Sciences & Techniques: Comment pense-t-on ?
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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document, émergence de souvenirs, rêverie...), des zones cérébrales différentes sont activées et s'associent à d'autres structures.
Lecerveau est une machine complexe, un dédale de neurones assemblés en un réseau interminable, un fouillis de " minicâbles ", desous-ensembles et de structures plus étendues.
Il fonctionne d'une manière globale, en mettant en jeu des milliards de connexionsentre plusieurs régions cérébrales.
S'il est difficile d'appréhender l'ensemble des processus mis en jeu, l'imagerie par résonance magnétique(IRM) fonctionnelle montre qu'une certaine " matérialité " de la pensée est inscrite dans le cerveau.
L'IRMpermet de suivre l'activité des neurones mis en action par un stimulus.
Par exemple, de localiser les zonesactivées par l'exécution d'un geste .
On s'est ainsi aperçu que, globalement, les mêmes régions sont activées quand ce mouvement est simplement imaginé (représentation mentale d'une activité motrice).Cependant, rien ne permet encore de déterminer selon quelles modalités se produit l'excitation oul'inhibition des neurones dans la zone concernée.
Selon le neurobiologiste Jean-Pol Tassin, professeur au Collège de France et directeur de recherche à l'Institut national de la santé etde la recherche médicale (INSERM), les pensées de l'observateur de la gare sont le fruit de deux traitements cérébraux différents.
Le premier relève de la réaction automatique et inconsciente, et correspond à l'activation de structures cérébrales profondes.
Il s'agitd'un traitement " analogique ".
Le second traitement est une opération " cognitive ", qui permet à l'observateur d'analyser desinformations et qui conduit au jaillissement de la pensée consciente.
Le squelette du psychisme
Pour penser et évaluer ce qui nous entoure, il a fallu un jour apprendre à connaître et à reconnaître cet environnement.
La perceptiond'un visage souriant suppose qu'on saisisse d'abord le concept de visage, qu'il soit lisse ou ridé, rond ou anguleux, placé dans l'ombreou surmonté de cheveux teints en bleu.
Il en va de même de l'expression de joie, qu'on déchiffre sans effort à condition de l'avoir déjàrencontrée.
Mais, pour le nourrisson, la tâche est malaisée : il doit apprendre à identifier, à différencier et à nommer une foule de concepts.
Au furet à mesure que l'enfant appréhende la réalité, il emmagasine une considérable palette d'" images internes " du monde : visages,lieux, objets, odeurs et couleurs, sensations et perceptions...
Il mémorise aussi un grand nombre de stratégies, élémentaires oucomplexes, construites sous l'influence de son environnement : en apprenant à résoudre les problèmes d'ordre physique (pourquoicette forme cubique n'entre-t-elle pas dans cette forme ronde ?) et psychique (quel est le bon comportement pour obtenir quelquechose au plus vite ?), il s'éveille à la conscience des objets, de soi et d'autrui.
Il apprend aussi à raisonner.
Chargées émotionnellement, ces images et ces stratégies sont progressivement stockées dans des " bassins " (ou " puits ") quiconstituent une sorte de squelette du psychisme.
Ces bassins n'ont pas de localisation précise dans le cerveau.
Ils résultent deplusieurs dispositions de neurones, qui s'assemblent en un réseau de plus en plus complexe à mesure que l'enfant grandit.Réactualisés à chaque nouvelle expérience, ils forment le socle de la personnalité et président à la maturation d'un système depensée.
C'est à ce niveau qu'intervient le traitement analogique, qui entre en jeu chaque fois qu'il y a une cohérence entre ce qu'on observe etla représentation stockée dans un bassin.
Par exemple, si l'on se trouve face à une situation qui ressemble beaucoup à un problèmequ'on a résolu autrefois, on suivra quasiment le même chemin pour l'affronter : on a effectué un raisonnement par analogie.
Imaginons que notre observateur de la gare fasse une erreur d'interprétation, en interpellant un inconnu qu'il prend pour l'un de sesamis.
Cette confusion provient d'un traitement analogique trop rapide, qui n'a pas eu le temps nécessaire pour distinguer la figure qui asurgi sur le quai de celle qui est connue et stockée en mémoire.
Le voyageur a détecté une cohérence dans cette ressemblance, ce qui l'a induit en erreur.
Inconsciemment, il a effectué un traitementde l'information rapide (de l'ordre de 100 à 300 millisecondes) et automatique, sans vraiment évaluer la situation.
Croisé par un autrevoyageur, le même personnage passera sans doute inaperçu, car il ne correspond pas aux caractéristiques saillantes stockées dansles bassins du premier.
Plus généralement, nous pouvons vivre les mêmes situations et y réagir différemment selon la composition de nos puits.
En activantles bassins d'une manière quasi inconsciente, le travail analogique suscite le jaillissement de comportements et de pensées uniques -toutefois marqués par des stéréotypes socioculturels et des archétypes humains.
Néanmoins, on se rend bien compte que le système analogique ne suffit pas à éclairer toutes les dimensions de l'activité mentale, afortiori les pensées plus élaborées et conscientes.
Revenons à l'expérience de la confusion des visages : " Il lui ressemble, mais cen'est pas celui que je connais.
" C'est le travail cognitif (qui nécessite de quelques secondes à plusieurs minutes) qui permetfinalement cette différenciation.
L'observateur a constaté une incohérence entre l'image répertoriée dans un bassin et lescaractéristiques du visage de l'inconnu.
Il a enregistré l'information (le visage) pour la comparer à l'inventaire des figures connues.
Ildonne alors une réponse de nature cognitive adaptée à la situation.
En comprenant enfin qu'il ne s'agit que d'une ressemblance, ilcorrige son erreur : " Je ne le connais pas.
"
Ainsi, face à toutes sortes d'imprévus (plus ou moins compliqués et stressants), on formule des solutions plus ou moins performantes,.
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