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Qui a peur de la liberté ?

Publié le 27/02/2005

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La peine est atténuée voire annihilée quand l'individu a commis un acte sous la contrainte ou s'il n'était pas conscient au moment des faits. Ma liberté peut me faire peur dans le sens où ce que je fais ce que je choisis de faire et que rien ne peut excuser un acte. B)     Plus importante que la simple peur d'être responsable de ses actes et donc punissable pour tout acte illégal, l'angoisse sartrienne. Pour Sartre, l'homme est absolument libre. La seule chose qu'il n'a pas décidé, c'est sa condition d'homme libre. Tout le reste est entre ses mains. Chaque choix, chaque action va entrer dans la définition de l'individu, définition dont il est le seul responsable. Ces choix et actions ne peuvent donc pas être faits à la légère et, par conséquent, une angoisse apparaît avec chacun d'eux. Tout choix est synonyme d'angoisse puisque tout choix participe de la définition de l'essence de l'individu qui les commet. Chez Sartre, comme chez Heidegger, l'homme est toujours en projet ; son existence précède son essence ; il existe avant d'être et sa liberté et ses choix d'homme libre vont lui permettre de se définir.

  • DEFINITIONS:

- Qui : il s'agit du pronom interrogatif désignant une personne,

- peur : différente de l'angoisse indéterminée, elle désigne un phénomène psychologique de caractère affectif marqué, avec prise de conscience d'un danger réel ou imaginé, mais précis et déterminé. - liberté : à prendre ici dans son sens premier et fondamental : état de la personne qui n'est pas en état d'esclavage, de servitude et qui ne subit pas la contrainte d'un autre. On peut également privilégier ici le sens sartrien : pouvoir spirituel de dire oui ou non, se découvrant dans l'angoisse. Exercer sa liberté nous met face à l'inconnu engendré par nos actions, et nous rend responsables des conséquences de celles-ci : on perd ainsi un confort de pensée et une facilité dans le vécu.

 

  •  La liberté semble être un élément central, peut être l'élément le plus important de la modernité. Tout le monde y aspire. Etre libre c'est être soi, faire et dire ce que l'on veut. Il semble que ce n'est pas la liberté qui fait peur, mais plutôt ce qui la contraint. Peut-on alors dire que certaines personnes pourraient avoir peur de la liberté ? Si oui, lesquelles ?

« L'existentialiste déclare volontiers que l'homme est angoisse.

Cela signifie ceci : l'homme qui s'engage et qui se rend compte qu'il est nonseulement celui qu'il choisit d'être, mais encore un législateurchoisissant en même temps que soi l'humanité entière, ne sauraitéchapper au sentiment de sa totale et profonde responsabilité.

Certes,beaucoup de gens ne sont pas anxieux ; mais nous prétendons qu'ilsse masquent leur angoisse, qu'ils la fuient ; certainement, beaucoupde gens croient en agissant n'engager qu'eux-mêmes et, lorsqu'on leurdit : mais si tout le monde faisait comme ça ? il haussent les épauleset répondent : tout le monde ne fait pas comme ça.

Mais en vérité ondoit toujours se demander : qu'arriverait-il si tout le monde en faisaitautant ? et on n'échappe à cette pensée inquiétante que par unesorte de mauvaise foi.

Celui qui ment et qui s'excuse en déclarant :tout le monde ne fait pas comme ça, est quelqu'un qui est mal à l'aiseavec sa conscience, car le fait de mentir implique une valeuruniverselle attribuée au mensonge.

Même lorsqu'elle se masque,l'angoisse apparaît.[...] Il ne s'agit pas là d'une angoisse qui conduirait au quiétisme, àl'inaction.

Il s'agit d'une angoisse simple, que tous ceux qui ont eu desresponsabilités connaissent.

