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S'en tenir aux faits, est-ce une garantie suffisante d'objectivité ?

Publié le 20/01/2005

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Enfin, Galilée a su négliger ce qui devait l'être. ainsi, il n'a pas tenu compte des forces de frottement de la boule sur le plan ou de la résistance de l'air, qui, ralentissent la chute. Kant a su montrer en quoi l'expérimentation rompait avec l'observation : en quoi ici la théorie prenait le pas sur la simple réception de l'expérience première, et en quoi l'effort scientifique visait à poser une question précise à la nature, en inventant les moyens de la contraindre à nous répondre. « Lorsque Galilée fit rouler ses boules sur un plan incliné avec un degré d'inclination qu'il avait lui-même choisi [...] une lumière se leva pour tous les physiciens. Ils comprirent que la raison ne perçoit que ce qu'elle produit elle-même d'après ses propres plans, qu'elle doit prendre les devants [...] et forcer la nature à répondre à ses questions [...] car sinon les observations, faites au hasard, sans plan tracé d'avance, ne se rattacheraient pas à une loi nécessaire, ce que la raison pourtant recherche et exige. » Reste à montrer grâce à un exemple pourquoi Bachelard déclare que l'esprit scientifique « juge son passé en le condamnant ». Bachelard affirme : « Il n'y a pas de transition entre le système de Newton et le système d'Einstein.

 Vous pouvez simplement partir ici de l’expression « s’en tenir aux faits «. Quand on dit qu’on s’en tient au fait, ceci signifie qu’on évite d’ajouter une quelconque interprétation de la réalité, qu’on se contente de restituer ce qui s’est passé. Ainsi, le juge qui ne s’en tient qu’aux faits est celui qui met de côté des convictions personnelles et qui refuse également d’écouter les interprétations des autres. Ainsi, une personne peut soutenir qu’elle n’est pas coupable, si les faits parlent contre elle, on lui dira simplement qu’on s’en tient aux faits et que les faits montrent sa culpabilité. En ce sens, s’en tenir aux faits semble bien être une garantie d’objectivité puisque l’objectivité se définit en premier lieu comme une forme d’impartialité. On parlera ainsi d’objectivité lorsqu’une description, un discours sont impartiaux c’est-à-dire indépendants des intérêts, convictions ou préjugés de ceux qui les énoncent. On parlera également d’objectivité pour qualifier le caractère de ce qui est indépendant de l’esprit humain. Or, s’en tenir aux faits c’est bien s’en tenir, semble-t-il à ce qui est extérieur à l’esprit, indépendant du sujet. Néanmoins, vous pouvez remarquer qu’une telle approche suppose une certaine conception du fait. Comme nous venons de l’indiquer, nous supposons ainsi et nous considérons spontanément que les faits sont extérieurs, indépendants de l’esprit humain. Or, une telle approche demande réflexion. En effet, les faits ne sont-ils pas le produit d’une construction de notre esprit, construction peut-être inconsciente, mais alors d'autant plus insidieuse et discrète ? Après tout, de nombreux " faits " considérés d'un point de vue scientifique comme irréfutables révèlent aujourd'hui leur insuffisance. Pensez ici, par exemple, au travail de l’historien. Reportez-vous également aux analyses de Bachelard dans le champ de la connaissance scientifique lorsqu’il montre que « rien n’est donné, tout est construit «. Il s’attache ainsi à montrer que les faits sont l’objet d’une construction. Dès lors, faut-il affirmer qu’il n’y a pas d’objectivité possible ? Qu’est-ce qui peut garantir l’objectivité ?

« relativité Einstein ienne, la naissance de la mécanique ondulatoire, l'émergence des mathématiques axiomatiques sont le résultats d'efforts pour penser « contre une connaissance antérieure », mais cette dernière prend alors moins l'aspect de nos préjugés naturels que de notre héritage scientifique, qu'il faut reconsidérer et réformer. Or, en prenant un exemple peu Bachelard ien, on aimerait illustrer le propos de l'auteur : « Il y a rupture et non pas continuité entre l'observation et l'expérimentation. » En effet, si la science moderne prend naissance avec l'apparition de l'expérimentation, la croyance en l'observation, en l'expérience première et en ses prétendus faits estl'obstacle premier et majeur à la connaissance rationnelle. L'exemple le plus célèbre et le plus célébré reste le dispositif expérimental par lequel Galiléé , à l'aube du XVII ième, parvint à établir correctement la loi de la chute des corps.

Pour étudier cette chute des corps, Galilée ne se fie pas à l'observation commune, mais construit un dispositif, sélectionne les paramètres décisifs pour la loi qu'il veutétablir, et invente le moyen de mesurer leurs variations réciproques.

