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Qu'est-ce qui différencie la notion de "République" de la notion de "démocratie" ?

Publié le 21/01/2004

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 Entre la République et la démocratie nous avons actuellement tendance à ne faire aucune différence dans la mesure où nous vivons dans une république démocratique. En ce sens, nous avons tendance à réduire l’une à l’autre ou à les confondre. Pourtant la forme même adjectivale nous indique justement qu’il existe justement une distinction. Mais laquelle ? C’est bien là l’objet de toute l’attention du sujet. La tâche semble devoir se définir alors comme une approche définitionnelle à travers laquelle il s’agira de spécifier chacune des notions de République et de démocratie avant de saisir la ligne de démarcation entre les deux. Si la République est la chose publique et que la démocratie est le pouvoir au peuple (demos-cratrein) quel lien entre les deux ?

            En ce sens s’il y a bien une différence de nature notamment au sujet de la souveraineté (1ère partie), la différence apparaît souvent atténuée voire les termes peuvent être interchangeable (2nd partie), malgré leur irréductibilité (3ème partie).

 

« despotique, il appelle alors République ce que par exemple Rousseau appelle démocratie.

Et c'est bien ce que l'onpeut voir aujourd'hui puisque que les deux termes sont associées fréquemment.

En effet, au sens moderne, unerépublique est une démocratie politique.

Comment expliquer alors cette perméabilité ? Transition : Ainsi y a-t-il une différence essentielle entre la République et la démocratie qui repose sur la distinction entre laforme de la souveraineté et l'intérêt visé (c'est-à-dire une certaine organisation du lien civil).

N'ayant pas la mêmesignification et ne portant pas sur le même objet, la République et la Démocratie ne peuvent être totalementopposées.

Pourtant comment comprendre alors l'émergence de la confusion ? II – L'origine de la confusion a) Rousseau définit la République comme : « tout Etat régi par des lois » ( Contrat social II, 6).

Plus explicitement, la République est la chose publique comme l'indique son étymologie même.

Elle est ce moi commun : l'unité de toutesles volontés, c'est-à-dire la volonté générale, non pas comme agrégat mais comme unité.

Il s'agit donc en sommed'une personne publique et c'est bien ce que Rousseau précisait déjà au Livre I, chapitre 6 : « A l'instant, au lieu de la personne particulière de chaque contractant, cet acte d'association produit un corps moral et collectif, composéd'autant de membres que l'assemblée a de voix, lequel reçoit de ce même acte son unité, son moi commun, sa vie etsa volonté.

Cette personne publique, qui se forme ainsi par l'union de toutes les autres, prenait autrefois le nom decité (a), et prend maintenant celui de république ou de corps politique,, lequel est appelé par ses membres État quand il est passif, souverain quand il est actif, puissance en le comparant à ses semblables.

À l'égard des associés, ils prennent collectivement le nom de peuple, et s'appellent en particulier citoyens, comme participant à l'autorité souveraine, et sujets, comme soumis aux lois de l'État.

Mais ces termes se confondent souvent et se prennent l'un pour l'autre; il suffit de les savoir distinguer quand ils sont employés dans toute leur précision.

» b) Or qu'est-ce que le Souverain, Rousseau le précise au chapitre suivant du Contrat social : « On voit, par cette formule, que l'acte d'association renferme un engagement réciproque du public avec les particuliers, et que chaqueindividu, contractant pour ainsi dire avec lui-même, se trouve engagé sous un double rapport: savoir, commemembre du souverain envers les particuliers, et comme membre de l'État envers le souverain.

Mais en ne peutappliquer ici la maxime du droit civil, que nul n'est tenu aux engagements pris avec lui-même; car il y a bien de ladifférence entre s'obliger envers soi ou envers un tout dont on fait partie.

