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Sciences & Techniques: L'agriculture : un danger pour les sols

Publié le 22/02/2012

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L'humanité dédaigne ce qui la nourrit. Elle ignore presque tout du sol, cette gigantesque machine biologique et chimique qui abrite des ordres entiers du vivant totalement inconnus. Or, la terre est gravement menacée par la nature et surtout par l'agriculture intensive. Le 16 juin 1997, un violent orage s'abat sur la région de Rouen. Un torrent de boue dévale le plateau qui surplombe les derniers méandres de la Seine. A Villers-Ecalles, des maisons s'effondrent ; à Saint-Martin-de-Boscherville, des lotissements sont noyés sous 2 m d'eau ; à La Vaupalière, une jeune femme et ses deux enfants périssent dans leur voiture emportée par les flots. En six heures, il tombe sur Rouen la pluie d'une année.
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« La matière organique est la nourriture des plantes.

Leur croissance est subordonnée à la richesse du sol, à ce qu'il peut offrir auxorganismes vivants.

Plus il est poreux, plus il permet aux plantes de s'enraciner et de bien se nourrir.

Plus il recèle de vie biologique,plus il est "riche". Le sol est également un filtre de l'eau de pluie : l'eau présente dans les nappes phréatiques a préalablement traversé le sol.

Celui-ciagit comme un épurateur, mais il intervient aussi dans la qualité chimique et biologique des eaux. Enfin, le sol est un matériau de construction (calcaire, sables, argiles) et un fournisseur de minerais.

La bauxite, le fer, l'or proviennentdu sol et non d'une roche mère.

L'aluminium en est même un composant essentiel : tous les sols en contiennent au moins 30 %. La roche mère se dégrade sans cesse.

Le sol est donc en perpétuel renouvellement.

Il s'épaissit lentement mais sûrement.

L'érosion,phénomène naturel, renouvelle les couches superficielles et les régénère.

Sans érosion, le sol peut s'appauvrir.

C'est le cas de solstropicaux qui atteignent parfois 20 m d'épaisseur.

Alors, le sol s'asphyxie, perd le contact avec l' atmosphère et voit s'éteindre son activité biologique. Mais le danger inverse est bien plus répandu.

Quand l'érosion est plus importante que la dégradation de la roche mère, le sol perd deson épaisseur et de sa consistance, et il se dégrade. Le chargement en qualité nutritive des sols, la formation de son humus, s'opère par échange avec la couverture naturelle, forêts ouprairies.

Le sol fournit à l'arbre la matière organique nécessaire à sa croissance .

L'arbre la lui restitue par la putréfaction des feuilles mortes.

Très lent, ce cycle est néanmoins parfaitement équilibré. Quand on défriche une forêt pour consacrer le sol à l'agriculture, il faut moins de dix ans de culture pour que la teneur en matièreorganique diminue de moitié.

Dans les pays tropicaux, de deux à trois ans suffisent même pour appauvrir complètement un soldéfriché.

D'où l'importance de restituer au sol cette matière organique par l'épandage de fumier, comme cela s'est fait jusqu'à l'orée duXXe siècle, ou, actuellement, par adjonction d'engrais, ou intrants, comprenant azote, phosphate et potasse. Moins de fumier, et c'est la Révolution ! Ces ajouts sont indispensables à l'agriculture.

Car les plantes récoltées sont extraites du cycle de lamatière organique.

Elles ne restituent donc pas à la terre les éléments qu'elles ont pompés pour leur croissance.

Il faut donc introduire des engrais.

Plus on pousse les rendements, plus la plante pompe lesol...

et plus il faut ajouter d'intrants.

C'est vraisemblablement parce que, tout au long du XVIIe et du XVIIIesiècle, on a négligé de fumer les terres que la France a vu ses récoltes diminuer.

Les graves disettes de lafin du règne de Louis XVI provoquèrent par ricochet la Révolution.

Le sol fait souvent l'histoire... L'INRA, à Versailles, étudie l'évolution des sols agricoles depuis 1929.

Sur quarante-deux petits carrés de terre d'environ 2 m de côté,les chercheurs ont instauré quarante-deux façons d'amender les sols.

C'est une expérience de longue durée, destinée à répondre àune question simple : comment se transforment les sols selon qu'on les cultive ou non, et, quand on les cultive, quels sont lesméthodes et les doses les plus néfastes ? La réponse tient dans l'évolution des 2 % de matière organique présents dans le sol.

Car, en dessous de 2 %, il y a rupture desagrégats, perte de porosité et apparition d'une croûte de terre dure et hermétique... En plaine, ce phénomène de "battance" peut se produire, mais le ruissellement des eaux de pluie est peu important.

Les glissementsde terre concernent cependant parfois 10 % de la couche d'humus - qui est évaluée dans une plaine comme la Beauce à environ 4 000tonnes par hectare.

Mais, dès que le sol est pentu, l'érosion devient plus importante.

Les deux grandes régions où le phénomène estle plus notable sont donc celles où les reliefs sont marqués : la Normandie et les coteaux du Sud-Ouest (Chalosse, Lauragais) -régions où l'agriculture intensive a débuté, il y a moins de trente ans. A la battance s'ajoute la diminution de la vie.

Les sols de grande culture deviennent de simples supports de la plante, désinfectés,aseptisés et fragilisés... Productivisme forcené Jusqu'à la première réforme de la politique agricole commune (PAC), en 1992, on poussait les agriculteursà mettre plus d'engrais qu'il n'en fallait.

Dans le système des aides européennes, destinées à compenserla différence entre le cours mondial et le prix garanti européen, plus on produisait, plus on touchait deprimes. Les conséquences de ce productivisme forcené sont aujourd'hui bien visibles : taux de nitrates élevé dans les eaux souterraines, accumulation de phosphates (eutrophisation) dans les eauxsuperficielles, diminution de la vie du sol (le ver de terre a quasiment disparu de certaines terres trèsexploitées), destruction des haies.... »

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