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Reconnaître la différence est-ce l'accepter ?

Publié le 27/02/2005

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                    La reconnaissance spéculaire de la différence n'est pas son acceptation   a.       Reconnaître la différence comme sa propre singularité Dans un premier temps, nous soutiendrons que reconnaître la différence n'est pas l'accepter. En effet, reconnaître la différence d'autrui peut signifier que nous entretenons un rapport spéculaire avec elle : je reconnais la différence d'autrui en me reconnaissant en elle, je la reconnais, au sens où la différence m'est déjà connue. Or, loin d'être une acceptation de la différence, une telle reconnaissance peut au contraire mener à un rejet complet de celle-ci. Pensons à un nouveau converti qui reconnaitrait la différence religieuse d'autrui, comme différence qui l'a auparavant caractérisée (la religion de l'autre était jadis la sienne) : l'intolérance la plus absolue peut être sa seule réponse à la différence, étant acquis que les nouveaux prosélytes sont souvent les plus zélés. b.      Reconnaître la différence comme différence Nous postulerons ici qu'il n'y a pas de véritable acceptation de la différence lorsque nous nous reconnaissons en elle. En effet, accepter la différence c'est l'accepter comme telle, comme différence, en tant qu'elle incarne une altérité fondamentale par rapport à ce que nous sommes, et non parce que nous nous reconnaissons peu ou prou en elle. Pensons à l'exemple d'un ethnologue qui n'accepterait la différence (sociale, religieuse, culturelle...) d'une société dite « primitive » qu'à la seule condition de reconnaître en elle ce qu'elle a de commun avec la société dont lui-même est issu : il manquerait l'objet même de la démarche ethnologique- la compréhension de la singularité de la société étrangère - pour faire preuve du plus complet ethnocentrisme. II.

Le verbe « reconnaître « a deux sens principaux : par reconnaître, nous voulons dire que nous découvrons qu’une chose est déjà connue de nous, que nous la déterminons comme une chose que nous avons déjà rencontrée ; mais reconnaître, c’est aussi admettre quelque chose, comme vrai, réel, ou légitime. Nous distinguerons dans ce travail entre le premier type de reconnaissance, nommée « reconnaissance spéculaire « ; et le second, que nous qualifierons de « reconnaissance par jugement «.

La différence n’est pas un caractère propre d’une chose, mais toujours un caractère relatif : elle est ce qui distingue un objet d’un autre, la caractéristique qui fait d’elle un individu dissemblable d’un autre individu. On peut parler de différence ethnique, religieuse et culturelle, notamment, pour préciser un peu ce que signifie la différence entre les hommes.

Accepter la différence revient à incarner une attitude d’ouverture à l’altérité, par laquelle ce qui nous est étranger n’est pas considéré avec hostilité mais au contraire avec un esprit de tolérance. Accepter la différence signifie donc entretenir un rapport de respect vis-à-vis de ce qui se distingue de nous même, d’une part, mais aussi faire en sorte que cette différence puisse s’exprimer en toute liberté. Accepter la différence ne désigne donc pas seulement une attitude réceptive, d’ouverture à l’altérité, mais aussi une attitude active, permettant l’épanouissement de la différence.

A première vue, « reconnaître « et « accepter « la différence parait désigner la même chose. Mais nous nous demanderons si les différentes acceptions du verbe reconnaître ne compliquent pas l’identification de cet acte avec le geste qui consiste à accepter la différence.

 

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