui de la science. Mais un conflit d'attribution suppose encore des domaines de légitimité séparables et identifiables. Or, pour les sciences, la science existe-t-elle ? Dans l'espace des ses pratiques, « la science » vaut-elle autrement que distributivement ? Comme une notion classificatoire ne saurait être par elle-même législatrice, « la science » ne serait alors que la dénomination commune de champs disciplinaires distincts, plutôt qu'un concept définitoire pour un domaine.
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« s'exercer ici même : elle en décide rétrospectivement de la valeur.

Quant à l'ordre logique des conditions, ilcommande d'abord de départager les prétendants, parmi les discours non autorisés comme parmi les discoursautorisés, l'épistémologie par exemple.

Puis de vérifier à partir de ce lieu mieux défini du discours, la résistance deson objet, la science, à des partitions plus fines.

De ce dernier mouvement dépend en retour la possibilité de formerun concept légitime de la science. A l'égard de cette nouvelle question de légitimité des discours, la science, comme théorie, forme elle-mêmeun premier pli.

D'où une première dénivelée, de type épistémologique, entre le régime de discours de la science, quedéfinit une théorie, et le régime de discours sur la science, à la valeur épistémologique problématique.

Une théoriede la science est-elle possible ? A défaut, un partage disciplinaire donné permet-il d'identifier la science comme« objet » distinct et irréductible, ou faut-il déplacer ici des contours disciplinaires apparemment stables etlégitimes ? La philosophie est-elle alors à même de pratiquer cette distribution topique des disciplines, relativement àla science, la situation des thèmes et des niveaux relatifs de chacune, sans rester pris au piège de sa propredistribution : se conjuguant avec la science de telle sorte qu'elle ne sache ni se rapporter à elle, ni inversement s'endistinguer ? En l'absence de réponse, il faudra se résoudre à abandonner la science, comme corps démembré, à unepluralité de pratiques, rapportées à des contrôles épistémologiques internes, ou la livrer à des épistémologieslocales, sans surface de recoupement, allant, selon le degré décroissant de généralité, des sciences à leurs sous-ensembles, par exemple l'Analyse et l'Algèbre pour les Mathématiques, jusqu'à la pluralité ouverte des objets, desinventions, des instrumentations qui peuvent fournir la matière de monographies spécialisées. Résoudre le problème par la voie critique des conditions d'un discours sur la science semble constituertoutefois le meilleur moyen de le contourner.

Rabattre l'examen de la science sur des conditions que l'on trouveraitphilosophiquement toutes prêtes dans le sujet parlant, en faisant l'économie d'une entrée dans la texture même desénoncés scientifiques, n'est-ce pas manquer la science à cause de la réflexion philosophique ? Au caractère réflexifde faire la preuve que les discours de seconde intention, pour ne pas porter directement sur des objets, n'endéfinissent pas moins des significations précises. Conditions élémentaires de légitimité des discours sur la science Identifier dans l'architecture des disciplines, celle qui prétendrait avoir la science pour objet, ce seraitpartir du fait dont il s'agit précisément d'établir la légitimité.

Faudra-t-il accréditer le découpage fonctionnel desdisciplines existantes, le partage des grands types de discours, philosophie, histoire et science, ou encore leurdivision en formes ou genres, épistémologie, histoire des sciences, alors qu'il s'agit d'élaborer, de façon critique, lesconditions de possibilité d'un discours sur la science ? En ce sens, à un parcours matériel des discours déjàconstitués, il faudra substituer un premier parcours d'allure formelle et programmatique.

Car si la description et lacorrection des discours dépendent en premier lieu des unités que ceux-ci composent, suivant des règles deformation et de fonctionnement définies, par exemple le discours de la science repose sur l'unité de la propositionsusceptible d'être vraie ou fausse, alors l'ordre logique commande de rechercher les critères de correction d'undiscours sur la science à ce niveau élémentaire et encore formel. Soit donc une partition des expressions susceptibles de composer un discours sur la science.

En prenantcelle-ci pour terme de référence, on peut distinguer le type logique de la proposition, qui compose en effet lediscours de la science, et le type grammatical de la phrase.

Or, les propositions, e n vertu des caractéristiquespropres à l'écriture de la science, sont susceptibles d'engendrer le type discursif du plus haut degré de légitimité :en l'occurrence une théorie de la science, au sens précis où des propositions, celles de la théorie, prendraient d'autres propositions, celles de la science, pour objet.

Pourtant, est-ce alors une formation discursive correctequ'une théorie de la science, quant une théorie doit référer, selon u ne répartition classique, à des domainesd'objets, des champs de phénomènes, ou des classes de lois, plutôt qu'aux propositions qui en sont les expressionssymboliques ? Quand un critère de correction peut être ici relevé dans l'élément logique, qu'en est-il de l'élémentgrammatical ? La division proposée semble produire ici un élément résiduel, sans pertinence propre quant à lascience. Savoir si l'on peut parler de la science, cela pourrait plutôt être adressé, au premier degré, à l'examen desconditions empiriques de communication : c'est-à-dire à l'unité de discours que propose une pragmatique.

L'acteperformatif constitue sans doute une clause épistémologique attendue dans l'examen des discours sur la science,dès l'instant qu'un énoncé scientifique devient public.

Mais ce sont les contextes d'énonciation qui décident de laformation d'un sens.

Ils débordent la typologie des actes performatifs qui doit en retour leur être adressée : ilspeuvent alors manifester des composantes inaperçues dans la formation des discours, telle composanteinstitutionnelle par exemple, susceptibles d'en instruire l'examen de légitimité.

Mais, ils sont eux-mêmes débordés parl'ensemble des clauses qui déterminent, selon des coordonnées multiples, le système des conditions de la formationdes discours en général et la nouvelle unité de discours corrélative, que Foucault a nommé, par distinction de la. »

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