Devoir de Philosophie

Qui a peur de la liberté ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

« Transition. Toutefois, si nous saisissons qui craint la liberté, qui la redoute et la fuit, ne nous faut-il pas mieux comprendrecette scène actuelle où la peur de la liberté s'actualise ? Quel est ce trouble mêlé de désir et de crainte qui meutl'homme ? Quel est l'homme qui tremble ? C.

L'amour de la servitude : paresse, préjugé et peur. Celui qui a peur de devenir libre, qui est-il exactement ? Pris dans son enfance (Freud), s'identifiant au tyran (LaBoétie), c'est un être de paresse et de lâcheté.

Il est mû par l'indolence, le goût des habitudes et les préjugés.

Il neveut pas s'installer dans la raison, la conquérir et la construire.

Il est donc responsable de sa minorité, qu'il cultiveen lâche.« La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu'un si grand nombre d'hommes, après que la nature les aaffranchis depuis longtemps d'une direction étrangère [...] restent cependant volontiers, leur vie durant, mineurs, etqu'il soit si facile à d'autres de se poser en tuteurs des premiers.

Il est si aisé d'être mineur ! Si j'ai un livre, qui metient lieu d'entendement, un directeur, qui me tienne lieu de conscience, un médecin, qui décide pour moi de monrégime, etc., je n'ai vraiment pas besoin de me donner de peine moi-même.

Je n'ai pas besoin de penser, pourvu queje puisse payer; d'autres se chargeront bien de ce travail ennuyeux.

» (Kant, Qu'est-ce que les Lumières ? inPhilosophie de l'histoire, Aubier, p.

83). POURQUOI LA MINORITÉ ? Au cours de ce second aliéna, la penséede Kant se fait à la fois plus précise etsurtout plus cynique et plus polémique.

Eneffet, si dans le premier mouvement dutexte, le philosophe allemand définissaitde façon générale les " Lumières " etincriminait la " lâcheté " des hommesabdiquant leur conscience à desdirecteurs de conscience, dans cepassage, il met au jour l'affairement deces derniers à abêtir leurs ouailles etdénonce les mécanismes pervers d'un telprocessus à travers l'image d'un jeuneenfant apprenant la marche. Pour tenter de comprendre lesmécanismes de l'aliénation, de la scléroseintellectuelles du " grand nombre ", dupeuple, Kant commence cet extrait par enrepérer la double structure, la bipolarité. D'abord, nous l'avons brièvement souligné déjà, c'est la " paresse " c'est-à-direla propension au repos sans travail préalable et la " lâcheté " c'est-à-dire lapusillanimité sans honneur qui sont causes efficientes de l'obscurantisme danslequel se complaît et duquel se repaît la majorité voire la quasi-totalité deshommes.

État de fait d'autant plus scandaleux et en un sens désespérant queles hommes sont depuis longtemps en capacité d'utiliser leur propreentendement à leur " propre compte ".

Effectivement, ces hommes ne sont niaffligés des tares de l'idiotie pas plus qu'ils ne souffrent de débilité congénitale.Ils sont capables en droit de faire usage de leur raison propre.

Mais, en fait, selaissent asservir par quelqu'uns qui n'ont sur eux nulle supériorité naturelle sinonun ascendant social et factuel qu'ils consentent bien de quelque manière à leuraccorder. Telle est donc la première cause de l'état de minorité : paresse pusillanime. Or, une seconde cause explicative vient affermir et compléter ce processusd'aliénation de tous par quelqu'uns.

On l'aura compris, la minorité appelle etfacilite l'emprise des maîtres sur leurs esclaves, des tuteurs sur leurs élèves, desrois sur leurs sujets comme le troupeau bêlant et apeuré appelle la protection duberger. Soulignons que dans cette première phrase, Kant impute la responsabilitéprincipale de cet état de fait à la première cause et la seconde vient commefinaliser, compléter le processus.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles