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Sciences & Techniques: Neptune

Publié le 22/02/2012

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Depuis sa découverte, le 23 septembre 1846, par Johann Gottfried Galle, de l'observatoire de Berlin, et l'étudiant Louis d'Arrest, elle n'a toujours pas accompli une révolution complète. Sise à quelque 4,5 milliards de kilomètres du Soleil, dont elle fait le tour en 165 ans, Neptune, la plus petite des planètes géantes, soulève un tourbillon de problèmes. Qui la trouve trop grosse et pense que, vu son éloignement et sa cadence, il aurait fallu plusieurs milliards d'années pour qu'une boule de ce calibre prenne corps à de si longues encablures du centre du système solaire ; qui, au contraire, la juge trop petite, s'étonnant qu'elle ait ramassé aussi peu de matière après avoir balayé un volume aussi grand.

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« Pour l'heure, un seul vaisseau, affrété par la NASA, a survolé en coup de vent la planète bleu-vert.

C'était le25 août 1989.

Après Jupiter (1979), Saturne (1981), Uranus (1986), Neptune fut le dernier rendez-vous - furtif - de Voyager II, avant que la sonde ne s'enfonce dans l'immensité des confins du système solairepour franchir, sans espoir de retour, ses frontières. Pour cette ultime rencontre, l'engin s'est donné beaucoup de mal, approchant la planète de plus près qu'il ne l'avait fait pour aucune autre en douze ans devoyage.

Il est passé à seulement 4 950 kilomètres au-dessus de son pôle Nord, avant de mettre le cap à 64 800 km/h sur Triton, le pus grand de ses huit satellites.

De loin, ce dernier ressemble à la petite Pluton . Sur Triton, on a découvert une fine atmosphère piquetée de nuages et s'étendant à 800 km au-dessus de sa surface, mais aussi uneionosphère, et des geysers volcaniques éjectant de l'azote moléculaire et des particules de poussières sombres.

Ce qui n'a pas manqué d'attiser la curiosité. " On se demande aujourd'hui si ce satellite ne joue pas un rôle dans la chimie complexe de Neptune en l'alimentant en méthane, parexemple ", explique Daniel Gautier.

D'un diamètre de 2 705 kilomètres et d'une forte densité (2,066 kg/cm 3), ce qui laisse supposer qu'il possède un cœur de roc, le satellite lourd flotte au-dessus des nuages de la planète et peut procéder à de discrets échanges degaz.

Rétrograde, il tourne dans le sens inverse de Neptune et des autres satellites.

Une singularité de plus, preuve aux yeux decertains qu'il n'était pas là dès l'origine mais qu'il a été capturé. Au rythme où vont les choses, il se désintégrera en tombant sur la planète d'ici 100 millions d'années et formera des anneaux encoreplus spectaculaires que ceux de Saturne.

Aujourd'hui, cette pièce rapportée, en sus d'éventuels gaz, fournit des doses d'ions lourds àla magnétosphère de Neptune.

Un trafic que Voyager II a surpris, observant des aurores polaires similaires aux terrestres.

En raisonde la complexité du champ magnétique neptunien, elles n'affectent pas seulement les pôles mais envahissent de larges territoires,descendant jusqu'à des latitudes inhabituelles. C'est que la planète baroque, à l'instar d'Uranus, présente un champ magnétique basculé de 47° par rapport à son axe de rotation,sans être pour autant renversée sur son orbite, comme sa voisine.

son intensité passe de 1 Gauss, dans l'hémisphère sud, à moinsde 0,1 Gauss dans le nord : un jeu d'accordéon auquel les astrophysiciens tirent un coup de chapeau.

L'orientation et la variabilité dece champ magnétique leur donnent des indications sur ce qui se passe dans les tréfonds de Neptune : une enveloppe liquide,conductrice, chauffée à gros bouillons par une source d'énergie interne, entoure probablement son noyau de glace de 15 massesterrestres, ce qui la rend magnétique à souhait. Cette chaleur intérieure transparaît à l'extérieur puisque Neptune affiche la même températureatmosphérique qu' Uranus , alors qu'elle se trouve une fois et demi plus loin du Soleil et devrait, en toute logique, être beaucoup plus froide.

La raison de ce tempérament brûlant ? Sans doute n'a-t-elle pas fini dese refroidir depuis sa formation, à l'inverse d'Uranus.

Pourquoi cette différence ? Pus petite, elle aurait dûperdre ses calories plus vite.

Mais elle est aussi beaucoup plus dense (1,66), ce qui a dû freiner la chutedu mercure.

La minigéante Neptune paraît même très lourde par rapport à sa taille.

Autant de singularitésphysico-chimiques qui font de Neptune une planète improbable.

A elle seule, cette planète cristallise toutes les failles des théories sur l'origine du système solaire. " Le problème ne vient pas de la planète mais du modèle, constate Bruno Sicardy.

Il est possible qu'au début, les choses se soientdéroulées beaucoup plus vite qu'on ne l'imagine.

Ou que le milieu dans lequel a évolué Neptune fusse nettement plus riche que prévu.Ou peut-être les deux.

" Allez savoir...

Quand on n'a qu'un seul exemple à sa disposition, le nôtre en l'occurrence, dont l'âge vénérablen'arrange rien, il est difficile d'avoir les idées très claires sur la genèse d'un système planétaire. " Nous n'avons pas encore observé de disque proto-planétaire autour d'une autre étoile .

Les rares planètes extrasolaires observées jusqu'ici sont à des stades plus avancés ", poursuit ce jeune professeur d'astrophysique à l'université Paris VI.

Ce qui n'empêchenullement d'échafauder des théories.

Neptune, par exemple, ne serait pas née là où elle habite.

Elle se serait formée plus près duSoleil, dans un canton dense de la nébuleuse solaire soumis à un brassage intensif, puis aurait migré vers le fond du système solaire. Loin du Soleil, au calme, elle serait devenue indolente.

" Une conjecture parmi d'autres qui pose des problèmes de dynamique et àlaquelle je ne souscris pas.

Les hypothèses se succéderont aussi longtemps que nous ne disposerons pas de nouvelles observationsin situ.

Comme si l'on prétendait connaître à fond la Terre en ne l'ayant survolée qu'une seule fois, à 27 km/s.

Nous n'avons pas assez de contraintes observationnelles pour séparer le bon grain de l'ivraie ", conclut lucidement André Brahic.. »

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