Il faut remarquer encore que ladélibération publique, qui peut obliger tous les sujets envers le souverain, à cause des deux différents rapports souslesquels chacun d'eux est envisagé, ne peut, par la raison contraire, obliger le souverain envers lui-même et que,par conséquent, il est contre la nature du corps politique que le souverain s'impose une Ici qu'il ne puisse enfreindre.Ne pouvant se considérer que sous un seul et même rapport, il est alors dans le cas d'un particulier contractantavec soi-même; par où l'on voit qu'il n'y a ni ne peut y avoir nulle espèce de loi fondamentale obligatoire pour lecorps du peuple, pas même le contrat social.

Ce qui ne signifie pas que ce corps ne puisse fort bien s'engagerenvers autrui, en ce qui ne déroge point à ce contrat; car, à l'égard de l'étranger, il devient un être simple, unindividu.

Mais le corps politique ou le souverain, ne tirant son être que de la sainteté du contrat, ne peut jamaiss'obliger, même envers autrui, à rien qui déroge à cet acte primitif, comme d'aliéner quelque portion de lui-même, oude se soumettre à un autre souverain.

Violer l'acte par lequel il existe, serait s'anéantir; et qui n'est rien ne produitrien.

Sitôt que cette multitude est ainsi réunie en un corps, on ne peut offenser un des membres sans attaquer lecorps, encore moins offenser le corps sans que les membres s'en ressentent.

Ainsi le devoir et l'intérêt obligentégalement les deux parties contractantes à s'entraider mutuellement; et les mêmes hommes doivent chercher àréunir, sous ce double rapport, tous les avantages qui en dépendent.

Or, le souverain, n'étant formé que desparticuliers qui le composent, n'a ni ne peut avoir d'intérêt contraire au leur; par conséquent, la puissancesouveraine n'a nul besoin de garant envers les sujets, parce qu'il est impossible que le corps veuille nuire à tous sesmembres; et nous verrons ci-après qu'il ne peut nuire à aucun en particulier.

Le souverain, par cela seul qu'il est,est toujours ce qu'il doit être.

» L'essentiel ici est bien de remarquer que le souverain est issu du pacte social c'est-à-dire de ce qui rend compte de la formule : « «Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun, s'unissant à tous, n'obéissepourtant qu'à lui-même, et reste aussi libre qu'auparavant.» Tel est le problème fondamental dont le Contrat socialdonne la solution.

» Au terme du pacte social, le souverain est donc le peuple, c'est-à-dire l'ensemble des citoyensvotant les lois et s'y soumettant.

La démocratie repose alors sur l' » Au terme du pacte social, le souverain est doncle peuple, c'est-à-dire l'ensemble des citoyens votant les lois et s'y soumettant.

La démocratie repose alors surl'égalité et la liberté des individus.

On comprend pourquoi la distinction est alors difficile à établir véritablement.

Dufait même du pacte, la République est démocratique et inversement.

Il y a une circularité qui dépasse l'opposition denature entre le lien civil et la forme de souveraineté. c) Cela s'explique chez Rousseau par la définition de la démocratie comme le meilleur régime, ou gouvernement pour une République.

Dès lors le destin des deux est intimement lié.

Cela s'explique par la définition même qu'il donneau livre 3, chapitre 3 du Contrat social du gouvernement : « J'appelle donc gouvernement ou suprême administration, l'exercice légitime de la puissance exécutive, et prince ou magistrat, l'homme ou le corps chargé decette administration.

[…]Le gouvernement est en petit ce que le corps politique qui le renferme est en grand.

C'estune personne morale douée de certaines facultés, active comme le souverain, passive comme l'État, et qu'on peutdécomposer en d'autres rapports semblables d'où naît par conséquent une nouvelle proportion une autre encoredans celle-ci, selon l'ordre des tribunaux, jusqu'à ce qu'on arrive à un moyen terme indivisible, c'est-à-dire à un seulchef ou magistrat suprême, qu'on peut se représenter, au milieu de cette progression, comme l'unité entre la série. »

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