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SARTRE et l'art

Publié le 08/05/2005

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sartre
Il y a le vert, il y a le rouge, c'est tout ; ce sont des choses, elles existent par elles-mêmes. Il est vrai qu'on peut leur conférer par convention la valeur de signes. Ainsi parle-t-on du langage des fleurs. Mais si, après accord, les roses blanches signifient pour moi « fidélité », c'est que j'ai cessé de les voir comme roses : mon regard les traverse pour viser au-delà d'elles cette vertu abstraite ; je les oublie, je ne prends pas garde à leur foisonnement mousseux, à leur doux parfum croupi ; je ne les ai pas même perçues. Cela veut dire que je ne me suis pas comporté en artiste. Pour l'artiste, la couleur, le bouquet, le tintement de la cuiller sur la soucoupe sont choses au suprême degré ; il s'arrête à la qualité du son ou de la forme, il y revient sans cesse et s'en enchante ; c'est cette couleur objet qu'il va transporter sur sa toile et la seule modification qu'il lui fera subir c'est qu'il la transformera en objet imaginaire. Il est donc le plus éloigné de considérer les couleurs et les sons comme un langage. Ce qui vaut pour les éléments de la création artistique vaut aussi pour leurs combinaisons : le peintre ne veut pas tracer des signes sur la toile, il veut créer une chose. SARTRE

Le peintre est créateur : il imagine et voit ce que les autres ne voient pas. C'est un voyant.

• « Il y a le vert [...] en artiste «. Dans la vie courante, on ignore généralement les choses qui nous entourent. Elles sont là, posées, sans fondement. On les ignore. Elles sont transparentes. C'est le monde de l'homme qui n'est pas un artiste.

• « Pour l'artiste [...] une chose «. Au contraire, l'artiste donne consistance au monde. Le monde n'est plus transparent. Il est imaginaire : l'artiste nous le fait comprendre symboliquement.

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