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Sommes-nous dépassés par les miracles de nos propres inventions techniques ?

Publié le 27/09/2010

Extrait du document

 

I. L'apprenti sorcier

— L'expansion des inventions technologiques. — Les conséquences monstrueuses de nos découvertes.

II. Du bon usage du progrès

— Le progrès a toujours été craint. — L'apprentissage de la gestion des inventions.

 

« les trains, mais qu'en est-il des navettes spatiales ? Outre le caractère systématiquement inquiétant desnouveautés technologiques, on peut aussi condamner une découverte après l'avoir portée aux nues.Ainsi en va-t-il du D.D.T.

contre lequel se battent les écologistes alors que le chimiste qui l'avait mis au point, PaulMuller, avait obtenu le Prix Nobel en 1958.A tous les siècles donc, l'homme aime se créer des monstres qui lui font peur.

La menace de l'Apocalypse et de sesmanifestations catastrophiques est d'ailleurs moins une prophétie qu'une manière de conjurer les problèmescontemporains en leur trouvant une solution imaginaire.

La condamnation du progrès répond à un désir de stagnationrassurante — voire de régression —, de retour à ses origines mythiques qui seraient le véritable âge d'or del'humanité.

Cette marche arrière n'est guère envisageable et mieux vaut apprendre à gérer nos inventions.Le bon usage du progrès passe d'abord par l'abolition des vertus imaginaires et symboliques que nous prêtons à tortaux objets que nous créons.

Les machines n'ont d'états d'âme que dans la science-fiction comme chez ArthurClarke, romancier et physicien, qui a doté un ordinateur de libre arbitre : HAL dans 2001, l'Odyssée de l'espace.D'ailleurs notre peur elle-même est peut-être un garant de notre prudence : « Celui qui n'a pas peur n'est pasnormal », affirmait Jean-Paul Sartre.

Il faudrait même que l'homme soit moins serein : nos inventions ne nousparaissent « miraculeuses » que pour un temps très court ; nous les intégrons rapidement à notre quotidien où ellesdeviennent banales.S'il était plus conscient, et donc inquiet, l'homme moderne mettrait en place des moyens de limiter les conséquencesincertaines de ses inventions.

Le premier est de ne généraliser tel ou tel produit récemment mis au point que lorsqueles risques en ont été bien étudiés, sans considération d'enrichissement ou de rentabilité.

Cette exigence est liée ausecond moyen, d'ordre moral : il faut créer des commissions d'éthique qui s'interrogent sur le droit que nous avonsd'inventer ce qui paraît d'emblée comme dangereux.

L'exemple le plus controversé depuis quelques années est celuide la fécondation in vitro : a-t-on le droit de produire des « bébés-éprouvettes », sachant que cette recherchemène au clonage dont les dangers ont été magistralement dénoncés par Aldous Huxley dans Le Meilleur des mondes?Jacques Testart affirme, dans L'Oeuf transparent, que l'interrogation morale doit précéder la recherche et ladécouverte elles-mêmes, non les suivre : « La recherche n'est pas neutre car les découvertes amènent toujours àdes applications quand elles correspondent à un besoin.

C'est déjà en amont de la recherche qu'il faut opérer deschoix éthiques.

» Jules Verne et d'autres à son époque (comme Victor Hugo ou Nadar) considéraient que si lesinventions étaient explicitement au service de l'humanité, elles devaient être développées : ainsi défendirent-ilsl'aviation ou la photographie.Paradoxalement, c'est à notre époque, où les inventions les plus diverses se multiplient à un rythme croissant, qu'ilfaut nous garder de toute précipitation, ce que préconisait François Mitterrand lors de la création du Comité nationald'éthique en 1983 : « Plus vite va le monde, plus nous devons prendre le temps de la mesure, le temps de l'échangeet de la réflexion, c'est-à-dire le temps même de la morale.

» Même si les « inventeurs » n'ont pas naturellementtendance à se refréner, les consommateurs doivent faire pression sur eux, pour ne pas risquer l'équilibre du monde.Il n'est pas question d'arrêter les programmes de recherche, mais de les envisager, comme le préconisait Paul Valérydans Regards sur le monde actuel, en fonction d'une solidarité internationale, essentielle, selon lui, pour la survie denotre monde. Tandis que le XIXe siècle professait souvent une confiance naïve dans les progrès de la science et de la technique,nos contemporains sont donc, eux, en proie à une angoisse toujours grandissante devant les conséquencespossibles de ces mêmes progrès.

Mais, tout compte fait, nous sommes sans doute sur la voie de l'« invention » d'unusage raisonné de nos progrès.

Espérons que chacun de nous fasse sienne la formule de François Rabelais au XVIesiècle : « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme.

» C'est à ce prix que nos inventions ne nous donnerontplus l'impression d'échapper à notre contrôle ou de nous dominer.. »

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