Devoir de Philosophie

Se sentir obligé, est-ce renoncer à sa liberté ?

Publié le 27/03/2005

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« Je suis libre quand je suis dans mon propre élément « écrit Hegel en introduisant ses Leçons sur l'histoire de la philosophie. Il signifie par là que la liberté est un état, l'état de l'individu qui agit conformément à sa volonté et, de fait, qui ne subit aucune contrainte. Dès lors, on peut penser que l'obligation, entendue comme l'incitation extérieure et nécessaire à commettre un acte, s'oppose à la liberté ; on dit souvent des actes commis par obligation qu'ils n'auraient jamais été accomplis si on avait eu le choix. L'obligation est souvent la seule raison que l'on trouve à l'accomplissement d'un acte. Ainsi le devoir semble avoir comme principal aspect l'impossibilité, pour l'agent, de faire autrement, d'accomplir un autre acte, ou même de ne pas l'accomplir. C'est cette absence pure et simple de choix qui paraît être l'antagoniste du libre arbitre, ce dernier étant justement compris comme la possibilité pour l'individu de décider comme, et quand, il le souhaite de ses actes.

Faut-il pour autant conclure à l'exclusion de toute forme de liberté lorsqu'il est question de devoir ? La liberté est-elle réellement l'absence totale de toute forme de contrainte ? Si c'est le cas, peut-on vraiment prétendre avoir jamais commis un seul acte libre ? Inversement est-il correct de dire que l'on accepte un devoir, et donc que l'on s'y soumet librement ? Se sentir obligé, est-ce renoncer à sa liberté ?

On le comprend, s'il est facile d'opposer l'obligation à la liberté, du point de vue de leur définition mutuelle, il semble qu'au sein du domaine pratique, ces deux notions, sans aller de paire ne s'excluent peut-être pas totalement ; c'est ce qu'il s'agit d'étudier au sein de cette réflexion.

 

« III. La liberté n'est pas un sentiment.

Bien au contraire, elle est ce qui fait que l'homme se détermine, se définit lui-même.

Avant de tout lui permettre, elle l'oblige a être responsable deses actes, mais surtout de l'humanité qu'il construit à travers eux. Dans L'Existentialisme est un humanisme , Sartre affirme que l'existence de l'homme précède son essence.

Il entend par là que l'individu humain n'a pasd'essence prédéterminée, mais que ce sont ces actes qui le définiront.

Ainsi,selon le philosophe français « l'homme existe d'abord, se rencontre, surgitdans le monde, et […] se définit après ».

L'individu est donc par essence librede se définir.Pourtant, si l'homme est libre par nature, il n'en demeure pas moins un hommede devoirs.

L'être humain selon Sartre est libre d'être qui il veut, mais il porteen lui, et avec ses actes, la responsabilité de tout le genre humain.

Ainsi, lephilosophe poursuit-il avec ces mots : « il n'est pas un de nos actes qui, encréant l'homme que nous voulons être, ne crée pas en même temps uneimage de l'homme tel que nous estimons qu'il doit être ».Si l'on entend par « se sentir obligé », le sens du devoir et de la responsabilitéde l'être humain, alors, ce n'est justement qu'en ressentant ce dernier quel'individu humain peut utiliser au mieux ce qui lui a été donné, c'est-à-dire saliberté pratique.

Dans cette mesure ne pas avoir le sens du devoir, c'estprécisément renoncer à sa liberté.

Une philosophie existentialiste se définit par le fait qu'elle pose l'existenceavant l'essence et de la sorte définit la condition humaine.

Les objetsmatériels dérivent d'un concept, répondent à une finalité — ce à quoi l'objetva servir — et à un ensemble de règles techniques.

Pour tout ustensile, l'essence précède l'existence, et sonexistence ne vaut que dans la mesure où elle réalise l'essence, c'est-à-dire par rapport à l'idée qui a permis de laconcevoir et de la produire.

Dans la théologie traditionnelle, on voit en Dieu une sorte d'artisan supérieur qui a crééle monde et les hommes à partir d'une idée, d'un projet.

Lorsque Dieu crée, il sait au préalable ce qu'il crée.

Chaqueindividu réalise un certain concept contenu dans l'entendement divin.

Au xviiie siècle, au concept de Dieu a succédéle concept de nature humaine, chaque homme étant un exemplaire particulier d'un concept universel : l'Homme.

Dupoint de vue de l'idée ou de l'essence, c'est-à-dire dans le fond, tous les hommes sont semblables, quels que soientleur culture, leur époque ou leur statut social.

Pour l'existentialisme athée tel que l'a pensé Sartre, Dieu n'existe pas,il n'y a pas d'origine unique au monde, ni de référent suprême.

Il y a un donné d'origine : la réalité humaine, soit desindividus qui d'abord existent avant de se définir par concepts.

On surgit dans le monde et l'on se pense ensuite.

Sil'homme est a priori indéfinissable, c'est qu'a priori il n'est rien tant qu'il ne s'est pas fait lui-même par unengagement dans le monde : "L'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait." Conclusion : L'obligation exclut la liberté si l'on entend par cette dernière la possibilité de faire tout ce que l'on veut tout letemps.Mais cette forme de liberté n'existe pas ; tous nos actes trouvent nécessairement des causes, et des raisons.

C'est justement dans les raisons d'agir que l'homme trouve la possibilité d'exprimer sa liberté.

S'il penche, ou se sentobligé, d'agir d'une certaine manière, cette sensation ne suppose aucunement le renoncement à son libre-arbitre.

Aucontraire, assumer ses choix c'est justement faire preuve de liberté.

Dans cette mesure, c'est la responsabilité reconnue et affirmée de l'individu qui défini au mieux la preuve d'unecertaine forme de liberté.

La liberté peut donc être entendue comme la construction volontaire d'une image de l'Homme, comme laconstruction de l'humanité.. »

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