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ROUSSEAU: Faiblesse et sociabilité

Publié le 27/02/2008

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C'est la faiblesse de l'homme qui le rend sociable : ce sont nos misères communes qui portent nos coeurs à l'humanité, nous ne lui devrions rien si nous n'étions pas hommes. Tout attachement est un signe d'insuffisance : si chacun de nous n'avait nul besoin des autres, il ne songerait guère à s'unir à eux. Ainsi de notre infirmité même naît notre frêle bonheur. Un être vraiment heureux est un être solitaire : Dieu seul jouit d'un bonheur absolu ; mais qui de nous en a l'idée ? Si quelque être imparfait pouvait se suffire à lui-même, de quoi jouirait-il selon nous ? Il serait seul, il serait misérable. Je ne conçois pas que celui qui n'a besoin de rien puisse aimer quelque chose ; je ne conçois pas que celui qui n'aime rien puisse être heureux. Il suit de là que nous nous attachons à nos semblables moins par le sentiment de leurs plaisirs que par celui de leurs peines ; car nous y voyons bien mieux l'identité de notre nature et les garants de leur attachement pour nous. Si nos besoins communs nous unissent par intérêt, nos misères communes nous unissent par affection. ROUSSEAU

Nous pouvons conserver le découpage des trois paragraphes :  • Le premier paragraphe énonce la thèse de Rousseau : « C'est la faiblesse de l'homme qui le rend sociable «, mais, paradoxalement, l'homme vit vraiment heureux qu'à l'état de nature.  • Le second paragraphe affirme que l'union des hommes naît davantage de la compréhension mutuelle des misères qu'ils subissent que des besoins communs (nourriture, protection, par exemple).  • Le troisième paragraphe nomme ce sentiment profond qui permet aux hommes de s'unir : la pitié.   

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« Puisqu'il est ainsi établi que notre existence a besoin de prendre appui sur celle des autres, il est finalement possiblede préciser la nature du lien qui nous attache à eux.

Et l'on peut constater que ce lien est double, puisqu'il y a d'unepart de l'intérêt, mais d'autre part de l'affection.Pour établir cette différence, Rousseau souligne que ce qui nous attire vers l'autre est davantage sa souffrance queson plaisir.

Voir l'autre jouir d'un plaisir ne nous invite pas à nous y attacher : dans sa situation, il n'a pas besoin denous (on pourrait même imaginer que la perception de son plaisir suscite en nous une pointe de jalousie).

Aucontraire, voir l'autre dans la misère détermine de la pitié, ou de la compassion, et nous invite à essayer de l'aider,parce que nous avons la confirmation, dans sa misère présente, de notre misère commune, ce qui nous renvoie à «l'identité de notre nature » : face à celui qui souffre, je ressens immédiatement notre appartenance à une mêmehumanité, définie précisément par sa capacité à souffrir.

De plus, l'aide que nous pouvons lui apporter risque deprovoquer chez lui un attachement plus authentique et plus profond qu'au cas où nous partagerions simplement sesplaisirs.Bien entendu, ces relations sont réciproques : l'autre se tournera plus volontiers vers moi lorsque je suis misérableque lorsque je suis heureux.

Au-delà du lien « par intérêt », il en existe donc un autre, « par affection », qui lui estqualitativement supérieur, mais aussi plus révélateur de notre nature profonde d'êtres souffrants.

Le « besoin » quisollicite l'autre peut être simplement matériel, facile à combler.

À l'inverse, la « misère » est dotée d'une résonanceaffective, et la guérir suppose des attitudes sentimentales, ou morales, qui sont bien le propre de l'humanité : lesanimaux peuvent avoir des besoins (ils peuvent s'entraider), mais ils ne ressentent pas de misères (ils ne peuventpas compatir). [Conclusion] Il apparaît finalement que la dimension affective du bonheur auquel nous pouvons prétendre, à partir de notrefaiblesse même, est essentielle.

Elle s'ajoute à la simple satisfaction des besoins et donne à l'humanité ses qualitésspécifiques.

Ainsi l'homme sociable développe-t-il des sentiments que le solitaire ne peut connaître.

C'est dire que lasociété est nécessaire à l'homme, non seulement pour faciliter sa survie, mais aussi pour qu'il découvre et développeses potentialités affectives.

Notre imperfection initiale ne nous détermine pas seulement à l'entraide, elle fait naîtreentre nous des relations sentimentales et morales qui enrichissent la vie commune d'une dimension supplémentaire.Reste à savoir si cette affectivité restera définitivement « pure », Si elle ne se pervertira pas à travers l'histoire ouà cause d'une société mal organisée.

Même dans ce cas, son apparition initiale justifie l'espoir de pouvoir enrestaurer des conditions telles qu'elle retrouverait sa vérité première. ROUSSEAU (Jean-Jacques). Né à Genève en 1712, mort à Ermenonville en 1778. Il n'est pas dans notre propos de résumer la vie de Rousseau, sou séjour aux Charmettes chez Mme de Warens, àMontmorency chez Mme d'Épinay, ses travaux de musique, sa persécution par les catholiques comme par lesprotestants, son voyage en Angleterre après sa fuite de Suisse ou l'hospitalité du marquis de Girardin à Ermenonville.Non plus que la mise à l'Assistance Publique des cinq enfants qu'il eut de Thérèse Levasseur, ou sa brouille avecGrimm et Diderot.

Jean-Jacques Rousseau fut seul, chassé de partout, et c'est en méditant sur son existencemalheureuse, qu'il a pu énoncer sa doctrine de philosophe.

Sa philosophie n'est pas un système, mais une vision dela condition humaine.

— Contrairement aux Encyclopédistes, l'homme, pour Rousseau, est naturellement bon etjuste.

Il fut heureux lorsqu'il vivait sans réfléchir, au milieu de la nature, uniquement préoccupé des soins matérielsde la vie quotidienne.

Puis, il a cherché à paraître, à dominer.

Il a inventé la propriété.

Sont venus l'inquiétuded'esprit, le goût du luxe, l'ambition, l'inégalité, les vices, la philosophie.

La société a corrompu l'homme, en l'élevant àla moralité.

La vie idéale n'est pas le retour à l'état de nature ; mais elle doit se rapprocher le plus possible de la vienaturelle.

C'est le coeur qui fournit à l'homme la preuve des vérités morales et religieuses, qui lui permet de goûteraux plaisirs de la générosité, de la bienfaisance, de l'amitié.

L'enfant, naturellement bon, doit être éduqué de façon«négative».

Il faut laisser libre cours à son propre développement.

Rousseau prône les vertus de l'intuition et del'émotion.

— Le fondement de toute société, c'est le contrat social, par lequel chaque contractant renonce à sapropre liberté au profit de la communauté, et se soumet à la volonté générale.

Rousseau pose ainsi le principe de lasouveraineté populaire.

Tant en littérature qu'en philosophie ou en politique (la Révolution française le revendiqua),l'influence de Rousseau fut considérable.

Il a véritablement transformé la sensibilité humaine.. »

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