Devoir de Philosophie

Qu'est-ce qui me permet de reconnaître en autrui mon semblable ?

Publié le 27/02/2008

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D'où Alain : « Par la géométrie, je reconnais mon semblable ; et Socrate fit une grande chose le jour où il proposa le carré et la diagonale, tracés sur le sable, non point à Alcibiade ou à Ménon, ni à quelqu'un de ces brillants Messieurs, mais à un petit esclave qui portait les manteaux « (allusion au dialogue de Platon, le Ménon,où Socrate montre qu'un esclave, dont on dirait aujourd'hui qu'il n'a pas la même culture, au sens ordinaire et au sens ethnologique, que ses maîtres, est capable d'élaborer une démonstration géométrique). « Ainsi Socrate cherchait son semblable, et l'appelait dans cette solitude des êtres que la société accomplit « (Libres Propos, 1927). b) Cette position rationaliste présuppose que l'altérité d'autrui est inessentielle, que ce par quoi un être est différent des autres importe moins que ce par quoi nous sommes tous semblables : notre intelligence rationnelle. En ce sens, le mot « autrui « ne dit pas l'essentiel ; « semblables « par l'entendement, nous pouvons dépasser l'accord (contingent) pour atteindre une entente (rationnellement fondée). A la limite, nous sommes identiques. Quatrième partie : « Respecter son semblable « a) Sur le plan moral, l'usage de la notion de semblable dans des formules comme : « il faut respecter, secourir, etc., son semblable «, met aussi l'accent sur la solidarité des personnes, l'appartenance de tous à une même humanité, alors que le concept d'autrui (« les autres... «) peut connoter l'égoïsme, le refus individuel ou collectif de l' « étranger «. Rousseau écrit par exemple que la pitié est une « répugnance naturelle à voir périr ou souffrir (...principalement nos semblables « (préface du Discours sur l'inégalité).

« KANT : RESPECTER LA PERSONNE La seconde formulation du Devoir moral, selon Kant , s'énonce ainsi : « Agis toujours de telle sorte que tu traites l'humanité, soit dans ta personne, soitdans la personne d'autrui, toujours en même temps comme une fin, jamais simplement comme un moyen ».

Tout homme en effet est une personne, sa valeur est absolue.

Elle tient sa dignité inconditionnelle de son autonomie, dupouvoir qu'elle a d'obéir à la loi que lui impose sa nature raisonnable. « Tout homme a le droit de prétendre au respect de ses semblables etréciproquement il est obligé au respect envers chacun d'entre eux.

L'humanitéelle-même est une dignité ; en effet l'homme ne peut jamais être utilisésimplement comme moyen par aucun homme (ni par un autre, ni même par lui- même), mais toujours en même temps aussi comme une fin, et c'est en ceci précisément que consiste sa dignité (la personnalité), grâce à laquelle ils'élève au-dessus des autres êtres du monde, qui ne sont point des hommeset peuvent lui servir d'instruments, c'est-à-dire au-dessus de toutes leschoses.

Tout de même qu'il ne peut s'aliéner lui-même pour aucun prix (ce quicontredirait le devoir de l'estime de soi), de même il ne peut agircontrairement à la nécessaire estime de soi que d'autres se portent à eux-mêmes en tant qu'hommes, c'est-à-dire qu'il est obligé de reconnaître pratiquement la dignité de l'humanité en tout autre homme, et par conséquent sur lui repose un devoir qui serapporte au respect qui doit être témoigné à tout autre homme.

» ordre des idées 1) Formulation des deux formes de l'impératif moral : respecter la personne d'autrui :— sous la forme d'un droit : tout personne humain peut exiger d'être respecté par les autres;— sous la forme (corrélative) d'un devoir : chaque personne doit respecter les autres. 2) Justification .

Ces droit et devoirs reposent sur la nature même de l'humanité.— Être un homme est une dignité : une valeur absolue, donc supérieure à toute autre valeur ; l'homme est une«personnalité», c'est-à-dire qu'il a les caractères d'une personne ainsi définie comme valeur inconditionnelle.— Explication de cette valeur absolue : l'homme est une fin en soi, non un simple moyen . — En conséquence, position de la personne par rapport aux autre êtres : la valeur de l'homme dépassant celle detous les autres êtres, ces derniers sont des « choses », qu'il peut légitimement utiliser comme moyen s au service de ses propres fins. 3) Conséquence morale de l'homme conçu comme « personne » : sa dignité implique que chaque homme agisse entenant compte de la valeur absolue de chaque homme.— Première application de ce devoir (le respect de soi) : nulle personne n'a le droit de s'aliéner (se vendre à uneautre).— Seconde application (le respect des autres) : je dois reconnaître en chaque autre personne cette même valeurabsolue en m'abstenant de tout ce qui pourrait lui porter atteinte. c) Dans la tradition judéo-chrétienne, nous trouvons déjà cette idée, sous une autre forme.

Dans la mesure où leshommes ont pour caractère essentiel d'être les fils d'un père commun, Dieu, créatures faites à l'image de leurcréateur, ils sont radicalement « nos semblables ». conclusions — L'expression « mon semblable » contient toujours une certaine négation de l'altérité d'autrui.— Ce refus rend possible un style de communauté où les différences sont pensées comme des variations sur unthème unique ; l'exemple typique en est la communauté scientifique, dont les membres s'entendent sur leursmésententes, comprennent leurs différends et postulent qu'ils ne sont jamais, en droit, irréductibles.Mais si reconnaître le semblable en l'autre conduit à méconnaître l'autre dans le semblable, si donc parler d'autruicomme de son semblable masque une tentative pour faire taire ou supprimer son altérité, alors de nombreuxexemples, toutes les stratégies de l'assimilation ou de l'anéantissement , racisme, ethnocide, exclusion du "fou",etc., montrent que se développe non l'indifférence, mais la terreur.. »

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