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Qui faut-il croire ?

Publié le 27/02/2005

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La croyance semble être le contraire du savoir, de la certitude. Or ce qui constitue le caractère de la certitude c’est son évidence et sa clarté, c’est-à-dire sa nécessaire, donc l’impossibilité de pouvoir être autrement. Mais la croyance paraît prendre sa place au cœur de l’opinion, de la foi. Elle serait donc liée à la puissance du désir et de l’imagination. Mais plus exactement, la question nous interroger sur le « Qui ? « c’est-à-dire sur le sujet, la personne en laquelle nous placer notre croyance, notre confiance. Plus exactement, il s’agit de reconnaître un critère de vérité de certitude afin de bien faire notre choix. Dès lors l’enjeu n’est pas simplement épistémologique mais aussi éthique. De plus l’aspect éthique de la question est renforcé par la formule « faut-il « qui insiste ici sur la notion de devoir. La question en effet, n’est pas en qui nous pouvons croire mais bien en qui il « faut «. Il y a donc une valeur de nécessité et d’engagement. Or le problème paraît à première vue simple : comment croire en autrui ? Mais aussi comment savoir que nous-mêmes nous pouvons croire ne nous ? Ne pouvons-nous pas nous mentir à nous-mêmes ?

            Si l’origine de la croyance peut se trouver dans un effet de la volonté (1ère partie), il n’en reste pas moins que la croyance peut être toujours soumise au doute sans fin (2nd partie), mais face à cette aporie il sera nécessaire d’envisager un dépassement positif (3ème partie).

« II – Crise épistémologique de la croyance a) Même sur le plan de la philosophie il faut remarquer que la croyance est utilisée par les philosophes tel Hume dans son Enquête sur l'entendement humain qui critique dans sa section X, « la bigoterie en philosophie ».

En effet, comme il le remarque dans ses « Solutions sceptiques », nous devons avoir une croyance et celle-ci est nécessaireet entièrement psychologique puisque basée sur la forte probabilité.

En effet, pour Hume, il n'y a pas spécifique delois de nature à proprement parler.

Aussi, nous croyons que le soleil se lèvera demain parce qu'il en a toujours étaitainsi, mais rien ne nous indique que tel sera le cas pour toujours.

Pour le dire autrement, l'idée de connexionnécessaire n'existe pas mais seulement celle de conjonction régulière.

Dès lors tous nos jugements pratiques sontseulement issus de fortes probabilités, et pour agir dans le monde nous devons faire appel à une croyance morale.Or il faut sans doute voir que cette croyance morale n'a peut-être rien à envier à la croyance comme religion dansla mesure où elle relève de la même nécessité.b) En effet, c'est bien ce que l'on peut voir avec Hume dans le Traité de la nature humaine notamment au début du livre II sur les passions.

Le ressort de l'homme est bien l'imagination ; et l'entendement n'est qu'un autre nom del'imagination en tant qu'elle a des règles ou des lois relevant d'une certaine constante.

On peut prendre pourexemple le cas de l'orgueil et de la haine qui sont les deux premières passions qu'étudie Hume dans cet ouvrage.

Eneffet, l'orgueil est bien un effet de l'imagination sur la cause d'une augmentation de l'affection positive de notre moi(qui elle-même est une idée fictive).

La haine est le contraire.

En ce sens, nous avons tendance à croire à ce quinous fait plaisir ou ce qui nous provoque de la joie.

C'est dire que l'imagination est particulièrement présente ; que lacroyance est nourrit par le désir comme le remarque Freud dans ses Leçons de psychanalyse . c) Plus simplement, comme le dit Bachelard dans La Formation de l'esprit scientifique : « l'opinion pense mal, elle ne pense pas, elle traduit des besoins en connaissances.

» Ce que signifie Bachelard pour nous c'est le divorce ou ladistinction qu'il faut établir entre la pensée et l'opinion.

Ces sont deux sphères radicalement différentes dont lesobjets n'ont pas le même point de vue.

L'opinion n'est donc pas un produit de la pensée.

