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Qu'est-ce qu'un philosophe des Lumières?

Publié le 16/08/2005

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Il la salue parce qu'il considère en effet que celle-ci est le signe d'une prise de position hautement morale. Ainsi écrit-il de cette révolution qu'elle est « une prise de position au niveau de ses souhaits, qui confine à l'enthousiasme, et dont l'extériorisation même comportait un danger, prise de position donc qui ne peut avoir d'autre cause qu'une disposition morale dans l'espèce humaine « (Le conflit des facultés). Il juge cette révolution bonne car d'une part, « un peuple ne devrait pas être empêché par d'autres puissances de se donner une constitution politique telle qu'elle lui semble bonne « (Le conflit des facultés), et d'autre part parce que le but de cette constitution est d'éviter la guerre. Il nous faut ainsi souligner encore la proximité de Kant avec les Lumières, lui qui jusque dans ses implications politiques directes suit les orientations des Lumières en défendant cette révolution, cette révolution qu'on dit fille des Lumières. Ces positions politiques ne sont tenables que parce que Kant croit lui aussi au progrès. a) Il nous faut considérer qu'il n'y aurait guère de sens pour Kant à saluer la Révolution française s'il ne pensait pas que celle-ci était le résultat d'un processus global. Glosant au sujet de cette révolution, le philosophe affirme qu'elle « laisse espérer le progrès vers le mieux, mais même déjà est un tel progrès « (Le conflit des facultés). Si Kant nourrit un tel espoir, c'est parce qu'il pose l'hypothèse selon laquelle il y aurait un dessein de la nature. Ce but de la nature, ce serait le progrès de la culture chez l'homme, un progrès qui passerait par l'avènement du droit, droit qui permettrait de maximiser à la fois l'ordre social et les libertés individuelles. Nous sommes donc portés à penser que Kant, comme ses comparses des Lumières, croyait au progrès.

« 1. a) Kant semble lui-même se réclamer des Lumières : en effet, lorsqu'il écritdans son article Qu'est-ce que les Lumières ? que la devise des Lumières est « Aie le courage de te servir de ton entendement », il semble bien qu'il parleautant de sa devise personnelle que de celle de toutes les Lumières.

Maisqu'entend-il précisément par là ? Se « servir de son entendement », c'est selibérer de la superstition, ce préjugé consistant à se représenter la naturecomme n'étant pas soumise aux règles de l'entendement.

Par conséquent, se« servir de son entendement », c'est aussi sortir d'une « minorité », minoritédont l'homme est lui-même responsable du fait de la paresse et de la lâchetéexpliquant qu'il préfère l'assujettissement à des tuteurs qui pensent à saplace.

On reconnaît bien en cela l'hypothèse des Lumières selon laquelle lesindividus doivent se débarrasser de l'argument d'autorité.b) On reconnaît aussi la confiance déclarée des Lumières dans les sciencespositives, puisque dire que la nature est soumise aux règles de l'entendement,c'est dire qu'elle est compréhensible par les sciences physiques.

Kant partageen effet avec les autres philosophe des Lumières cette fascination pour lessciences en lesquelles ils pensent trouver une arme contre l'illusion de lamétaphysique : Kant croit à la véracité des sciences mathématiques et àcelle des sciences physiques, par contre, il constate l'inefficacité de lamétaphysique.

Il expliquera que si les mathématiques et la physique sontperformantes, c'est parce qu'elles utilisent deux données qui existent dans lasubjectivité humaine : l'espace et le temps.

La métaphysique, par contre, traite d'objets qui n'appartiennent ni au temps ni à l'espace, et ainsi, elle échoue.

Si, d'après Kant, nous avonsbesoin de l'espace et du temps pour parvenir à une connaissance vraie, c'est parce que nous ne pouvons avoirl'intuition de rien en dehors de l'espace et du temps.

L'espace et le temps constituent la structure de notre mode deconnaissance, ce sont les conditions permettant une connaissance humaine, et nous ne pouvons rien connaîtreavec assurance en dehors d'eux.

Kant détruit ainsi l'autorité des discours dogmatiques qui prétendent connaîtrel'essence de l'être et qui en profitent alors pour normer les conduites individuelles sous prétexte qu'ils croient savoirce que Dieu est.

Ici encore, nous retrouvons l'influence des Lumières de deux manières : d'abord il s'agit pour Kantcomme pour ses comparses des Lumières d'utiliser la raison pour lutter contre l'argument d'autorité.

Ensuite, cephilosophe affirme la validité des sciences positives, comme il est de coutume chez les penseurs des Lumières sousl'influence des succès de Newton.c) Mais Kant ne se cantonne pas à faire de la raison la valeur absolue à l'aune de laquelle juger des connaissances,il considère que celle-ci s'impose également dans le domaine moral, qu'il qualifie de « pratique ».

En effet, Kantconstruit le principe qu'on appelle l'autonomie de la volonté et d'après lequel notre volonté ne doit être soumise qu'àla raison.

Car pour Kant, la loi morale est un fait de la raison, et ainsi, toute action morale doit pouvoir être vuecomme nécessaire et universelle.

C'est pourquoi il formule la loi morale ainsi dans la deuxième section desFondements de la métaphysique des moeurs : « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en LOI UNIVERSELLE DE LA NATURE.

» Cela étant posé, Kant élabore une « religion dans les limites de lasimple raison », qu'il nomme encore « religion naturelle » (c'est-à-dire une religion qui n'est pas le fruit d'unerévélation mystique, mais que chacun peut naturellement retrouver en lui-même), d'après laquelle est divin toutcommandement qui relève du devoir, et donc de la raison.

Nous pouvons ainsi constater que Kant, comme les autrespenseurs des Lumières, place la raison au-dessus de tout, et qu'il souscrit à leur volonté de fonder une religionnaturelle, une religion qui n'ait pas besoin des mystères d'une Eglise pour exister.

Les implications politiques de cette position.

2. a) Il nous faut d'abord souligner que cette morale kantienne présente des implications importantes car elle considèreque tout homme est une fin en soi.

En effet, Kant formule encore la loi morale de cette manière : « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en mêmetemps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

» (Fondements de la métaphysique des moeurs , deuxième section) Cette proposition engage une politique spécifique, car dès lors qu'on la tient pour vrai, il n'estplus jamais question de considérer un individu comme négligeable.

Il y a donc une dimension individualiste de cettemorale, au sens où l'individu devient une fin en soi (ce qui n'exclut pas l'altruisme, puisque autrui est aussi une fin ensoi), et dès lors, on peut y voir une inflexion libérale et républicaine, inflexion qui est celle des penseurs desLumières.

"Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu'elle devienne uneloi universelle..." KANT Les plus anciens travaux de KANT portent la marque de son intérêt pour la morale.

Devenu professeur ordinaire demétaphysique et de logique le 31 mars 1770, Kant projette d'achever, au cours de l'hiver, ses recherches sur lamorale.

Cependant, les deux années suivante, il ne réussit qu'à rassembler des matériaux et à esquisser un plan.Absorbé par la mise au point de la « Critique de la raison pure » qui ne sera publiée qu'en 1781, Kant ajourne sonprojet.Ce n'est qu'en avril 1785 que paraît, à Riga, « Fondements de la métaphysique des mœurs ».

C'est le premierouvrage dans lequel Kant traite de manière directe de la morale.

Un exposé plus élaboré, plus philosophique, cad. »

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