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Qu'est-ce qu'une vie heureuse ?

Publié le 27/02/2005

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Nous voyons aussi quelle est la vraie nature de l'hédonisme d'Epicure et quel monumental contresens a fait la tradition en en faisant « une morale de pourceaux libidineux se vautrant dans la luxure », alors qu'il s'agit avant tout d'une ascèse, d'une maîtrise des désirs, assez semblable à ce que peuvent pratiquer certains religieux, ermites ou ascètes, même si c'est dans de tout autres buts.Critique de la sagesse épicurienne.La sagesse d'Epicure ne nous semble cependant pas entièrement satisfaisante pour au moins trois raisons. Nous venons de voir qu'il identifie le plaisir et la non-souffrance, le bonheur et l'ataraxie. Or, il y a bien une différence entre les deux, comme entre un état neutre et un bien réel , ou comme entre le zéro et un nombre positif. Sa doctrine peut donc éviter la souffrance, mais non nous donner un bonheur réel.Et même cela paraît douteux. En effet, Epicure nous demande de renoncer à de nombreux désirs. Au nom de quoi ? Seulement par la réflexion que leur satisfaction ne sera pas toujours assurée et que dépendre de ces désirs risque un jour de nous rendre malheureux.

Devant cet intitulé, le premier travail consiste à conceptualiser. Que signifient les termes du texte ?

« Vie « ne signifie pas déroulement biologique et fait de vivre, mais existence et activité humaine. Cette vie elle-même a plusieurs significations : vie de l'esprit, existence engagée, vie informée par la beauté. L’adjectif « heureuse « vient de « heur «, la bonne fortune, mais ne signifie pas tant « qui bénéficie d'une chance favorable « que « qui jouit du bonheur «. C'est donc la notion de bonheur qui prime.

Le problème du bonheur renvoie aux doctrines d'Aristote, de l'Epicurisme et du Stoïcisme. Le plan suggéré est le plan progressif, par approfondissement de la notion envisagée.

 

 

Plan

 

I.             Une vie heureuse est en accord avec le divin

II.            Une vie est heureuse quand il y a un accord avec le monde et les choses.

III.           Une vie heureuse désigne un accord avec soi-même

 

« manifestant une existence heureuse.

En somme, cette dernière s'identifie, dans cette nouvelle perspective, à lajonction qui s'effectue entre l'ordre humain de la liberté et celui du réel transformé par cette dernière.

Loin des'identifier à un accord donné, figé, préétabli, l'existence heureuse devient un accord construit, par liberté,invention et travail.

Ainsi, semble-t-il, pourrait s'interpréter la phénoménologie de l'esprit et de l'histoire chez Hegel : l'homme accède, progressivement, à la pleine conscience de lui-même enprojetant sa marque sur les choses et sur le monde.

Une vie heureuse, c'estune existence engagée, modelant un réel qui s'humanise et s'ouvre, marchepar marche, à l'universel.

Chez Hegel, comme chez Marx, se dessine cet idéaloù le bonheur s'annonce en tant qu'acte de transformation et de liaison. Remarquons que, dans ce contexte, l'expression de « vie heureuse » semble revêtir une signification plus dynamique que dans l'hypothèse d'uneréconciliation avec le divin.

Ici, vie ne signifie plus vie de l'esprit, maisexistence au sens moderne, à savoir le mouvement par lequel l'homme est aumonde et déploie un certain point de vue sur ce monde.

Ainsi, il semble bienque l'expression la « vie heureuse » acquière ici un autre sens, prenant lafigure de l'engagement par lequel l'homme domine le réel et le façonne à saguise, tentant d'être en unité avec lui. Avons-nous, dès lors, défini une vie heureuse, c 'est-à-dire une existence établissant un accord entre les valeurs du sujet et le monde réel ?Rien n'est moins évident.

En effet, un certain nombre d'objections conduisentà rejeter cette notion d'une vie heureuse conçue comme adaptationprogressive de l'homme et du monde.

Cet accord est ici fondamentalementhistorique comme tentative pour maîtriser l'Avenir du genre humain.

Dès lors, ilne peut, bien entendu, nous concerner actuellement et dans notre univers.La satisfaction suprême, l'existence heureuse, la véritable unification sevoient, ainsi, rejetées bien loin, dans quelque au-delà historique où leslendemains chanteront.

Dans cette perspective, il ne s'agit plus, à proprement parler, de l'existence ou de la vieheureuse, mais d'une espérance de vie heureuse.

La jouissance de l'ordre futur n'est qu'une promesse qui, parcontraste, conduit à souligner la grisaille du présent. Si l'accord pratique avec le monde ne permet pas de définir une vie heureuse, s'il semble se révéler encore plus illusoire que l'accord avec le divin, où donc trouverons-nous la vie heureuse et comment la définir ? Nouséchappera-t-elle indéfiniment ? Soyons donc de plus en plus modestes.

L'accord avec Dieu nous échappe : tout comme glisse entre nos mains, tel du sable.

L'accord avec le monde historique est une promesse fallacieuse de bonheur.

Mais il faut encorecreuser un autre accord et un autre lien : nous voulons parler de l'accord de l'homme avec lui-même. Si, en effet, l'expression d'« existence heureuse » ne doit pas être rayée de notre langage, ne convient-il pas d'en faire un accord avec soi-même, une unification maîtrisée de notre propre projet, unification et accord pouvant,au fond, être envisagés de deux manières ? Le premier accord peut se dessiner comme maîtrise de ses opinions et de ses pensées, à la manière stoïcienne.

Le sage stoïcien se gouverne, se maîtrise et demeure parfaitement serein et libre, sur le trône commedans les chaînes.

Il se construit une liberté spirituelle authentique, en assurant toujours l'accord parfait de toutesses représentations, totalement maîtrisées par son entendement et sa volonté.

Ici la vie heureuse désigne cetteparfaite maîtrise et cette unité totale de l'homme.

« Le bonheur, disait Épictète, ne consiste point à acquérir et àjouir.

Il consiste à être libre ».

Libre, c'est-à-dire autonome grâce à la raison unifiant l'ordre des pensées. Mais cette idée d'un accord avec soi-même peut prendre une autre signification, esthétique, cette fois-ci, et la vie heureuse désigne alors l'harmonie d'une vie s'organisant de manière belle et durable.

L'accord prend ici unerésonance esthétique et devient une tâche d'artiste organisant sa vie : « Faire du bonheur une valeur esthétique,ce n'est pas en mépriser l'importance, mais c'est, en marge du devoir, en faire un des moyens d'expression et deprise de conscience de l'homme par lui-même.

» (R.

Polin, Le Bonheur considéré comme un des beaux-arts , p.

90). Qu'est-ce, en définitive, qu'une vie heureuse ? Ce n'est ni un accord avec un « suprasensible » ou un « divin » désormais bien cachés ou bien lointains, ni une unification historique, mais un accord esthétique de soi avec soi,une compréhension harmonieuse de soi.

La Beauté, en effet, est toujours une promesse de bonheur.

Ici la vieheureuse désigne, dès lors, l'existence informée par la beauté et l'harmonie, existence promise, par là, au bonheur. Le problème était de savoir si une suffisance totale de soi est possible.

Nous répondrons affirmativement ; une suffisance et une jouissance infinie de soi sont à notre disposition, à condition, bien sûr, de renoncer auxchimères ou aux illusions du bonheur, telles qu'elles sont soulignées plus haut. Bibliographie ARISTOTE, Éthique à Nicomaque ÉPICTÈTE, Manuel (La Pléiade) R.

POLIN, Le Bonheur considéré comme l'un des beaux-arts. »

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