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Qu'est ce qu'être amoureux ?

Publié le 26/02/2005

Extrait du document

Il nous faut donc aller plus loin en cherchant au niveau du seul élément de l'analyse que nous n'avons pas rappelé ici: tomber au sens d'être par terre. Certes, on compare bien avec la situation dite normale où on est debout, et la différence est flagrante. Mais de quel point de vue? Une simple question d'habitude? - au sens où plutôt habituellement par terre, ce serait être debout qui surprendrait -, ou, en réalité, une question de norme? Être vivant et doué de raison, l'homme doit-il «tomber» amoureux? Le verbe a aussi le nom - la tombe - qui évoque, outre l'immobilité de l'inerte contraire à ce que doit être le vivant, le silence de la terre, le «bas» auquel, cette fois, une pesanteur incontournable et décisive nous rive. Or en effet, non seulement le sentiment amoureux nous rend muet ou bafouillant, mais aussi sourd à tout ce qui reste sans rapport avec notre amour. Comme «tétanisé» et en porte à faux avec son environnement, le sujet amoureux semble subitement inadapté, ne correspondant plus guère aux critères types du vivant alerte, souple et dynamique. Déjà «comme» en dessous du vivant type, l'amoureux est aussi et surtout «tombé» en dessous de ce qui fait la référence de l'humain type : sans parole ou presque, sans maîtrise de ses sentiments envahissant et gouvernant toute pensée, le voilà dépourvu de raison, dans l'animalité ou l'infantilisme affectif de ses élans à l'état brut.

« que tomber amoureux est fixé dans l'instant, on ne tombe pas amoureux dans la continuité.

Ainsi on peut donctomber amoureux et ensuite aimer mais pas l'inverse.

Tomber amoureux à l'instar de la métaphore du choc du coupde foudre est donc une modification des sentiments qui se fait à l'insu de l'individu, il s‘inscrit dans le moment.

PourAlberoni, « sa nature réside justement dans le fait de n'être ni un désir, ni un caprice personnel, mais un mouvementporteur d'un projet et créateur d'institutions.

Tous les mouvements collectifs séparent ce qui était uni et unissent ce qui était séparé.

» Le fou, l'amoureux et le poète sont tous faits d'imagination.

William Shakespeare, Ce qu'on n'a pas, ce qu'on n'est pas, ce dont on manque, voilà les objets de l'amour.

Platon "Le sage se contente de lui." Sénèque Elle court, "des pas emportés de l'amour" vers l'objet de son amour.

Mais qu'est-ce qui la fait courir? Shakespeare Sénèque, Lettre à Lucilius 1.

Analyse des termes Expression bien ordinaire dont on ne voit guère ce qu'il y aurait à en dire, puisque, d'emblée, chacun la saisit entoute clarté! Pourtant...

tentons l'expérience en procédant minutieusement à son analyse, notant même au passagecomment opère la réflexion.L'expression comporte deux mots.

S'il n'est pas difficile de voir que le second renvoie à l'amour – et là, assurément,la tentation est forte de «démarrer» sur tout ce qu'on aurait à dire à ce propos! –, en revanche, que dire d'un motsi commun que «tomber»?Va-t-il nous falloir être «inspiré» ou faire semblant de ne pas avoir vu le mot et nous concentrer ainsi à loisir surl'amour? Ni l'un ni l'autre.

Affrontons le mot.

Quel (s) sens suggère-t-il? Pour plus de facilité, «se passer le film»mentalement de quelqu'un qui tombe, et noter les idées correspondantes, tout en gardant quelque liberté pour nepas se laisser « enfermer dans le film».D'abord, dans le fait de tomber, c'est la soudaineté qui peut frapper.

Toutefois, parce que c'est «soudain», est-cepour autant inattendu? – Recherche d'équivalences pour mieux démêler les idées – Il ne le semble pas: quelquechose peut être soudain tout en étant attendu.

On peut même s'y préparer, mais dans ce cas, il est vrai, pour unechute, on dira plutôt «sauter» dans le vide, en parachute, «à l'élastique », par la fenêtre...

Ce peut être attenduaussi pour l'enfant ou le malade qui vacillent, tout en gardant le mot, cette fois.Il faut donc convenir que la soudaineté est un caractère intéressant mais non suffisant: qu'y a-t-il de plus? Sansdoute, un changement brusque de position auquel on ne s'attendait pas; de debout, on passe à couché sur le côté,le dos, ou à plat ventre : en fait, un peu n'importe comment, et non dans une position «travaillée».

On peut même –objection affinant la recherche – tomber alors qu'on était assis ou couché.Dès lors, à la lumière de tout ce qui précède, deux idées supplémentaires s'imposent : celle de ne pas «l'avoir faitexprès» – caractère donc involontaire – et celle d'être par terre, non seulement en position basse où la lourdeur dela pesanteur me tient figé, mais surtout à «mordre la poussière», mêlé à elle sans m'en distinguer.

On le voit, cedernier élément semble directement mettre en question la noblesse même de l'homme : la station debout, positionde maîtrise et de domination...

de soi et du reste ! Voyons maintenant comment fonctionne l'expression entière «tomber amoureux» en utilisant et complétant lestrois caractères repérés.Ainsi, nous pouvons déjà considérer que l'expression familière «tomber amoureux» caractérise, sans en avoir l'air, lesentiment amoureux comme soudain et totalement involontaire – on n'est pas amoureux sur commande! –, à quois'ajoute ce caractère imprévisible: pas plus que je n'ai pu éviter cette mauvaise pierre du chemin qui m'a fait tomberà laquelle je ne m'attendais pas, pas plus ne me serais-je attendu à tomber amoureux de cette personne! – Notonsici le «pas pu» employé: fournit-il une idée de plus ou est-il synonyme d'imprévisible?Pour le savoir, remplaçons-le par son équivalent plus explicite : impossible.

Poursuivons alors la réflexion commesuit...

Et pas plus ne pouvais-je, semble-t-il, éviter ce sentiment : impossible d'y échapper! De quel ordre ici estcette sorte de nécessité? Est-elle simplement une synthèse des caractères retenus? En tous, à l'aspectimprévisible, involontaire et inévitable s'associe assez bien l'idée de quelque chose «comme» extérieur entraînant lephénomène : le chemin, la pierre, ma chaussure? Je ne sais pas! Et tomber amoureux: pourquoi maintenant? ici? detelle personne? Je ne sais pas ! Aspect difficilement explicable que d'aucuns qualifieront de fatalité ou de destinécrit dans le ciel des dieux...

alimentant par là, la veine tragique de ce qui, traditionnellement se dénomme la. »

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