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Qui fait la guerre ?

Publié le 28/04/2013

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            Pourquoi, à propos de la guerre, demander qui fait la guerre ? Y a t-il véritablement un sens à cette interrogation ? Pour s’interroger sur les auteurs sur les auteurs, les acteurs ou les agents de la guerre ? On peut en effet se demander si l’on cherche par là à déterminer ceux qui, ou  ce qui, sont à l’origine même de la guerre : ceux qui en sont les responsables ; ou bien ceux qui la font effectivement, sur le front en première ligne. Dans un premier cas on peut répondre : un État, des généraux, le chef des armée ; dans le second : des simples soldats, des armées. La question formulée est donc multiple. La réponse qu’elle appelle ne saurait être que plurielle. Ainsi en répondant : des armées ou des États, on ne peut prétendre épuiser la question. Ne parle-t-on pas aussi de guerre entre les hommes, entre les individus, que l’on entende par là soit une guerre naturelle des hommes entre eux soit une guerre civile, à l’intérieure d’un État, entre deux fractions ? C’est donc la notion de la guerre elle-même qui n’est pas simple.

« guerre mondiale.

En parlant de guerre, on parle donc essentiellement de ce que l’on doit appeler une « guerre mondiale », ou, ainsi que L’U.R.S.S appelle « la Grande Guerre nationale patriotique ».

Ce ne sont pas des individus qui font la guerre, mais des États.

Tel est le cœur même du problème posé.

Tel est de plus le point précis sur lequel porte nécessairement toute critique de la thèse hobbesienne d’un état de nature comme guerre générale de tous contre tous.

La guerre des particuliers ou des individus entre eux ne peut être générale, elle n’est que particulière et accidentelle car comme le relèv e Rousseau (tout est entre les individus dans un flux perpétuel qui change incessamment les rapports et les intérêts ».

Ainsi du simple rapport d’homme à homme ne saurait naître aucune guerre.

Celle- ci suppose que les hommes, dans leurs rapports les uns av ec les autres, soient autre chose, et en un sens, plus que de simples individus particuliers.

Par conséquent aussi, la guerre implique l’existence d’autre chose qu’un état de nature non juridique entre les hommes.

Tels sont les points sur lesquels porte la critique rigoureuse que fait Rousseau de ce qu’il nomme « l’horrible système » de la guerre de tous contre tous.

C’est que pour Rousseau, l’état de nature est pas un état social : l’homme vit isolé et solitaire n’entretenant aucune relation permanente av ec ses semblables.

Or « la guerre est un état permanent qui suppose des relations constantes » (Rousseau, Fragments sur la guerre et Que l’état de guerre naît de l’état social ).

La ruine de l’idée d’une sociabilité naturelle des hommes détruit donc la possibilité même d’une guerre généralisée entre les individus.

Mais ne peut -on pas alors objecter qu’une fois les hommes unis, c’est -à -dire que l’état social régi par le droit succède à l’état naturel de dispersions des hommes, une telle guerre éclate nécessai rement.

À cela Rousseau ne peut faire qu’ une seule réponse : dans l’état civil, tous les individus sont également soumis au pouvoir du souverain ; il ne saurait y avoir par conséquent de guerre à l’intérieur d’un État entre des particuliers.

Cela reviendra it à affirmer l’existence d’un État dans un État.

Ainsi, parler de guerre civile, c’est nier l’existence de l’État.

La guerre civile est donc moins la cause que le signe d’ une impuissance, et p ar suite, de la mort d’ un État.

Ce que Rousseau permet de mettr e en lumière peut s’exprimer sous le forme d’une double conséquence : dans l’état de relations non juridiques entre les individus, il n’y a pas de guerre mais uniquement des conflits ponctuels ; dans l’état politique où les r apports entre les particuliers sont réglé s par des lois et un droit, il ne saurait y avoir non plus de guerre.

Il faut donc dire que ni les hommes ni les particuliers ne font la guerre.

On voit bien alors que seule l’analyse attentive du concept de guerre permet de répondre à la quest ion « Qui fait la guerre ? » Si la guerre est relation ou rapport, elle « n’est donc pas une relation d’homme à homme, mais une relation d’État à État » (Rousseau, Du contrat social, L.

I, chap..

IV) l).

Elle suppose l’existence permanente d’États constitué s et affirmant leur souveraineté.

La réfutation que produit Rousseau du système de Hobbes a donc une véritable portée générale.

Elle montre en effet que l’on ne peut faire de la question « Qui fait la guerre ? » une question de fait, mais une question de droit.

Nous ne cherchons pas tant à savoir qui, actuellement et pour ainsi dire matériellement, fait la guerre pour que la guerre mérite son nom.

C’est que la guerre est de l’ordre du droit et non de l’ordre de la nature.

Tel est le sens qu’il faut donner à ces deux affirmations successives d’Alain : « La violence n’est nullement la guerre […] La guerre n’est nullement la violence » (Propos , 2 avril 1921).

Car la violence est pur fait Par là même, on comprend dans quelle mesure la question « Qui fait la guerre ? » rejoint le problème de ce qui rend non pas « la guerre avantageuse à celui que la fait, mais légitime ».

La guerre est juste en effet non seulement en fonction de ses motifs mais également en vertu de ses auteurs et acteurs.

N’importe qui ne fait p as la guerre.

Tombe alors d’elle -même l’objection faite depuis toujours et sans cesse contre la guerre.

Voltaire la présentait dans Micromégas, par la f orme d’une description de la guerre comme l’affrontement de deux armées pour l’ intérêt de leur seuls p rinces : intérêt personnel et ét ranger aux combattants.

Elle es t devenue celle de tous les pacifistes, ayant été mê me un argument, de lutte des classes puisqu’en 1917, on l’avança pour signifier aux soldats russes, et à travers eux, à tous les soldats engagés dans le conflit : « La guerre. »

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