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Sciences & Techniques: Vers une nouvelle Pangée

Publié le 22/02/2012

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Les plus grands continents à nouveau rassemblés, plusieurs pays côtiers jetés en pleine mer : tel est peut-être l'avenir lointain de la face émergée de la Terre. Un avenir en forme de retour, car on soupçonne les plaques d'avoir fait le même trajet depuis au moins 400 millions d'années. La Californie, on le sait, dérive lentement vers le nord-ouest. Il existe, sur un mur de Los Angeles, une fresque qui la représente, toutes amarres rompues, transformée en île du Pacifique. La ville de Phoenix, actuellement située dans l'Arizona à 500 km de la mer, est devenue une station balnéaire... Beau comme un mythe, ce tableau n'est qu'un rêve. Les déplacements globaux le long de la faille de San Andreas se mesurent en effet en centimètres par an, quelques séismes par siècle provoquant des déplacements locaux de quelques dizaines de centimètres, voire d'un mètre. Il existe des modèles évaluant les grands déplacements anciens et même récents des plaques lithosphériques. Peut-on en tirer autre chose que de vagues hypothèses concernant l'avenir ? Peut-on en tirer des prévisions concernant les séismes ?

« Il y a 200 millions d'années, la Pangée, assemblage de blocs continentaux dont la surface totale était à peu près celle de la moitié denotre globe, commence à se disjoindre.

Après une phase de craquements, qui a probablement duré plusieurs dizaines de millionsd'années, des domaines océaniques apparaissent à l'intérieur de la Pangée.

Celle-ci se sépare alors en trois "super-blocs", auxfrontières à peu près parallèles.

Le premier rassemble l'Amérique du Nord et le nord de l'Eurasie : c'est la Laurasie.

Le second englobel'Afrique et l'Amérique du Sud et forme la partie ouest du Gondwana.

Le troisième, qui comprend l'Antarctique, l'Inde et l'Australie,forme le Gondwana oriental. A cette époque, l'autre moitié de notre globe est occupée par un immense océan, ancêtre du Pacifique actuel.

Un très grand bras decet océan, la Paléotéthys ("ancienne Téthys"), s'avance vers l'ouest, entre la Laurasie et des petits blocs continentaux situés au norddes deux parties du Gondwana (le Sud-Tibet, l'Afghanistan et l'Iran du sud-est). Ces trois super-blocs vont lentement s'écarter les uns des autres jusque vers 120 millions d'années.

A cette époque, ils commencentà se scinder en neuf blocs plus petits, accompagnant les mouvements des plaques qui les portent.

Au Crétacé supérieur (vers -85millions d'années) le découpage des grandes masses continentales est proche de celui que nous connaissons actuellement.

Cetépisode clé de la séparation des blocs est appelé "réorganisation crétacée". Depuis 85 à 80 millions d'années, en effet, les neufs blocs se déplacent les uns par rapport aux autres, et ont créé la plupart desocéans que nous observons actuellement. Sept d'entre eux continuent de suivre, dans cette deuxième phase, des directions voisines de celles qu'ils suivaient entre 180 et 120millions d'années.

Ce sont les blocs situés au cœur de l'ancienne Pangée.

L'Inde et l'Australie, en revanche, ont "rebroussé chemin"vers le nord, se séparant de l'Afrique et de l'Antarctique.

Ils ferment ainsi la Téthys, qui s'était ouverte au sud des petits blocs tibétain,afghan et iranien, dont le déplacement vers le nord avait fermé la Paléotéthys. Ainsi donc, depuis au moins 180 millions d'années, notre globe présente deux visages : l'un, continental, est issu de la Pangée,l'autre, océanique, comprend les domaines Pacifique ancien et moderne. L'ancienne Pangée s'est scindée en plaques qui se déplacent lentement les unes par rapport aux autres : quelques centimètres par anen moyenne.

L'énergie interne de la Terre semble s'y dissiper principalement sous forme de séismes. Sur l'autre visage, les fonds sont animés d'un mouvement plus rapide (jusqu'à 20 cm par an).

Dans lePacifique occidental et l'océan Indien, les plaques remontent assez vite vers le nord.

Elles portent desfragments continentaux de taille variée qui traversent cette grande baie, descendante de la Paléotéthys.Les fonds océaniques étant dépourvus de "couvercle continental", l'énergie interne de la Terre s'y dissipepar la remontée du manteau profond et chaud et son refroidissement.

C'est ce régime, dit "régimePacifique", qui gouverne principalement le mouvement relatif des plaques dans cet hémisphère. Mais revenons un peu en arrière.

On a pu constater que la charnière entre les deux phases principales de la dispersion de la Pangée,la "réorganisation crétacée" donc, coïncide avec une période extrêmement stable du champ magnétique terrestre. Le champ magnétique terrestre s'est en effet inversé plusieurs fois au cours de l'histoire de la Terre.

Depuis 160 millions d'annéesenviron, on a relevé plus de 120 inversions principales, à intervalles irréguliers.

Mais entre 110 et 83 millions d'années environ, soitdurant près de 25 millions d'années, le champ magnétique a conservé son orientation.

C'est l'époque de la réorganisation crétacée. Or, on a toutes les raisons de croire que le champ magnétique terrestre dépend de phénomènes thermiques profonds, situés entre lemanteau et le noyau, ou même dans le noyau.

Cette coïncidence donne à penser que les mécanismes très profonds qui agissent aucœur de la "machine Terre" ont une influence sur le mouvement des plaques lithosphériques. Tentons maintenant de remonter un peu plus loin.

Comme on l'a déjà dit, les témoins directs des mouvements d'avant 180/200 millionsd'années ont disparu.

On ne peut les connaître qu'indirectement, par l'étude du paléomagnétisme ou des grands linéaments intra-continentaux. Certaines roches comportent des minéraux qui conservent la mémoire de la direction du champ magnétique terrestre au moment deleur refroidissement.

La mesure de cette aimantation "fossilisée" permet, entre autres choses, de connaître la latitude à laquelle cesroches ont subi le refroidissement.

On peut donc reconstituer, à l'aide de cette donnée, même si c'est de façon parfois imprécise dansle détail, les mouvements passés des plaques. D'autre part, on connaît, sur les continents, de grands linéaments comme ceux du Texas et du nord du Canada.

Ces linéaments ontété le lieu d'une activité tectonique très ancienne, dès le Paléozoïque (-400 millions d'années peut-être), soit bien avant la dislocationde la Pangée.

On observe que, à grande échelle, leurs directions coïncident remarquablement avec celles des mouvements decoulissement des plaques lors de la cassure de la Pangée.

Les premières ruptures se sont produites à peu près perpendiculairementà ces linéaments. Les zones où la Pangée s'est ouverte avaient parfois été occupées auparavant par des chaînes de montagnes.

Ces chaînes avaientété formées lors des mouvements de rapprochement à l'origine de la Pangée.. »

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