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Résolument modéré, mais pas modérément résolu de R. DESCARTES

Publié le 06/01/2020

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descartes

Avant d'être en possession des fondements de sa métaphysique, Descartes se forme une « morale par provision », « afin, écrit-il, que je ne demeurasse point irrésolu en mes actions pendant que la raison m'obligerait de l'être en mes jugements ».

 

[...] obéir aux lois et aux coutumes de mon pays, retenant constamment la religion en laquelle Dieu m’a fait la grâce d’être instruit dès mon enfance, et me gouvernant, en toute autre chose, suivant les opinions les plus modérées, et les plus éloignées de l’excès, qui fussent communément reçues en pratique par les mieux sensés avec lesquels j’aurais à vivre. [...] Et entre plusieurs opinions également reçues, je ne choisissais que les plus modérées : tant à cause que ce sont toujours les plus commodes pour la pratique, et vraisemblablement les meilleures, tout excès ayant coutume d’être mauvais ; comme aussi afin de me détourner moins du vrai chemin, en cas que je faillisse, que si, ayant choisi l’un des extrêmes, c’eût été l’autre qu’il eût fallu suivre.

 

[...] être le plus ferme et le plus résolu dans mes actions que je pourrais, et ne suivre pas moins constamment les opinions les plus douteuses, lorsque je m’y serais une fois déterminé, que si elles eussent été très assurées. Imitant en ceci les voyageurs qui, se trouvant égarés en quelque forêt, ne doivent pas errer en tournoyant, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, ni encore moins s’arrêter en une place, mais marcher toujours le plus droit qu’ils peuvent vers un même côté, et ne le changer point pour de faibles raisons, encore que ce n’ait été au commencement que le hasard seul qui les ait déterminés à le choisir : car, par ce moyen, s’ils ne vont justement où ils désirent, ils arriveront au moins à la fin quelque part, où vraisemblablement ils seront mieux que dans le milieu d’une forêt. Et ainsi les actions de la vie ne souffrant souvent aucun délai, c’est une vérité très certaine que, lorsqu’il n’est pas en notre pouvoir de discerner les plus vraies opinions, nous devons suivre les plus probables ; et même, qu’encore que nous ne remarquions point davantage de probabilité aux unes qu’aux autres, nous devons néanmoins nous déterminer à quelques-unes, et les considérer après, non plus comme douteuses, en tant qu’elles se rapportent à la pratique, mais comme très vraies et très certaines, à cause que la raison qui nous y a fait déterminer se trouve telle.

 

[...] tâcher toujours à me vaincre, que la fortune, et changer mes désirs plutôt que l’ordre du monde; et généralement, m’accoutumer à croire qu’il n’y rien qui soit entièrement en notre pouvoir, que nos pensées

 

[...] faire une revue sur les diverses occupations qu’ont les hommes en cette vie, pour tâcher à faire choix de la meilleure ; [...] employer toute ma vie à cultiver ma raison...

 

R. Descartes, Discours de la méthode, troisième partie.

descartes

« suivant les opinions les plus modérées, et les plus éloignées de l'excès, qui fussent communément reçues en pratique par les mieux sensés avec lesquels j'aurais à vivre.[ ...

] Et entre plu­ sieurs opinions également reçues, je ne choisissais que les plus modérées: tant à cause que ce sont toujours.les plus commodes pour la pratique, et vraisemblablement les meilleures, tout excès ayant coutume d'être mauvais; comme aussi afin de me détour­ ner moins du vrai chemin, en cas que je faillisse, que si, ayant choisi l'un des extrêmes, c'eût été l'autre qu'il eût fallu suivre.

[ ...

] être le plus ferme et le plus résolu dans mes actions que je pourrais, et ne suivre pas moins constamment les opinions les plus douteuses, lorsque je m'y serais une fois déterminé, que si elles eussent été très assurées.

Imitant en ceci les voyageurs qui, se trouvant égarés en quelque forêt, ne doivent pas errer en tour­ noyant, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, ni encore moins s'arrê­ ter en une place, mais marcher toujours le plus droit qu'ils peu­ vent vers un même côté, et ne le changer point pour de faibles raisons, encore que ce n'ait été au commencement que le hasard seul qui les ait déterminés à le choisir: car, par ce moyen, s'ils ne vont justement où ils désirent, ils arriveront au moins à la fin quelque part, où vraisemblablement ils seront mieux que dans le milieu d'une forêt.

Et ainsi les actions de la vie ne souffrant sou­ vent aucun délai, c'est une vérité très certaine que, lorsqu'il n'est pas en notre pouvoir de discerner les plus vraies opinions, nous devons suivre les plus probables; et même, qu' encore que nous ne remarquions point davantage de probabilité aux unes qu •aux autres, nous devons néanmoins nous déterminer à quelques-unes, et les considérer après, non plus comme douteuses, en tant qu'elles se rapportent à la pratique, mais comme très vraies et très certaines, à cause que la raison qui nous y a fait déterminer se trouve telle.

[ ...

]tâcher toujours à me vaincre, que la fortune, et changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde; et généralement, m'accoutumer à croire qu'il n'y rien qui soit entièrement en notre pouvoir, que nos pensées [ ...

]faire une revue sur les diverses occupations qu'ont les hommes en cette vie, pour tâcher à faire choix de la meilleure; [ ...

] employer toute ma vie à cultiver ma raison ...

R.

DESCARTES, Discours de la méthode, troisième partie.. »

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