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SOI ET LES AUTRES (cours de philosophie et dissertation)

Publié le 10/07/2016

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philosophie

C/ La comédie de la nostalgie de l'autre :

 

“De là un sentiment perpétue/ de manque et de malaise” Surtre. L’absence de l’autre me fait désirer sa présence présumée impossible. Mais c’est le même qui désire et le même qui présume. Cette comédie se joue à 1 endroit d une étrange coïncidence entre la nostalgie et le déni, entre la présence et I absence, entre le moi et le non-moi.

 

C’est la mauvaise conscience qui se donne bonne conscience en vivant le contraire de ce qu’elle reconte, et en racontant le contraire de ce qu’elle vit, tout à tour bonne et mauvaise conscience, tour à tour bonne et mauvaise foi. Bernanos écrit : “il y a des gens qui se jettent dans l’abîme par crainte d'v tomber”. Cependant et dans une acceptation positive, il y a dans l’exclusion un vœu secret mais essentiel, celui que l'on éprouve au sein de cette solitude qu’on réprouve, c’est-à-dire la nostalgie de l’évasion hors de cette solitude, comme le dit Alquié, avec le désir de découvrir l’autre, le toi. Ces comédies exclusives de l’autre ont pour toile de fond “l'égoïsme” qui fournit à son tour trois types de personnages suivant une typologie kantienne (L’Anthropologie) on peut distinguer :

 

le personnage de l’égoïste logique

 

le personnage de l’égoïste éthique

 

le personnage de l’égoïste esthétique.

 

1/ Le personnage de l’égoïste logique ou l'audacieux

 

Il se distingue par sa manière excessive de faire du paradoxe en cherchant 1 originalité à tout prix. Il fait fi du bon sens et du sens commun et ne cherche aucunement l’assentiment ou l’approbation des autres.

 

Avoir raison à tout prix, avoir raison envers et contre tout, d’où la nécessite de falsifier le donné ou d’embrouiller les pistes.

 

2/ Le personnage de l’égoïste éthique ou l’immoraliste

 

Il se distingue par sa manière excessive de ramener toutes les fins à soi. Il a toujours en vue son propre intérêt et n’hésite pas en vue de le préserver de recourir à la ruse et au cynisme “il assassine sans relâche”, dépouille, blesse, violente et tire à loisir de son propre fond, “sa morale”. L’immoraliste ne se distingue pas seulement des autres, il se veut ou s’estime au-dessus des autres, et son exaltation de soi l’entraîne devant des mers illimitées à s’aventurer dans son îlot. Sa fin c'est la fin du monde.

 

3/ Le personnage de l’égoïste esthétique : le jouisseur.

 

L’égo vise son écho. Il commet en cela l’erreur de Narcisse. Ce n’est pas seulement le portrait de celui qui se contente de son propre goût et qui s’affirme comme un connaisseur en matière esthétique. Il joint le narcissisme à son autoérotisme. Il n’a d’autre capacité de s’enflammer que pour lui-même, d autre ardeur et ferveur que pour lui-même.

La moindre réflexion sur l’idée de l’autre comme étant à la fois différent de moi et identifié à un moi, suffit à manifester LA CORRÉLATION DÉCISIVE entre la connaissance de soi et celle d'autrui. En tant que je suis, je suis d’emblée l’autre d'un autre.

 

Pour s’assurer de son être, Emily doit s’avancer bon gré mal gré, à la rencontre d’autrui. En effet, si elle était seule au monde, sa découverte n’aurait aucun sens. Elle ne prend conscience de son être que sous la condition DE SE DISTINGUER DES AUTRES. La conscience explicite qu’elle a de son être présuppose la conscience implicite de son être autre. Elle est pour elle-même dans la mesure où elle est autre, autre que tous les autres, autre comme n’importe quel autre. Autrement dit, la reconnaissance fulgurante de sa propre singularité comporte inévitablement la reconnaissance d’une autre singularité. “ÊTRE ELLE” c’est pour elle ne pas être une autre, tout en étant une autre, du moins pour tous les autres... Dans son être, il est donc déjà question pour “la conscience de soi” d’Émily de son être-autre.

