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Sciences & Techniques: Les xénogreffes

Publié le 22/02/2012

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Il y a un bail que le toubibs lorgnent du côté de S.O.S. bébêtes! Tenez, l'histoire de ce noble au crâne fracturé dans la Russie du XVIIè siècle. L'homme agonise, son médecin n'hésite pas: en deux coups de scie, il vous débite un os de chien qu'il greffe sur le crâne de son bon maître. Horrifié, le pope du coin alerte son Eglise. Crime de lèse-humanité! Retire l'os canin ou tu brûleras en enfer, ordonne-t-elle. L'expérimentateur s'exécute, il ôte du même coup la vie à son patient. La première xénogreffe avait fait long feu. Xénogreffe, du grec xenos, "étranger": marier un organe (on dit alors un greffon) d'une espèce à l'organisme d'une autre espèce. L'idée revient en force au début de ce siècle avec un Lyonnais, Mathieu Jaboulay. L'intrépide chirurgien raccorde le rein d'une truie fraîchement occise aux veines du coude d'une femme atteinte d'insuffisance rénale. Echec. Le même récidive bientôt avec un rein de chèvre. Re-échec. En 1909, le Berlinois Ernst Unger introduit un rein d'enfant mort-né dans un babouin l'organe fonctionne une journée. Bah, direz-vous, des audaces nées du désespoir: on ne savait pas encore greffer de l'humain sur de l'humain. Et non, puisque entre 1962 et 1992, 30 transplantations de coeurs de moutons, reins de chimpanzés ou foies de babouins ont encore été tentées, alors que les greffes d'organes humains étaient maîtrisées.

« anticorps spécialisés dans la reconnaissance du Gal se fixent sur celui-ci et déclenchent la mobilisation générale.

L'organe est alorsattaqué selon trois tactiques différentes. Dans les dix premières minutes, vingt protéines contenues dans le sang du malade s'associent, formant un véritable ciseau qui détruitle greffon.

Le chirurgien n'a pas fini de recoudre son patient que l'organe subit déjà un rejet hyperaigu.

Par un traitement particulier, lemédecin arrive parfois à éviter cette? fulgurante.

Las! un rejet différé intervient alors 36 à 72 heures plus tard.

Harponnées par 100 000anticorps chacune, les cellules de la paroi des vaisseaux porcins se mettent ainsi à fabriquer une substance qui solidifie le sangirriguant l'organe.

Le liquide devenu pâteux forme alors des caillots qui bouchent les vaisseaux...

et asphyxient le rein.

Une dernière?proche de celle qui se produit au cours des greffes entre humains, peut enfin survenir 7 à 10 jours après la transplantation, faisantcette fois intervenir un bataillon de cellules agressives, les lymphocytes. Transplanter durablement un organe de truie ou de verrat dans le corps d'un homme n'est donc pas gagné.

D'ailleurs, depuis 1992,date à laquelle un patient de 35 ans lesté d'un foie de babouin est décédé, aucune xénogreffe interne n'a été tentée.

La recherchecontinue cependant d'avancer...

en prenant le problème par l'autre bout. Puisque les organes de bêtes sont trop bestiaux pour l'homme, alors humanisons-les! En 1992, la société britannique Imutranannonçait ainsi la naissance de la première truie humanisée.

Fruit de douze années de recherches, Astrid porte en effet, sur la paroiinterne de ses vaisseaux, des protéines humaines qui empêchent la tronçonneuse moléculaire de les déchiqueter.

Par quel prodige?Le génie génétique, pardi! Lorsqu'elle n'était qu'un microscopique embryon , cette truie reçut, en plus de ses gènes de cochon ordinaire, le bout d'ADN humain qui commande la fabrication de la molécule protectrice. Résultat: lorsqu'en septembre 1995, dix coeurs de pourceaux humanisés sont greffés à des macaques,aucun ne subit de rejet hyperaigu.

Certains fonctionnent pendant 90 Jours.

Intéressant, car le macaque -comme l'homme et quelques autres primates - possède aussi des anticorps anti-Gal et le même type detronçonneuse...

