Sommes-nous coupables de nos pensées ?
Publié le 24/05/2012
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Normalement, avons-nous dit ; car nous devons faire une
exception pour certaines idées obsédantes étudiées par les
psychiatres et qui, loin de procurer une jouissance à ceux chez
qui elles s'incrustent, constituent souvent pour eux une véritable
torture : qu'on songe à la mère affectueuse qu'obsède
la pensée de tuer son enfant; au scrupuleux dont l'imagination ...
«
LE BIEN.
LA VERTU.
LES VERTUS 251
Mais, sauf certains cas anormaux ...
- Néanmoins, nous
n'avons pas
tort d'être honteux de la bassesse de nos pensées
ou
fiers de leur noblesse, car nos pensées expriment la qualité
de notre âme.
Si elles viennent et se fixent en nous, c'est sans
doute que nous nous complaisons en elles.
Nous les avons
décrites comme ·des parasites venant de l'extérieur: or, nor
malement, elles émanent du plus profond de nous-mêmes.
Normalement, avons-nous
dit ; car nous devons faire une
exception pour certaines idées obsédantes étudiées par les
psychiatres
et qui, loin de procurer une jouissance à ceux chez
qui elles
s'incrustent, constituent souvent pour eux une véri
table torture : qu'on songe à la mère affectueuse qu'obsède
la pensée de
tuer son enfant; au scrupuleux dont l'imagination
revient obstinément vers des représentations abhorrées.
De ces
pensées obsédantes nous ne sommes donc aucunement
respon
sables .
...
Responsabilité indirecte.
- En dehors de ces cas anor
maux, les pensées qui nous viennent à l'esprit nous sont d'ordi
naire plus ou moins imputables, non pas directement, puis
qu'elles se présentent d'elles-mêmes sans que nous les ayons
voulues, mais
indirectement, soit que nous ayons semé en nous
les germes d'où
elles naissent, soit que nous ayons préparé
aux germes venus de
l'extérieur un terrain favorable.
En effet, on n'observe pas de génération spontanée : dans
la
vie de 1 'esprit comme dans la vie organique, rien ne naît
de rien.
Il est facile de remonter jusqu'à l'origine de nombre
d'idées qui nous
viennent : ce sont des lectures, des conver
sations.
certains spectacles.
Les causes étant volontaires et
libres, les effets nous sont imputables, dans la mesure du
moins
où nous les avons prévus.
Parfois, il est vrai, c'est involontairement que nous assis
tons à une scène ou enregistrons une pensée formulée devant
nous, et cette pensée ou cette scène ne tendent pas moins
à
revenir à l'esprit.
Mais elles ne peuvent pas s'y enraciner
sans une certaine connivence de
notre part.
Les graines ne
germent pas sur Je roc ou sur le chemin.
Si un mot entendu
en passant est le premier anneau d'une longue chaîne de pen
sées qu'il inspire, c'est que nous étions déjà en accord avec
lui : notre
esprit est comme un résonateur qui ne retient que
les vibrations auxquelles il se
trouve accordé.
Si certaines idées
folles nous reviennent si facilement, c'est faute d'une occu
pation sérieuse capable de nous captiver.
Nous ne pouvons.
»
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