 

Chacun est par là même amené à s’interroger plus avant sur cette relation de moi et de l'autre.

 

Il est vrai qu’il ne nous semble pas toujours évident et encore moins nécessaire de recourir à l’existence des uns et des autres, pour prêter un sens à notre propre subjectivité. Longtemps conçue comme une expencnoc négative et exclusive de l’autre, la conscience de soi tout en manifestant le refus de l’autre, en implique indubitablement LA PRÉSENCE. Toutefois si dans le surgissement de mon être, je décèle ipso facto l’existence de l’autre, comment peut-on s’expliquer alors le fait que la conscience de soi est toujours plus ou moins découverte sous le signe de la séparation ?

 

Qu’est-ce qui nous permet de relativiser le présupposé selon lequel l’expérience primitive du moi n’est autre que l’expérience de MA SOLIDUDE RADICALE ? En effet, la conscience de soi ne va pas de soi. La conscience de soi ne se pose, nous dit Hegel, qu’en s’opposant aux autres consciences. L’expérience primitive du “moi” ne se déroule qu’en vertu de celte pluralité de consciences. Or ce qui confère à cette expérience le sens d’une séparation entre les consciences, c’est d’abord le fait qu’autrui ne m’est pas donné comme une chose parmi les choses. 11 m’est révélé à travers un rapport, à travers un alliage étonnant entre la présence et l’absence, entre CE QUE JE SUIS ET CE QUE JE NE SUIS

 

PAS. ,

 

Ce mélange d’être et de non-être qui pose tout le problème de l’être de l’autre, se

Les autres nous aident-ils à nous connaître ou nous en empêchent-ils ?

 

Par le je pense, contrairement à la philosophie de Descartes, contrairement à la philosophie de Kant, nous nous atteignons nous-mêmes en face de l’autre, et l’autre est aussi certain pour nous que nous-mêmes. Ainsi, l’homme qui s’atteint directement par le cogito découvre aussi tous les autres et il les découvre comme la condition de son existence. Il se rend compte qu’il ne peut rien être (au sens où on dit qu’on est spirituel ou qu’on est méchant, ou qu’on est jaloux) sauf si les autres le reconnaissent comme tel. Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je pense par l’autre. L’autre est indispensable à mon existence, aussi bien d’ailleurs qu’à la connaissance que j’ai de moi. Dans ces conditions, la découverte de mon intimité me découvre en même temps l’autre, comme une liberté posée en face de moi, et qui ne veut que pour ou contre moi. Ainsi, découvrons-nous tout de suite un monde que nous appellerons l’intersubjecti-vité, et dans ce monde que l’homme décide ce qu’il est et ce que sont les autres.

 

En outre, s’il est impossible de trouver en chaque homme une essence universelle qui serait la nature humaine, il existe pourtant une universalité humaine de condition. Ce n’est pas par hasard que les personnes d’aujourd’hui parlent plus volontiers de la condition de l’homme que de sa nature. Par condition ils entendent avec plus ou moins de clarté l’ensemble des limites a priori qui esquissent sa situation fondamentale dans l’univers. Les situations historiques varient : l’homme peut naître esclave dans une société païenne, ou seigneur féodal, ou prolétaire. Ce qui ne varie pas, c’est la nécessité pour lui d’être dans le monde, d’y être au travail, d’y être au milieu des autres et d’y être mortel. Les limites ne sont ni subjectives ni objectives ou plutôt elles ont une face objective et une face subjective. Objectives parce qu’elles se rencontrent partout et sont partout reconnaissables, elles sont subjectives parce qu’elles sont vécues et ne sont rien si l’homme ne les vit, c’est-à-dire ne se détermine librement dans son existence par rapport à elles. Et, bien que les projets puissent être divers, au moins aucun ne me reste-t-il tout à fait étranger parce qu’ils se présentent tous comme un essai pour franchir ces limites ou pour les reculer ou pour les nier ou pour s’en accommoder. En conséquence, tout projet, quelque individuel qu’il soit, a une valeur universelle.