Bien sûr, à l'échelle d'une vie humaine, ce délai de 90 jours serait trop court mais cetexploit ouvre des horizons troublants: rendre les organes de porc parfaitement compatibles avecl'organisme humain. Les chercheurs pourraient, par exemple, supprimer l'étendard Gal de la paroi des vaisseaux de l'animal en bloquant précisémentcertains de ses gènes - ce qui n'a à ce jour été réussi que chez la souris.

Les anticorps anti-Gal du receveur ne repéreraient plusl'organe, ce qui le protégerait des deux premiers types de rejets. Pour éviter ces agressions en chaîne, les chercheurs imaginent de modifier le système immunitaire du receveur afin qu'il ne s'attaqueplus à l'organe animal.

Pas question, évidemment, d'injecter des gènes de porc dans l'homme pour le rendre un peu cochon.

Non, ils'agirait plutôt de retirer du sang du futur transplanté tous ses anticorps anti-Gal, par exemple.

Ou de paralyser ses tronçonneusesmoléculaires.

Ou encore d'endormir ses lymphocytes grâce à une molécule, la cyclosporine, déjà utilisée dans les allogreffes (greffesd'un homme à l'autre).

Récemment, David Sachs, médecin de l'hôpital général du Massachussets, a ajouté à cette batterie detraitements immunosuppresseurs une nouvelle étape.

Avant de greffer un cœur de porc à un macaque, il lui a transplanté des cellules de moelle osseuse de cochon, responsables de la formation des lymphocytes ! Ces cellules tueuses faisant partie de la même familleque celles du cœur de porc, elles ne les ont pas attaquées. Toutes ces méthodes n'en sont bien sûr qu'au stade de l'expérimentation.

Mais les chercheurs sontconfiants: ils maîtriseront les rejets de xénogreffes...

dans quelques dizaines d'années.

Déjà, de grandslaboratoires mettent le paquet, comme le Suisse Novartis qui a investi 6 milliards de francs dans l'idée.Verra-t-on pour autant des milliers de personnes avec des reins de truies? Pas sûr.

Car d'ici là, il faudraavoir réglé un problème plus inquiétant, à l'échelle de l'humanité, que celui du rejet : le risque detransmission et d'adaptation chez l'homme d'un virus porcin inconnu, contagieux et virulent.

Car noussommes loin d'être à l'abri: 176 maladies animales auraient déjà été transmises à l'homme! Au premier rang: le virus du sida et la fièvre hémorragique d'Ebola . En mars 1997, des chercheurs britanniques et français ont par ailleurs montré que des virus, cachés dans l'ADN des cellules ducochon (on les appelle des rétrovirus), pouvaient infecter les cellules humaines à leur contact.

Cette étude n'ayant été menée que surdes cellules en culture, on ignore si la contamination d'un homme par un rétrovirus porcin pourrait réellement avoir lieu, ni combien detemps ce micro-organisme resterait en sommeil avant de déclencher une maladie.

D'autre part, les traitements immunosuppresseursque l'on administre au patient avant la greffe pourraient favoriser la multiplication de ces rétrovirus dans l'organisme.

Bref, on ne sait pas si c'est du lard ou du cochon. Avant de renouveler les greffes de rein, de foie ou de cœur de bête sur l'humain, la plupart des chercheurs se sont engagés à étudierplus amplement les risques de contagion et à mettre au point des tests qui permettraient de repérer les donneurs animaux les plussains.

Peut-être aussi ont-ils un peu peur de leur audace.

Jusqu'ici, l'homme s'était borné à devenir maître de la bête.

Demain, ill'introduira dans son propre corps sous forme de pièces détachées vivantes.

Jamais le couple homme-animal n'avait atteint une telleintimité! Homme-cochon, porc humanisé, les frontières deviennent floues, un cochon n'y trouverait pas ses petits.

En attendant, nelaissez pas ce magazine traîner sous le regard de votre chien même si vous êtes copains comme cochons.

Il pourrait prendre peur ets'enfuir pour toujours.. »

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