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SI LES NAVETTES MARCHAIENT TOUTES SEULES ON POURRAIT SE PASSER D'ESCLAVES ». Cette boutade d'Aristote annonce-t-elle deux millénaires en avance le machinisme contemporain ?

Publié le 27/02/2008

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aristote
Il y a, disait Aristote — dès le début de la Politique —, deux sortes de machines : celles qui sont inanimées et celles qui sont animées ; ces dernières sont les esclaves. Pour lui l'esclavage est une loi naturelle, car il faut bien manipuler les outils, faire tourner la meule, accomplir toutes les besognes matérielles indignes de l'homme libre. C'est ironiquement qu'Aristote déclare que l'humanité pourrait se passer d'esclaves à une seule condition : si un jour un simple commandement suffisait pour mettre en mouvement les outils, si « les navettes marchaient toutes seules » à l'exemple des trépieds miraculeux, qui, disait-on, sur un simple signe des habitants de l'Olympe venaient d'eux-mêmes se ranger pour l'assemblée des Dieux... Mais Aristote n'imagine pas une seconde que cette situation puisse un jour devenir réelle : il voit bien que l'absence de machines merveilleuses explique l'esclavage ; mais il ne suppose pas que ces machines divines l'homme puisse les fabriquer un jour ; il n'aperçoit pas davantage que c'est précisément l'institution de l'esclavage qui empêche le génie grec de se manifester dans l'invention technique : car les esclaves constituent une main-d'oeuvre abondante, pratique, peu coûteuse, telle que le besoin de machines ne se fait pas sentir, qu'aucune motivation économique ne sollicite la recherche mécanique. Seulement — telle est la question qui nous est posée — le machinisme contemporain donne-t-il à la boutade d'Aristote, rétrospectivement, une valeur prophétique ? La machine supprime-t-elle vraiment pour nous toute forme d'esclavage ?

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