Lorsque, par exemple, un chef militaireprend la responsabilité d'une attaque et envoie un certain nombred'hommes à la mort, il choisit de le faire et, au fond, il choisit seul.Sans doute il y a des ordres qui viennent d'en haut, mais ils sont trop larges et une interprétation s'impose,qui vient de lui, et de cette interprétation dépend la vie de dix ou quatorze ou vingt hommes.

Il ne peut pasne pas avoir, dans la décision qu'il prend, une certaine angoisse.

Tous les chefs connaissent cette angoisse.Cela ne les empêche pas d'agir, au contraire, c'est la condition même de leur action. Sartre définit ici l'un des concepts principaux de l'existentialisme, à savoir l'angoisse (lignes 1-12).

L'angoisseest liée, dans le premier paragraphe, à ce que Sartre a dit de la responsabilité totale de l'homme : si chaqueindividu choisit non seulement l'homme qu'il est mais « l'image de l'homme tel que nous estimons qu'il doit être» (p.

32), alors il ne peut éviter l'angoisse face à cette responsabilité écrasante — celle d'être au fondementde ses propres actes, et d'engager par là l'humanité entière.

Ou plutôt il peut l'éviter en tant qu'il est demauvaise foi et qu'il affirme n'engager que soi en s'engageant.

Qu'est-ce donc que la mauvaise foi ? Elle estune attitude existentielle qui a la structure du mensonge ; cependant, « ce qui change tout [sous-entendu :par rapport au mensonge], c'est que dans la mauvaise foi, c'est à moi-même que je masque la vérité.

Ainsi,la dualité du trompeur et du trompé n'existe pas ici » (L'Être et le Néant, p.

84).

La mauvaise foi est doncmensonge à soi, qui suppose l'unité d'une conscience : c'est cette mauvaise foi qui caractérise celui qui fuitl'angoisse en refusant sa responsabilité totale, par exemple celui qui justifie son mensonge en disant que «tout le monde ne fait pas comme ça » (lignes 10-11).

Mais en fait, cette forme de dénégation révèlel'angoisse qu'elle cherche à dissimuler, car si je mens, c'est précisément que j'attribue implicitement unevaleur universelle au mensonge.L'angoisse est donc inévitable, même pour celui qui cherche à se cacher qu'il est totalement responsable dece qu'il fait et qu'il en est responsable aux yeux de l'humanité : c'est pourquoi l'angoisse ne mène pas auquiétisme, c'est-à-dire au primat de la contemplation sur l'action.

En effet, l'angoisse caractérise la structuredu Pour-soi en tant même qu'il agit : il s'agit de ce que Heidegger appelle un « existential », c'est-à-dire unmode d'être nécessaire du Pour-soi, — nécessaire, car le Pour-soi ne peut pas ne pas être responsable de cequ'il fait.

Sartre, pour l'expliquer, ' prend l'exemple du chef militaire : celui-ci choisit toujours seul car, mêmes'il reçoit des ordres, c'est toujours à lui de décider du sens à donner à ces ordres.

L'angoisse est donc liéeici au fait que parmi les possibles, je n'en choisisse qu'un et que j'en assume totalement la responsabilité,étant donné que même l'ordre ne le contenait pas : l'angoisse n'est pas alors la peur qui me paralyse etinterdit toute praxis, elle est le vertige de l'homme d'action devant l'infinité des possibles qui s'ouvrent à luiet qui n'ont de valeur qu'en ce qu'ils sont ses possibles. Conclusion Tout le monde aspire à la liberté mais tout le monde la craint.

Nous craignons la liberté de certains individus quisemblent l'utiliser à mauvais escient, mais nous craignons avant tout la notre qui induit inexorablement uneresponsabilité totale dans ce que nous choisissons de faire.

Etre responsable de ces actes et de ces choix signifieêtre responsable de ce que nous nous faisons, de la définition que nous faisons de nous.

Or ceci fait peur dans lesens où chaque choix, chaque acte prend une importance considérable et induit le fait que nous n'avons pas le droitde nous tromper.. »

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