Il s'agit simplement de faire rouler des boulesdans un canal rectiligne creusé dans un plan incliné.

Il suffit ensuite de mesurer le temps de chute de la boule enfonction de la distance parcourue. Un certain nombre de traits remarquables se dégagent de cette expérience.

Tout d'abord Galilée a su comprendre que le mouvement de la boule est une chute, ralentie certes, et identique à la chute des corps. Deux mouvements différents pour le sens commun (la chute d'une pomme, par exemple, et le glissement d'une boule sur un plan incliné) sont compris comme identiques.

Mais, alors que le premier est difficilement mesurableavec les instruments de l'époque, le second peut l'être. Ensuite, Galilée , pour vérifier ses hypothèses, a construit, après avoir conçu, un dispositif technique.

C'est en ce sens que l'on peut parler du début de l'expérimentation et de la rupture avec l'observation courante. Le trait de génie de Galilée consiste en l'association de la science et de la technique et en l'élaboration d'un mécanisme permettant de mesurer les rapports entre les paramètres sélectionnés.

Le dispositif permet aussi decalculer les variations réciproques de l'espace et du temps et d'établir que la distance parcourue par le mobile estproportionnelle au carré du temps de la chute. Enfin, Galilée a su négliger ce qui devait l'être.

ainsi, il n'a pas tenu compte des forces de frottement de la boule sur le plan ou de la résistance de l'air, qui, ralentissent la chute. Kant a su montrer en quoi l'expérimentation rompait avec l'observation : en quoi ici la théorie prenait le pas sur la simple réception de l'expérience première, et en quoi l'effort scientifique visait à poser une question précise à la nature, en inventant les moyens de la contraindre ànous répondre. « Lorsque Galilée fit rouler ses boules sur un plan incliné avec un degré d'inclination qu'il avait lui-même choisi [...] une lumière se leva pour tous les physiciens.

Ils comprirent que la raison ne perçoit que ce qu'elle produitelle-même d'après ses propres plans, qu'elle doit prendre les devants [...] et forcer la nature à répondre à sesquestions [...] car sinon les observations, faites au hasard, sans plan tracé d'avance, ne se rattacheraient pas àune loi nécessaire, ce que la raison pourtant recherche et exige. » Reste à montrer grâce à un exemple pourquoi Bachelard déclare que l'esprit scientifique « juge son passé en le condamnant ».

Bachelard affirme : « Il n'y a pas de transition entre le système de Newton et le système d'Einstein .

On ne va du premier au second en amassant des connaissances [...] Il faut au contraire un effort de nouveauté totale.

» Pour Bachelard en effet, les idées et connaissances héritées finissent par former une sorte « d'inconscient » scientifique, qui produit l'impression que tel ou tel axiome, tel ou tel concept sont évidents et vont de soi. Or, « Toute vérité nouvelle naît malgré l'évidence, toute expérience nouvelle malgré l'évidence immédiate. » Bachelard se sert de l'exemple de l'idée de simultanéité pour le montrer.

L'idée de simultanéité est une idée simple, évidente, immédiate. Autrement dit une question que l'on n'éprouve pas le besoin de se poser.

Dans la physique de Newton, si l'on doit, pour étudier le mêmemouvement dans deux repères différents, changer les coordonnées spatiales, il va de soi que la coordonnée temporelle reste identique.

Le mêmephénomène est pensé comme simultanéité dans les deux repères différents.

Or, c'est un fait que la mécanique d' Einstein a su montrer que cette idée prétendument simple de simultanéité était en réalité complexe, et que le temps s'écoulait différemment pour deux observateurs animés devitesses différentes.

On connaît le paradoxe des jumeaux de Langevin .

Si l'on envoie l'un des deux jumeaux dans l'espace à une vitesse proche de celle de la lumière, il ne vieillira pas au même rythme que le jumeau resté sur la terre. Cela signifie que l'on passe d'une théorie à l'autre par une redéfinition des concepts initiaux, des notions fondamentales de la physique (ici le temps, mais la physique ondulatoire a amené à une redéfinition de la notion decause).

Il ne s'agit donc pas d'une transition d'un système à un autre, mais d'une révolution, et d'une mutation dansles méthodes et les concepts.

De ce que Bachelard nomme une déformation.

La notion de temps voit son sens radicalement renouvelé du système de Newton à celui d' Einstein . Le mérite de Bachelard est de montrer que l'esprit a toujours l'âge de ses préjugés.

Si l'obstacle premier, inhérent à l'acte même de connaître est la connaissance commune, l'opinion, reste que « l'esprit scientifique est. »

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