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Qu'est-ce que "prendre conscience" ?

Publié le 17/01/2022

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La véritable prise de conscience n'est-elle pas celle d'un sujet tentant de recréer, de reconstruire une unité disloquée par les forces déliantes du "ça" ? *** (cf. "Là où "ça" était, "je" dois devenir") Introduction Quelqu'un d'"inconscient" se voit reprocher son manque de responsabilité, l'inconscience apparaissant alors comme un défaut moral. Cependant, n'est-il pas nécessaire qu'une partie de notre vie soit inconsciente, de sorte que l'inconscience ne relève pas d'une liberté déficiente, mais d'une irréductibilité essentielle ? L'inconscience reviendrait alors å une forme d'ignorance. Notre question serait alors : pouvons-nous déterminer dans quelle mesure cette ignorance est légitime ou réductible, afin de pouvoir décider si l'inconscience peut parfois relever de notre responsabilité personnelle ? I Nécessité naturelle de la concience : Freud et Husserl -Freud : la conscience est une simple réalité physiologique (corps) et psychique (esprit). Son émergence est liée à la structure topique du psychisme humain, que Freud décrit comme organisée autour de trois grandes strates : l'inconscient, le pré-conscient et le conscient (première topique, L'Interprétation des rêves). Le conscient, et la prise de conscience qui le manifeste, proviennent de la nécessité d'une liaison formée de l'énergie libre psychique de l'inconscient, alimentée par les excitations du système nerveux. Impossible alors de concevoir une quelconque responsabilité de notre inconscience : l'homme n'est pas libre de prendre conscience, ce phénomène est naturellement déterminé.

Analyse :

D’après le Vocabulaire critique et technique de la philosophie, la conscience est l’intuition qu’a l’esprit de ses états et de ses actes. Cette définition conçoit la prise de conscience comme l’accès à des contenus de conscience. Il peut s’agir de perceptions, d’émotions, d’idées, de volontés. Or tous ces contenus sont intentionnels au sens où ils renvoient à quelque chose. Je perçois, j’imagine, j’éprouve, je conçois, je veux toujours quelque chose.

•Pour que nous ayons accès à des contenus de conscience, deux actes sont présupposés. D’abord, les expériences hétérogènes comme les perceptions, émotions, pensées, volontés doivent être mises en rapport avec une unité permanente et autonome nommée « je «. Sans cette capacité de référer à l’unité d’un moi, je ne pourrais avoir accès à mes contenus de conscience. Il ne pourrait être question de ma prise de conscience.

•En plus de l’unité d’un moi, la prise de conscience suppose que sa référence à un « quelque chose « soit organisée. Si je ne pouvais distinguer les émotions qui sont en moi et les perceptions qui renvoient à un réel hors de moi, je serais dans la confusion maladive et la folie. Il y a donc, dans la prise de conscience, un effort pour confronter son contenu de conscience à une réalité objective.

•On voit que l’analyse de la prise de conscience implique une intentionnalité, une synthèse et une volonté de cohérence avec la réalité. Implicitement, prendre conscience, c’est prendre conscience de ce qui est. Il y a donc un lien entre la prise de conscience et l’exigence de vérité.

 

Quelqu’un d’”inconscient” se voit reprocher son manque de responsabilité, l’inconscience apparaissant alors comme un défaut moral. Cependant, n’est-il pas nécessaire qu’une partie de notre vie soit inconsciente, de sorte que l’inconscience ne relève pas d’une liberté déficiente, mais d’une irréductibilité essentielle ? L’inconscience reviendrait alors å une forme d’ignorance. Notre question serait alors : pouvons-nous déterminer dans quelle mesure cette ignorance est légitime ou réductible, afin de pouvoir décider si l’inconscience peut parfois relever de notre responsabilité personnelle ?

« comme son ombre quand il pense lui échapper.

Il peut sans doute par des plaisirs ou des distractionss'étourdir ou s'endormir, mais il ne saurait éviter parfois de revenir à soi ou de se réveiller, dès lors qu'il enperçoit la voix terrible.

Il est bien possible à l'homme de tomber dans la plus extrême abjection (1) où il nese soucie plus de cette voix, mais il ne peut jamais éviter de l' entendre .

KANT. (1) abjection : bassesse morale. Dans ce texte, Kant énonce un constat, celui qu'il appelle ailleurs le "fait de la raison".

Ce constat est celui de laprésence en tout homme sans exception de la "conscience morale", qui n'est autre en réalité, que la rationalité dansson usage pratique. Tout homme étant essentiellement un être de raison, aucun homme n'est "étranger" à l'injonction morale et à sonexigence d'universalité (impératif catégorique). Mais dans la suite du texte, Kant prévient l'objection qui pourrait être faite à ce constat : l'homme manifeste sanscesse son égoïsme radical. Comment croire alors que tout homme connaisse les injonctions de la raison pratique (morale) ? Kant souligne quel'on peut à la fois connaître son devoir, et y rester sourd ou ne pas s'en soucier. Mais il estime également que cette "négligence morale" ne peut avoir lieu que dans l'inquiétude et l'oubli de soi. III L'inconscience comme lieu même de responsabilité : Spinoza et Nietzsche -Spinoza : je suis responsable de mon inconscience dans la mesure où latâche de la conscience est de mettre à jour mes déterminationsinconscientes ( Ethique ).

Lå où Kant attribuait une irresponsabilité fondamentale å l'inconscience, la responsabiité ne revenant positivement qu'åla liberté de la conscience, Spinoza ne croit pas en cette derniére.

La seuleresponsabilité est la connaissance de l'inconscience et de son action dedétermination : lutter contre l'inconscience est donc la forme même deresponsabilité.

Je peux donc être responsable de mon inconscience, si je nelutte pas contre elle. -Nietzsche pense aussi que l'on est responsable de son inconscience, maisnon plus au sens d'une faute de conscience, d'un manquement au devoir deconnaissance.

Pour Nietzsche, la conscience est une illusion, et ne peutfonder une réelle responsabilité.

La seule responsabilité positive est celle quis'émancipe de la conscience, provenant de l'inconscience comme affirmationde ma puissance de vie.

Donc non seulement suis-je responsable de moninconscience, mais c'est l'inconscience même qui peut me rendre pleinementresponsable. Conclusion -Pensée dans sa nécessité naturelle, l'inconscience ne peut faire l'objet d'aucune responsabilité. -Partant de ce donné irréductible, l'inconcience ne paraît susceptible que d'une responsabilité négative, celle ne pasentraver le devoir responsable positif de la conscience. -Mais si ce devoir positif est remis en cause, alors la responsabilité de l'inconscient devient plus importante ; defaçon toujours négative, car la seule responsabilité possible est la lutte contre l'irresponsabilité de l'inconscience, oude manière positive, en renonçant å la conception de la responsabilité comme liberté, et en pensant l'inconsciencecomme responsable de l'affirmation de notre puissance de vie.. »

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