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Sens et valeur du travail ?

Publié le 02/02/2004

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travail

Comment expliquer ce paradoxe ?

Travail et morale

On peut voir dans la valeur accordée au travail, l'héritage d'une tradition moraliste, d'origine religieuse, pour laquelle le travail est synonyme de discipline et de renoncement au plaisir. Plus le travail est pénible, plus il impose de sacrifices, plus grande est son efficacité morale, car il forme la volonté et réprime les désirs. La dignité du travail tient à ce qu'il est ce commencement de la moralité ; il est une vertu dont le contraire est un vice : l'oisiveté. La critique de cette valorisation morale soupçonnera la « glorification « du travail d'être le moyen par lequel une société grégaire veut empêcher les hommes d'accomplir leur individualité dans des activités librement choisies. Ce n'est plus alors à l'oisiveté que le travail s'opposera, mais au loisir.On peut interpréter tout autrement l'importance accordée au travail : si même une activité aliénée joue un rôle essentiel dans la vie du travailleur, c'est bien le signe du caractère fondamental du travail pour l'homme. On reconnaît là une interprétation du marxisme qui voit dans le travail l' « essence « de l'homme et attend de la société communiste qu'elle assure la réconciliation entre les conditions sociales et cette essence humaine du travail.

Travail et histoire

Marx cependant suggère de distinguer le travail destiné à la satisfaction des besoins et la libre activité, qui devra permettre la réalisation de soi. Certains (par exemple Hannah Arendt, mais aussi parfois Marx lui-même), hésitent à appeler encore ces activités du « travail «.

travail

« Le travail, son sens humain, sa valeur morale INTRODUCTION Le travail est apparu, dans l'antiquité, comme un malheur ; la tradition juive en fait la conséquence de la faute originelle; de même, pour les Grecs, le travail est le fait non de l'homme libre mais de l'esclave ; le terme « travailler » porte en lui ses propres stigmates, il vient du latin « tripaliare » qui signifie torturer. Aujourd'hui, au contraire, le travail est considéré comme une valeur positive ; la pensée chrétienne ne l'envisageplus uniquement comme la conséquence du péché mais comme un moyen normal et naturel de sanctification ; pourla pensée hégélienne et marxiste, le travail, loin d'être une servitude, est l'instrument par lequel l'humanité réalise sa propre essence et accède à sa liberté, c'est « l'acte par lequel l'homme se produit lui-même », Hegel). Est-ce à dire qu'un te! renversement de perspective soit définitivement acquis ? Non sans doute car, si le mondemoderne a découvert les dimensions proprement humaines du travail, le pessimisme antique en avait souligné — demanière exclusive, certes, mais valable — les aspects dégradants et toujours actuels.

Le travail humain est ambigu ;ce sont les deux aspects de cette ambiguïté qu'il nous faut mettre en lumière. I.

— LE TRAVAIL HUMAIN ET HUMANISANT Le sens humain du travail et sa valeur positive apparaissent clairement lorsqu'on compare le travail humain auxautres formes de travail. 1° La nature humaine du travail.

— Le cheval qui tire un chariot «travaille » en développant une énergie caractérisée par son point d'application, sa direction et son intensité ; on parlera de même de travail développé pardes forces physiques ; mais on dira aussi d'un intellectuel, qui ne produit aucune énergie matérielle utilisable, qu'iltravaille. Ce qui fait qu'un travail est un travail au sens humain du mot, ce n'est donc pas tellement qu'il produit une énergie,mais qu'il exprime une pensée au travers d'un vouloir : « Ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construiredans la ruche » (Marx) ; le travail humain est donc celui qui transforme la nature à partir d'un projet délibérément exécuté; ainsi l'animal n'ajoute rien à la nature tandis que l'homme s'ajoute àla nature, il l'humanise.

Le travail est ainsi un moyen essentiel pour l'homme deréaliser ses pensées, de donner corps à ses desseins, bref de savoir ce qu'ilest et, véritablement, de se faire exister. 2° Valeur morale du travail.

— Le travail humanise la nature et en même temps humanise l'homme ; et il l'humanise non seulement en ce que, par letravail, il se « produit » lui-même dans ses œuvres, mais en ce que le travail «moralise » par les vertus que son accomplissement exige.

Citons quelques-unes de ces vertus : l'attention d'abord qui est soumission à l'objet, la patience, continuité dans l'effort, la persévérance ; la discipline de l'action, requise par la matière sur laquelle on travaille, mais aussi par le cadrecollectif dans lequel en général s'exécute le travail ; d'où aussi la solidarité des ouvriers d'un même atelier, d'une équipe de médecins dans une mêmeclinique, des chercheurs d'un même laboratoire ; l'initiative et le risque que l'on doit prendre ; le sens de la responsabilité du travailleur devant ceux qui useront du fruit de son travail et qui, de proche en proche, par delà l'atelier ou le laboratoire, Me le travailleur à la totalité humaine. La conscience professionnelle exprime ainsi ce qu'il y a de plus quotidien et deplus constant dans la moralité ; c'est dans le travail que se forgent quelques-unes des vertus de base de l'humanité.

On comprend dès lors que l'homme oisif soit souvent immoral ; on comprend aussi que le drame duchômage ne soit pas simplement un drame matériel, mais proprement un drame moral, car le chômage exclut letravailleur du monde humain réel, d'un monde où chacun peut témoigner de sa valeur et prendre sa part deresponsabilité.. »

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