Sommes-nous ce que nous possédons ?

Sommes-nous ce que nous possédons ? Il semble tout d'abord nécessaire d'être pour posséder, comme si le fait d'exister et d'être ce que nous sommes nous permettait ensuite de posséder des choses. Pourtant, nous avons bien souvent l'impression que la distinction « ce que j'ai » / « ce que je suis » n'est pas si évidente : la confusion des deux notions peut d'abord être d'ordre grammatical : « j'ai les cheveux brun » = « je suis brun » (plus largement cette ambigüité s'applique au corps tout entier : est-ce que j'ai ou est-ce que je suis mon corps ?). De plus, nous avons bien souvent l'impression que les objets que nous possédons nous représentent : si je suis intellectuel, je dois avoir une bibliothèque bien pourvue ; si je suis un informaticien hors pair, mon équipement informatique doit être dernier cri ; si je suis une personne de goût, je dois être habillé élégamment, si je suis marié, je dois porter une alliance. La plupart des objets que nous possédons nous définissent, notre intérieur et notre façon de nous habiller sont censés nous correspondre. Pourtant, une simple correspondance entre nos possessions et notre personne ne suffit pas à prouver que nous sommes ce que nous possédons. En effet, cela suppose que nous ne soyons pas d'abord pour ensuite exprimer ce que nous sommes à travers ce que nous possédons, mais bien plutôt que nous ne sommes quelque chose qu'en tant que nous possédons quelque chose, que notre être ne peut se définir que par nos possessions et n'existe pas en dehors d'elles. Dire que nous sommes que ne nous possédons ne revient-ils pas à dire que nous ne sommes rien (puisque nous avons besoin d'avoir pour être) ?