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Sartre - extrait de L'être et le néant: « ma chute originelle »

Publié le 29/08/2012

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Il faut d'abord que l'autre m'apparaisse. Je dois donc être conscient de ce que l'autre pense de moi. Or, cela, c'est habituellement ce qui est possible par la parole ou l'attitude. Mais il est clair que si je me représente l'image que l'autre se fait de moi, alors je n'ai pas de nature ou de dehors. Il y a simplement l'idée qu'un autre se fait de moi. En toute rigueur, il n'y a que l'idée que je me fais de l'idée qu'il se fait de moi. Et en ce sens, réduit à moi-même, je ne puis me connaître puisque c'est moi qui forge l'idée de ce que je devrais être. Si donc l'autre m'est nécessaire, ce n'est pas lui qui m'indique quel je suis pour lui simplement en se faisant une image de moi. Mais comment parler alors de surgissement de l'autre ? C'est que l'autre constituant mon acte, je dois donc saisir cette constitution de mon acte à même l'acte. Si on reprend les exemples de la honte et de la fierté. Dans les deux cas je suis honteux ou fier. Dans les deux cas, je le suis si et seulement si autrui est là. Par conséquent, ce sont mes actes qui me montrent comment autrui me constitue comme nature. Qu'en est-il alors du regard d'autrui sur moi ? Comment me constitue-t-il comme nature ? Sartre précise que le regard d'autrui que j'appréhende à même mes actes a deux effets si l'on peut dire, à savoir la solidification de mes possibilités et leur aliénation. Mes possibilités, ce sont précisément ainsi que je peux qualifier mes actes quand ils sont seulement miens. En effet, dans la mesure où ils sont libres, ils peuvent toujours être autres qu'ils ne sont ne serait-ce que par le sens que je leur donne ou encore par les actes ultérieurs que je vais commettre.

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« D'un autre côté, mes possibilités définissent mes actes en tant qu'ils sont libres.

Or, à partir du moment où mes actes prennent un sens définitif par le regard d'autrui,je ne puis plus les considérer comme des possibilités miennes.

J'en suis en quelque sorte déposséder.

C'est en ce sens que le regard d'autrui aliène mes possibilités s'ilest vrai que l'aliénation est le mouvement par lequel je me dessaisis de quelque chose, voire je me dessaisis de quelque chose d'essentiel.

Or tel est le cas puisque c'estce qui fait la matière de mon être dont autrui me dépossède.Dès lors, de la même manière que dans l'interprétation augustinienne de la chute, l'homme devient en quelque sorte esclave du péché, c'est-à-dire de sa désobéissanceà Dieu, de la même manière dans la conception sartrienne, autrui aliène mes possibilités.

On comprend alors que Garcin de Huis clos dise : « Pas besoin de gril :l'enfer, c'est les Autres ».

C'est l'autre qui fait à la fois la réalité de ce que je suis et donc l'aliénation de ma liberté.Toutefois, sans l'autre, je serais réduit à ne jamais savoir non pas seulement qui je suis mais que je suis.

De simples possibilités ne font pas des réalités.

C'est doncque l'autre n'aliène mes possibilités que pour me donner en retour mes réalités.

Là encore, on peut reprocher à Sartre d'en rester simplement au côté négatif de larelation à autrui et de ne pas voir en quoi elle présente un côté positif, à savoir celle de permettre au sujet de se reconnaître comme sujet comme Hegel l'avait bien vu.

En un mot, le problème était de savoir quel rôle joue dans la conscience de soi.

Sartre montre dans ce texte comment la simple présence de l'autre, le regard d'autruime découvre que je ne suis pas seulement un sujet, mais également un être qui a une nature.

Dès lors, autrui apparaît comme mon aliénation.

Toutefois, nous avonsvu qu'on pouvait voir un aspect positif à la relation à autrui, celle d'une reconnaissance de la réalité du sujet que nous sommes.

Sans autrui, nous ne serions que despossibilités abstraites.

C'est par autrui que nous pouvons véritablement donner une réalité à ce que nous sommes.

C'est par la reconnaissance que nous exigeons etobtenons toujours par nos actes que nous pouvons non pas nous mirer mais être.. »

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