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Sciences & Techniques: L'intelligence est-elle innée ou acquise ?

Publié le 22/02/2012

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L'intelligence est-elle innée ou acquise ? Vieux débat, jamais tranché Un généticien australien relance la polémique : l'intelligence serait liée à des gènes situés sur le chromosome X. Découverte capitale ou dangereuse spéculation ? Comme à chaque rentrée, les parents angoissés, sur le chemin de l'école, se posent " la " question : l'intelligence nichée dans la cervelle de leurs chères têtes blondes est-elle le fruit de l'éducation ou est-elle liée à quelques gènes hérités au hasard de leurs géniteurs ? Bref, l'intelligence est-elle innée ou acquise ? Un vieux débat de famille que vient de relancer la prestigieuse revue britannique The Lancet (28 juin 1996), qui révèle, sous la plume de Gillian Turner, professeur à Newcastle (Australie), qu'il existerait une prédisposition génétique à la chose intellectuelle.

« La querelle reprend de plus belle en 1972, quand Christopher Jencks, sociologue à l'université Harvard (Massachusetts), sort de samanche ses propres statistiques , d'une précision suspecte : l'enfant puiserait 45 % de ses capacités mentales dans ses gènes, 35 % dans le milieu et le reste en combinant subtilement les deux.

La balance penche du côté de l'inné, à un " détail " près : les calculscomportent, de l'aveu même de l'auteur, une marge d'erreur de 20 %.

La même année 1972, R.

Lehrke promeut (déjà) le chromosomeX au rang de vecteur de l'intelligence. Une ex-petite orpheline du Paraguay, abandonnée par sa tribu Guyaqui et recueillie par un ethnologue qui a confié son éducation à sapropre mère, tend alors aux environnementalistes une main secourable : arrachée à sa forêt primitive, elle a brillé dans le primaire, lesecondaire et à la faculté, et maîtrise trois langues.

Autres alliés des " pro-milieu " : les animaux de laboratoires, en particulier lesrats, qui, placés dans un environnement stimulant, une cage équipée de balançoires, de tunnels et de billes, voient leur cortex s'étofferet sécrètent des enzymes " tonifiantes " pour leurs neurones.

Livrés à eux-mêmes, les rongeurs se morfondent et dépérissentintellectuellement.

Mais ces expériences laissent froids leurs détracteurs. Ainsi, un siècle de querelle n'a pas départagé les adversaires, d'autant plus pugnaces qu'aucune définition de l'intelligence ne faitl'unanimité.

La culture occidentale contemporaine porte plus que jamais la matière grise au pinacle.

Tout le monde parle d'intelligence,sans vraiment savoir de quoi il retourne, comme s'il fallait les mêmes dispositions d'esprit pour être banquier, artiste ou scientifique.Sans compter qu'un prix Nobel de physique parachuté dans le Grand Nord aurait toutes les chances de passer pour un âne sur la banquise et que le plus finaud des esquimaux perdrait tout ses moyens au coeur de Manhattan ou de l'Amazonie.

Intelligent en deçàdes Pyrénées, imbécile au-delà... Les tests de QI, remis à l'honneur avec tambour et trompettes à l'automne 1994, dans le best-seller The Bell Curve ( " La Courbe encloche " , 250 000 exemplaires vendus en un mois aux Etats-Unis), sont censés mesurer une intelligence monolithique en évaluant le" facteur G " , caractéristique intellectuelle de l'organisme supposée invariante : ni l'âge ni le milieu n'auraient prise sur cet indice del'intelligence générale.

Signé par un psychologue, Richard J.

Herrnstein (décédé depuis) et un sociologue, Charles Murray, le brûlot de845 pages, nourri de schémas et de chiffres, défend une série de thèses, dont quatre sont indéfendables du strict point de vuescientifique. 1.

Dans les sociétés post-modernes, émergerait une élite cognitive : les membres de cette aristocratie mentale, experts comptables,avocats, architectes, professeurs, chercheurs, évidemment majoritairement blancs, constitueraient une caste snobant les bas QI,forcément pauvres. Effectivement, aux Etats-Unis, le QI est corrélé avec l'argent, et pour cause : c'est une valeur symbole de l'American way of life Si,demain, la musique devenait une activité prioritaire outre-Atlantique, il y a tout à parier que les jazzmen, dont la réputation actuellen'est pas affaire d'intelligence, se verraient attribuer un QI haut de gamme.

La notion d'intelligence est capitaliste, se plaît à répéterBoris Cyrulnik.

Selon l'éthologue-psyschiatre de l'hôpital de Toulon-La Seyne (Var), le QI démarquerait volontairement les classessociales et traduirait une manière de vivre. 2.

Les performances intellectuelles varieraient selon l'appartenance ethnique : les Noirs auraient en moyenne quinze points de moinsaux épreuves de QI, où les Asiatiques arriveraient en tête. Différences peu surprenantes quand on sait que les tests le plus couramment pratiqués en Amérique du Nord ont été étalonnés defaçon à distinguer les garçons des filles, les Noirs des Blancs, les riches des pauvres... 3.

Les tests de QI seraient objectifs, donc crédibles, parce que scientifiques : ils mesureraient le " G " de chacun, supposé invariabletout au long de la vie. Faux ! Les enfants de divorcés présentent un QI lamentable dans les mois qui suivent la séparation de leurs parents.

Quant à celuides enfants maltraités, il peut être inférieur à 40 pendant la période d'inhibition affective, mais remonter au-dessus de 140 dès que lesenfants se retrouvent en sûreté.

Preuve qu'un changement de vie peut retentir sur les performances intellectuelles. 4.

Les capacités détermineraient les classes et les comportements sociaux : la naissance, la fortune familiale, l'éducation,l'appartenance à une religion ne seraient pas les leviers de la réussite sociale et économique, contrairement à l'intelligence.

Lesclasses défavorisées ne devraient s'en prendre qu'à leur tête mal faite. Erreur ! Décrocher un bon score aux tests est un exploit réservé aux élèves sécurisés par leur milieu, adaptés à un système scolairedonné et qui ont appris à résoudre toutes sortes de problèmes sans trop se poser de questions.Il faut donc se méfier de tous les testsde QI, qui ne traduisent jamais que la capacité à répondre à certaines questions et non, quand on y triomphe, une excellencepolymorphe, universelle. Si la querelle sur l'intelligence rebondit à intervalles réguliers, c'est qu'elle est d'abord idéologique.

Les gens de droite privilégientvolontiers les gènes quand ceux de gauche, à la fibre plus sociale, privilégient la famille et l'école.

Les scientifiques, généralementmodérés, sont plutôt favorables à la cohabitation.

Ménageant la chèvre héréditariste et le chou environnemental, ils refusent dedémêler l'inné de l'acquis, qu'ils jugent indissociablement mêlés dès le ventre maternel : 100 % de l'un, 100 % de l'autre, lancent-ils enguise de boutade.

De fait, lorsque l'enfant paraît, après neuf mois de gestation et de gesticulations, il a la tête farcie de connexionsneuronales.

Quelques semaines après la fécondation, l' embryon humain porte déjà sur son dos le tube neural, où se fabriquent des cellules nerveuses à la chaîne : 250 000 à la minute durant les seize premières semaines ! La cadence ne se relâche qu'en fin degrossesse .

A la naissance, bébé jouit donc d'un capital estimé à 100 milliards de neurones et commence à écouler les surplus.

A chaque nouvelle expérience, son cerveau se modifie et se soulage discrètement de quelques cellules grises.. »

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