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Qu'est-ce qui s'incarne par l'art dans la matière sensible ?

Publié le 27/02/2008

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Si le but de l?art n?était que d?imiter, alors la critique formuler par Platon dans la République serait fondée : le peintre et le poète ne sont que des illusionnistes et leur « art » ne sert qu?à tromper en ce qu?il détourne de la réalité et du savoir. Mais chacun admettra aujourd?hui qu?imiter n?est pas le but de l?art : ne serait-ce que parce que, lorsqu?il se borne à la reproduction, l?art ne peut rivaliser avec la nature ; il ressemble alors à « un ver faisant des efforts pour égaler un éléphant » (Intentions, « le déclin du mensonge »). Oscar Wilde va même jusqu?à soutenir que c?est plutôt la nature elle-même qui imite l?art ; notre vision de la nature est en effet prédéterminée par une représentation culturelle, voire académique ou conventionnelle des choses. Une « belle » femme plantureuse n?est pas seulement plaisante, attirante : aux yeux de certains elle est une « Renoir » incarné. Loin donc d?être un vain artifice, l?art est une sphère particulièrement riche de sens de l?activité humaine. Non que l?artiste ait pour vocation de révéler une réalité substantielle, située au-delà des apparences sensibles. Tout au contraire, l?apparence que l?artiste recueille ou exprime dans son ?uvre est sans doute plus authentique, plus essentielle, parce que plus signifiante, que la « réalité » sensible et triviale du monde quotidien : car le vrai existe dans l?esprit et non dans l?univers banal et finalement abstrait des simples choses sensibles. ·        L??uvre d?art n?étant bornée par aucune fonction déterminée est une réserve de sens toujours plus riche qu?on ne l?avait cru. Le regard actif du spectateur détecte telle ou telle signification, non seulement selon son savoir ou son ignorance mais aussi selon son imaginaire et les secrets désirs qui vont au-devant de l??uvre ? et lui prêtent parfois un sens qu?elle n?avait pas. Mais pour la connaissance esthétique, il n?y a pas de contre-sens, encore moins pour la jouissance ; tout ce qui fait sens est heureux.

« et nue au terme d'un processus de création esthétique ? De quoi l'œuvre d'art, par sa nature et par son statut, est-elle le témoin privilégié ? Plan I- La matière sensible vivifiée par l'art : le témoin du géni artistique · Si l'on remonte notre analyse aux sources grecques de notre culture, on s'aperçoit que le mot « technè » signifier métier, art, habileté de faire quelque chose, mais aussi méthodeet ruse.

Le terme latin correspondant est ars.

Toute production qui n'est pas issuedirectement de la nature, mais qui dépend de l'habileté humaine est en un sens de l'art –surtout si cette habileté est réfléchie. · En réalité, il faut comprendre que pour définir l'art il faut à la fois que l'on comprenne la notion de génie mais aussi de savoir-faire technique (même si l'art ne peut s'y résoudre).On comprend alors en ce sens à quel point ce qui s'incarne en réalité dans a matièresensible par ce processus de création artistique, c'est en réalité cette capacité de maîtriseque possède l'homme sur la nature. · L'artiste incarne donc une forme dans la matière brute et vide initiale, il lui donne vie à la fois par son génie et également par son savoir-faire.

On peut en effet louer un artistepour son savoir-faire, mais cette reconnaissance technique n'implique pas nécessairementla reconnaissance d'un talent artistique.

Celle-ci se fonde davantage sur l'émotion suscitéepar la contemplation d'une œuvre.

Si pour Kant le jugement esthétique tend versl'universalité, on pourrait en dire de même de la reconnaissance de l'artiste : d'une partparce qu'elle n'est pas limitée par la nécessité d'un savoir préalable, et d'autre part parcequ'en reconnaissant un artiste comme tel le sujet prétend donner à son jugement uneextension universelle. · Le géni s'incarne donc directement dans l'œuvre, initialement matière sensible brute. Mais il est donc nécessaire de comprendre que plus profondément encore que cettemaîtrise de l'homme sur la nature (à la fois par la maîtrise de règles artistiques mais aussipar la créativité pure de l'artiste), ce qui s'incarne a fortiori dans la matière à travers l'art,c'est la liberté du sujet – c'est-à-dire aussi son humanité. II- La liberté humaine incarnée · Cette capacité à créer indépendamment ou en tout cas en s'affranchissant des règles élémentaires (ce qui distingue l'art de l'artisanat) est en fait le témoin d'une liberté humainevive et forte qui vient directement s'imprimer dans la matière sensible qui devient alors uneœuvre d'art. · Par l'art, c'est bien la liberté de l'homme – en ce qu'il est libre création – qui s'incarne dans une matière, qui prend vie, forme, corps, et plus encore sens.

Dans l'art, l'imaginationest libre création.

Elle transcende le donné brut initial pour en faire son propre témoin.

Cequi fait la spécificité de l'artiste et signe son talent, ce n'est pas son savoir-faire commehabileté technique, mais le talent qui procure à son œuvre beauté, puissance et originalité.On peut ainsi avec Kant voir dans le génie le véritable critère de reconnaissance del'artiste.

Le génie est un talent inné qui fait de l'artiste un « favori de la nature » : l'artisteest capable de produire de la beauté, grâce à la capacité originale d'invention de sonimagination dans son libre jeu avec l'entendement.

Il se distingue de l'artisan ou dutechnicien par sa capacité non pas à mettre en œuvre, plus ou moins habilement, une règlede production, mais à inventer la règle qui préside à la constitution de son œuvre. · On comprend alors en ce sens que le géni de l'artiste s'incarne directement dans l'œuvre d'art, et avec lui cette puissance créatrice de l'imagination qui est le témoin véritable d'uneliberté humaine, c'est-à-dire d'une capacité essentielle qu'à l'homme de pouvoir nonseulement s'affranchir de la nature, mais encore de la dépasser. · Dans cette perspective, il est nécessaire de noter la distinction kantienne qui existe entre beauté libre d'une part, et beauté adhérente, d'autre part (Critique de la faculté dejuger, §1).

En effet, Kant appelle beauté libre celle qui n'est astreinte à aucune fonction extérieure au beau lui-même ou, pour parler plus simplement, celle qui ne sert à rien ; parcontraste avec ce qu'il appelle beauté adhérente, c'est-à-dire les objets dont la beautéest soumise à d'autres critères que le jugement esthétique.

Il n'y a pas lieu de considérerl'une comme supérieure à l'autre.

Si la beauté inutile est plus « pure », parce qu'elle estbelle et rien d'autre, la beauté liée à l'utile enrichit la vie quotidienne.

Il semble bien quedepuis des temps très anciens, les hommes des diverses civilisations aient cherché àembellir les outils et les armes.

Embellissement purement gratuit, c'est-à-dire inutilepuisque, encore une fois, le propre du beau, dans sa pureté, est de ne servir à rien. · Par l'art, la matière sensible prend vie en ce qu'elle incarne la liberté humaine – dont l'aboutissement esthétique est le géni créateur – et vaut donc, comme beauté libre, en. »

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