Et dans ce cas, on peut sedemander si défendre réellement la liberté de penser ce ne serait pas justement avoir le droit de disqualifier l'opinioncomme ensemble des croyances et des dogmes.

La pensée contrairement à l'opinion ne se donne pasimmédiatement et pour vrai ; c'est pour cela qu'en science l'opinion peut constituer un obstacle épistémologique.Autrement dit, celui qui croit savoir n'aura pas à chercher et en ce sens on peut qu'il est d'une certaine manièreennemi de la liberté de pensée.

En tant que besoin, la croyance est donc d'une nature psychologique.

C'est en cesens qu'elle est le jeu de l'imagination.d) En effet, si la croyance entre en crise c'est bien par sa nature épistémologique.

Le croyance n'est pas le savoir,ni la connaissance, ni la science.

Elle est une tendance opinative qui peut être vraie ou fausse.

Le problème estalors bien de savoir à qui faire confiance ou plus exactement qui possède le savoir.

Or comme nous le montre lesdialogues de Platon , notamment dans le Protagoras , celui qui dit savoir et le plus souvent celui qui croit savoir.

Et c'est en ce sens que Socrate ne cessera pas de dire « qu'il ne sais rien ».

Bien sûr il s'agit d'un ignorancescientifique c'est-à-dire d'une ignorance savante qui sait qu'elle ne sait pas, à la différence de l'ignorance vulgairequi est non-savoir pur.

C'est en ce sens que la science est un trajet qui doit se faire seul même si l'on peut suivreun guide.

C'est en ce que l'on peut comprendre la dialectique ascendante de la caverne dans la République VII.

En ce sens, il ne faudrait croire que soi.

En effet, comme on peut le voir dans le passage de la ligne au livre VI de laRépublique l'opinion ou la croyance n'est pas la science et se range du côté des images.

L'enjeu général de ce passage est de classifier les différents niveaux ontologiques de l'être ou de la réalité et de les faire correspondreavec différents modes de connaissance.

La « parabole » de la ligne permet de schématiser cet argument et de nousorienter (comme une sorte de vecteur) vers la connaissance la plus claire, à savoir celle qui nous fait remonter àl'Idée.

L'opinion est une croyance et en ce sens elle est de l'ordre du visible tandis que la science est de l'ordre del'intelligible.

L'opinion est en effet soumise à la séduction du discours, à la rhétorique comme on peut le voir dans leGorgias .

L'opinion se courtise tandis que la pensée doit être convaincue de manière irréprochable.

Et c'est pour dans le Théétète l'opinion ne sera pas la définition adéquate de la science. Transition : Ainsi ne pouvons-nous croire personne autre que nous-mêmes et pourtant, il semble que même pour nous nous nepouvons pas entièrement croire à ce que nous pensons, c'est-à-dire être sûr que nous sommes dans le vrai, oupossédons l'idée vraie dans la mesure où l'homme lui-même est soumis à son imagination ce qui expliquel'impossibilité épistémologique de l'introspection.

Mais dès lors comment faire ? Comment dépasser cette aporie ? III – Liberté de l'entendement ; auto-fondement : dépassement dialectique a) Afin de savoir de pouvoir qui croire il est nécessaire de trouver un point vue sur lequel fonder notre croyance etmême penser.

Or de ce point il est possible de remarquer que la formule même du sujet par le « faut » implique d'unecertaine manière un certain devoir.

Plus exactement, il s'agit de faire preuve d'autonomie c'est être libre.

Et lepremier effet de cette liberté de la pensée est perceptible notamment à travers la morale en tant que la moralepromeut l'autonomie du sujet c'est-à-dire que le sujet se définit comme sa propre loi et n'est plus le jeu despassions, ni de ses croyances, ni d'autrui.

Croire en autre chose que ce que je connais mieux c'est suivre unprincipe hétéronomique.

Penser est un acte réflexif de la conscience qui nous permet donc de nous reconnaîtrecomme personne c'est-à-dire comme responsable comme on peut le voir dans Fondements de la Métaphysique des. »

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