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Qu'est-ce qu'une révolution ?

Publié le 27/02/2005

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            L'étymologie du mot révolution nous renvoie au latin « retour en arrière », ce qui est en accord avec la conception grecque du temps, lequel est marqué dans la physique moderne par une irréversibilité (non que les Anciens croient pouvoir inverser le cour du temps, mais celui-ci est pour eux lié au mouvement général d'un Cosmos, il n'est pas encore l'abstraction physique qu'il est devenu depuis).   II-La révolution : image de la rupture.               A l'opposé de cette acception de la révolution comme ordre cosmique nous usons désormais du terme pour qualifier un événement, historique, de l'histoire politique (révolution française, révolution culturelle chinoise), philosophique (la « révolution copernicienne » de Kant), artistique (révolutionner l'art, cf le dadaïsme ou les surréalistes) ou scientifique (cf le simple titre du livre de Kuhn La structure des révolutions scientifiques). Le terme est lié à l'idée de rupture et même de renversement, de changement de direction.             Ainsi ce qu'on appelle la « révolution copernicienne » de Kant (cf La critique de la raison pure) c'est cette inversion dans l'ordre de la connaissance qui fait que le sujet n'a plus à se soumettre à la nature pour la connaître (conception classique), mais au contraire c'est l'objet qui doit s'accorder formellement aux catégories propres du sujet (attention, l'être de l'objet échappe toujours au sujet dont la raison n'est pas toute puissante, c'est la leçon de la deuxième partie de La critique de la raison pure).             Cette seconde acception du sens du mot révolution s'oppose d'une autre manière à l'idée de linéarité, non comme l'idée de cycle s'y oppose mais parce que la rupture, le renversement, brise la ligne, la fait dévier. L'évolution linéaire et continue des choses est bouleversée par une révolution qui lui confère une nouvelle direction. Tandis que la révolution astronomique correspond à un accomplissement ordonné, la révolution au sens moderne renvoie à une déviation, non à la continuation mais à l'instauration d'un nouvel ordre. La révolution comprise au sens grec se laisse prévoir et incarne une logique cosmique et nécessaire, alors que le sens moderne entend la révolution au sens d'événement historique, contingent et d'autant plus brutal qu'imprévisible.   III-« Logiques » de l'Histoire.

Tenter de dire ce qu’est une révolution c’est se heurter de front à un paradoxe, en effet la variation de sens coextensive à l’usage du mot nous fait entrer de plein pied dans le problème. Quoi de commun entre la révolution d’un corps céleste et une révolution politique, entre l’acception grecque de la révolution comme accomplissement, et celle moderne qui en fait un autre mot pour dire la rupture, le bouleversement ? C’est cette apparente contradiction qu’il nous faudra interroger, par le détour d’une interrogation sur le temps et l’Histoire.

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