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Sartre: le poids du monde et liberté

Publié le 27/02/2008

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« L'homme, étant condamné à être libre, porte le poids du monde tout entier sur ses épaules : il est responsable du monde et de lui-même en tant que manière d'être [...]. Ce qui m'arrive m'arrive par moi et je ne saurais ni m'en affecter ni me révolter ni m'y résigner. D'ailleurs, tout ce qui m'arrive est mien ; il faut entendre par là, tout d'abord que je suis toujours à la hauteur de ce qui m'arrive, en tant qu'homme, car ce qui arrive à un homme par d'autres hommes et par lui-même ne saurait être qu'humain. Les plus atroces situations de la guerre, les pires tortures ne créent pas d'état de choses inhumain : il n'y a pas de situation inhumaine ; c'est seulement par la peur, la fuite et le recours aux conduites magiques que je déciderai de l'inhumain ; mais cette décision est humaine et j'en porterai l'entière responsabilité. Mais la situation est mienne en outre parce qu'elle est l'image de mon libre choix de moi-même et tout ce qu'elle me présente est mien en ce que cela me représente et me symbolise. N'est-ce pas moi qui décide du coefficient d'adversité des choses et jusque de leur imprévisibilité en décidant de moi-même ? Ainsi n'y a-t-il pas d'accidents dans une vie ; un événement social qui éclate soudain et m'entraîne ne vient pas du dehors ; si je suis mobilisé dans une guerre, cette guerre est ma guerre, elle est à mon image et je la mérite. Je la mérite d'abord parce que je pouvais toujours m'y soustraire, par le suicide ou la désertion : ces possibles ultimes sont ceux qui doivent toujours nous être présents lorsqu'il s'agit d'envisager une situation. Faute de m'y être soustrait, je l'ai choisie. » SARTRE, L'Être et le Néant, Gallimard.
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« liberté du sujet (A), un univers où la responsabilité est fardeau, poids à assumer (B). A.

Dévoiler la liberté du sujet Ce texte a le mérite de dévoiler un univers humain, façonné par l'homme, un univers où rien de ce qui nousarrive n'est accidentel, où nous sommes totalement libres, où la liberté nous transit, niant tout donné, quelqu'il soit.

Ce que nous nommons destin n'est que la face ignorée ou occultée de notre liberté.

Chaque parcellede notre vie symbolise et reflète le pour-soi libre, qu'il s'agisse de notre apparence, de notre mode d'être, denotre vie « réussie » ou « manquée ».

De ce point de vue, le texte présente cet intérêt philosophique : nousrappeler que tout porte notre marque, celle du choix originel de nous-mêmes.

« Un homme s'engage dans savie, dessine sa figure, et en dehors de cette figure il n'y a rien.

Évidemment, cette pensée peut paraître dure àquelqu'un qui n'a pas réussi sa vie.

Mais d'autre part, elle dispose les gens à comprendre que seule compte laréalité, que les rêves, les attentes, les espoirs permettent seulement de définir un homme comme rêve déçu,comme espoirs avortés, comme attentes inutiles ; c'est-à-dire que ça les définit en négatif et non en positif.

»(Sartre, L'existentialisme est un humanisme, Nagel). B.

Dévoiler notre responsabilité Producteurs de possibles, nous sommes totalement responsables.

Puisque notre liberté est inéluctable, il nousfaut l'assumer totalement.

D'où la responsabilité infinie du pour-soi.Mais alors, je suis responsable, même de ma maladie, de ma douleur.

À l'intérieur de ma condition, je suis libreet sans excuses.

Contre toute tentative de « déresponsabilisation », Sartre voit en moi un protagoniste àdimension universelle et responsable de tout car la liberté garde toujours ses droits.

Allons jusqu'au bout de laréflexion de Sartre : le suicide est toujours possible, comme le pensaient d'ailleurs les Stoïciens.

Ainsi l'existantexpérimente sa totale liberté, au sein même de la contingence originelle.

Conscience et liberté sont une seuleet même chose.

Le texte de Sartre a le mérite de faire de l'homme un Dieu vivant, bien que mortel et voué,d'ailleurs, au malheur de la conscience et à une contingence qui se découvre dans La Nausée.

Un Dieu manqué,en somme.

Belle conception, lucide et vraie.

L'homme est une sorte de Prométhée, un démiurge voué àl'échec... Conclusion La liberté est-elle liée à la rationalité ? Plus qu'une puissance de la raison, elle est pouvoir de dire « oui » ou «non », en toutes situations.. »

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