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Qu’est-ce qu’un témoignage en histoire ?

Publié le 17/09/2015

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histoire

Examinons enfin les écrits, parmi lesquels les Lettres, Mémoires et Souvenirs occupent une place privilégiée. A leur sujet, la question se pose de savoir si leur auteur fut assez objectif pour faire figure de témoin. Consciemment ou non, l’homme qui raconte sa vie cherche à justifier ses actions : l’ancien diplomate interprétera dans son sens les négociations qu’il a menées, en expliquant les antécédents et les conséquences; l'ancien soldat trouvera toujours un impondérable qui rendra raison de la perte d’une bataille. Aveuglés sur eux-mêmes, les uns et les autres omettront plus ou moins volontairement de citer tel fait qui les condamne. Ils défendent, grief fort grave, une thèse, leur thèse. Si, par exemple, d’après les Mémoires de Talleyrand, nous essayons de faire la lumière sur l’assassinat du duc d’Enghien, nous constatons que Napoléon, auquel font écho plusieurs témoignages d’hommes politiques bien au fait des circonstances, accusera formellement son subordonné d’avoir été l’instigateur du crime; le cynique ministre des Relations extérieures «attendait l’heure où, les papiers compromettants supprimés par ses soins, il pourrait effrontément nier sa participation — si considérable — à l’assassinat Madelin). 

histoire

« dans un sens très strict.

L 'atte.statiün, pouvons-nüus dire tout d'abord, est faite en vue d'établir la vérité.

Le témo:n sait, au moins implicitement, que sa déposition fondera pour une part la décision de·s jurés; la gravité de la prestation du serment suffirait à le lui rappeler s'il était tenté de l'oublier.

Disons ensuite que le témoignage porte sur un fait bien déter­ m:né : qui a vu l'a-ssassin que ,j'on recherche dans cette affaire criminelle? Hitler est-il mort tel jour, à telle heure, dans ce blockhaus de Berlin i' - ~lais beaucoup plus important nous apparnit le troisième caractère de la déposition juridique : le témoin csl-il qualifié pour attester les faits dont il parle? L'officier alleman-d qui affirme avoir ass:sté aux derniers moments du dictateur nazi se trGuvait-i.l réellement sur les lieux? Lor-sque le héro.s de VIGNY nous rapporte, dans Grandeur et Servitude militaire, la célèbre entrevue du Pape Pie VII avec ;\apoléon I•r, au cours de laquelle l'Empe­ reur fit à sün hôte une scène effro~·able, ponctuée de la part de ce dernier par les simples mots " Comecliante ...

n, " Tragediante ...

"• nous sommes certains que nous avons affa:re à un rédt romancé, dont la valeur histo­ rique est nulle : avant de parler, le tl-moin doit ponvoir prouver qu'il a eu directement connaissance des faits qu'il nous rapporte.

Du témoin en justice au martyr qui donne sa Yie pour sa foi, la diffé­ rence est grande.

Où se situera le se11s elu «témoignage " envisagé du point de vue de l'historien P Quelle que soit l'idée que l'on se fait de l'histoire, il est permis d'aiiirmer, semble-t-il, qu'il c-oïncide presque avec le "témoignage" compris an sens jnri. »

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