L’Existentialisme est un humanisme, Nagel, 1946, pp. 66-69.

philosophie

« fonde sur une distinction de principe entre autrui et moi-même : ''je" n'est pas "cet autre",.

"cet autre" n'est pas moi-même.

Cette distinction est simple et dif­ ficile.

Elle est simple dans la mesure où elle est liée à l'extériorité de nos corps, elle implique le sens d'une distinction spatiale entre mon corps et celui de l'autre.

En tant que telle cette distinction n'est pas fortuite.

Elle est difficile, cependant en ce sens que la distinction entre le moi et le non-moi ne se réduit jamais à la pure extériorité.

Outre que la reconnaissance extérieure de l'autre ne saurait se substituer à la méconnaissance intérieure de l'autre, il y a l'être de l'autre ou son "exister" comme élément incontournable et inaccessible qui rend la séparation de plus en plus radicale et la question d'autrui de plus en plus pro­ blématique.

Il y a dans cette perspective, dans cette ouverture qui n'ouvre sur rien, ce que Husserl nomme proprement "L'ABSENCE" dès qu'il essaye d'atteindre au cœur de l'altérité de l'autre ou au cœur de ce qui fait que l'autre est autre.

L' "exister" de l'autre se présente à moi en tant qu'existant comme ce qui est hors de mon pouvoir d'atteindre, ce sur quoi je n'ai nulle prise.

Même l'affirma­ tion originaire de l'existence de l'autre ne parvient jamai~ tout à fait à dissiper cette espèce de brouillard auquel nous sommes soumis et devant lequel nous sommes placés dès qu'il s'agit de remonter jusqu'à l' "exister" sans cesse énig­ matique de l'autre.

En effet, autrui n'est pas seulement cette forme qu'il "était tout à l'heure", encore moins ce personnag'.! que je rencontre dans le cadre de mon expérience ordinaire, ou cette personne à laquelle ce personnage renvoie selon la nature ou suivant l'habitude, mais cette existence présumée comme une espèce d' "insaisissable en fuite" selon l'expression de Merleau-Ponty.

Cet "exister" n'a pas d'identité envisageable ou dévisageable selon le cas: il n'est pas ce visage familier auquel je rn 'accroche et auquel je songe selon l'usage et les circonstances, ni cet autre qui m'apparaît toujours masqué, voilé voire inconnu, car "l'exister" de l'autre est tout au plus l'impossible à envisager, l'impossible à dévisager, l'impossible tout court ou "le sans visage" (le visage sans rien der­ rière selon le mot de Thomas Mann) qui demeure en dehors de ma portée.

Insaisissable comme être, irrecevable pour le connaître, autrui est une question problématique de part en part.

•• "Le .fait premier, écrit Hegel, c'est la pluralité des consciencef, et ceffe pluralité est réalisée sous fomle d'une double et réciproque relation d'exclusion''.

Nous nous proposons d'établir philosophiquement les conditions de possibilité de toute approche et de toute connaissance de soi et de l'autre à travers une série de figures dont l'axe problématique est un combiné d'exclusions et d'inclusions.

1.

L'EXCLUSION L'exclusion est d'abord et fondamentalement l'affirmation de ma solitude "ori­ ginaire".

Elle se fonde sur le fait que l'autre est "le moi" qui n'est pas "moi" et considère cette négation comme étant constitutive de l'être de l'autre.

Cette négation est corrélative de la séparation ontologique présumée entre autrui et moi-même.

En effet, autrui c'est ce que je ne suis pas et parallèlement je suis ce qu'il n'est pas.

Ce qui plaide en faveur de cette exclusion, c'est sa prétention à une exclusion primitive, celle qui connote avec l'absence première de relation avec l'autre.

L'exclusion est opérée par un sujet qui considère qu'il est isolé dans une espèce de plénitude; convaincu de son autonomie substantielle.

L'exclusion n'est pas un jeu verbal, ni toujours un semblant d'exclusion ; elle comporte à l'origine. »

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