Sommes-nous les agents ou les jouets de l'histoire ?
Publié le 27/02/2005
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Le terme « histoire « (étymologie grecque signifiant « recherche «) désigne à la fois la relation des faits, des évènements passés, et l’étude de cette relation. L’histoire est ainsi vécue- nous sommes chaque jour en train de construire l’histoire tout comme nos ancêtres- mais elle est aussi en même temps une science : Hérodote était en ce sens un des plus grands historiens de l’Antiquité, racontant les guerres médiques. D’autre part, l’agent désigne celui qui exerce une action, c'est-à-dire une influence sur un autre être : être agent de l’histoire, ce serait exercer une influence sur le cours des évènements qui se déroulent dans le monde humain (l’histoire devant être ici comprise au sens premier, comme histoire vécue). Etre le jouet de l’histoire signifie enfin être la victime passive de ces mêmes évènements. Sommes-nous les agents ou les jouets de l’histoire ? Avons-nous une part de responsabilité dans les évènements qui se déroulent ou en sommes-nous les victimes ? Pourquoi les hommes semblent en même temps avoir collectivement une influence sur l’histoire conçue comme vécue et collective, et n’avoir individuellement que peu de responsabilité dans le cours du monde ? Il va s’agir de se demander ce que sont plus précisément ces « évènements « qui constituent l’histoire vécue, et cerner qui désigne le pronom « nous « dans l’intitulé afin de répondre à la question posée par celui-ci.

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Texte de Schopenhauer
L'histoire est pour l'espèce humaine ce que la raison est pour l'individu.
Grâce à sa raison, l'homme n'est pasrenfermé comme l'animal dans les limites étroites du présent visible; il connaît encore le passé infiniment plusétendu, source du présent qui s'y rattache : c'est cette connaissance seule qui lui procure une intelligence plusnette du présent et lui permet même de formuler des inductions pour l'avenir'.
L'animal, au contraire, dont laconnaissance sans réflexion est bornée à l'intuition, et par suite au présent, erre parmi les hommes, même unefois apprivoisé, ignorant, engourdi, stupide, désarmé et esclave.
De même, un peuple qui ne connaît pas sapropre histoire est borné au présent de la génération actuelle: il ne comprend ni sa nature, ni sa propreexistence, dans l'impossibilité où il est de les rapporter à un passé qui les explique; il peut moins encore anticipersur l'avenir.
Seule l'histoire donne à un peuple une entière conscience de lui-même.
L'histoire peut donc êtreregardée comme la conscience raisonnée de l'espèce humaine; elle est à l'humanité ce qu'est à l'individu laconscience soutenue par la raison, réfléchie et cohérente, dont le manque condamne l'animal à rester enfermédans le champ étroit du présent intuitif.
Arthur SCHOPENHAUER (1788-1860)
2- Qu'est-ce que construire l'histoire ? Cette histoire « universelle », la subissons-nous ?
Texte de Nietzsche
Le manque de sens historique est le péché originel de tous les philosophes : beaucoup, sans s'en rendre compte,prennent même pour la forme stable dont il faut partir la toute dernière figure de l'homme, telle que l'a modeléel'influence de certaines religions, voire de certains événements politiques.
Ils ne veulent pas comprendre quel'homme est le résultat d'un devenir...
que la faculté de connaître l'est aussi [...] Or tout l'essentiel de l'évolutionhumaine s'est déroulé dans la nuit des temps, bien avant ces quatre mille ans que nous connaissons à peu près ;l'homme n'a sans doute plus changé beaucoup au cours de ceux-ci.
Mais voilà que le philosophe aperçoit des «instincts » chez l'homme actuel et admet qu'ils font partie des données immuables de l'humanité, qu'ils peuventfournir une clé pour l'intelligence du monde en général ; toute la téléologie est bâtie sur ce fait que l'on parle del'homme des quatre derniers millénaires comme d'un homme éternel sur lequel toutes les choses du monde sontnaturellement alignées depuis le commencement.
Mais tout résulte d'un devenir ; il n'y a pas plus de donnéeséternelles qu'il n'y a de vérités absolues.
C'est par la suite la philosophie historique qui nous est dorénavantnécessaire et avec elle la vertu de modestie
Transition :
Les hommes apparaissent libres de construire l'histoire, à partir de leur héritage passé, pour devenir qui ils sontvraiment nous dit Nietzsche.
Mais le peuvent-ils en vérité ? Ne sont-ils pas seulement libres d'être les agents del'histoire uniquement dans un cadre précis ? Lequel ?
III- Société civile et Etat.
1- Qu'est-ce que l'histoire universelle ? Comment concilier la société civile et l'Etat ? L'histoire universelle permet de comprendre le rapport entre ces deux termes et de résoudre ainsi la contradiction qui est apparueentre la première et la seconde partie de notre développement.
Texte de Hegel
Dans l'histoire universelle nous avons affaire à l'Idée telle qu'elle se manifeste dans l'élément de la volonté et dela liberté humaines.
Ici la volonté est la base abstraite de la liberté, mais le produit qui en résulte formel'existence éthique du peuple.
Le premier principe est constitué par les passions humaines.
Les deux ensembleforment la trame et le fil de l'histoire universelle.
L'Idée en tant que telle est la réalité ; les passions sont le brasavec lequel elle gouverne [...] Ici ou là, les hommes défendent leurs buts particuliers contre le droit général ; ilsagissent librement.
Mais ce qui constitue le fondement général, l'élément substantiel, le droit n'en est pastroublé.
Il en va de même pour l'ordre du monde.
Ses éléments sont d'une part les passions, de l'autre la Raison.Les passions constituent l'élément actif.
Elles ne sont pas toujours opposées à l'ordre éthique ; bien aucontraire, elles réalisent l'Universel.
En ce qui concerne la morale des passions il est évident qu'elles n'aspirentqu'à leur propre intérêt.
De ce côté-ci, elles apparaissent comme égoïstes et mauvaises.
Or ce qui est actif esttoujours individuel : dans l'action je suis moi-même, c'est mon propre but que je cherche à accomplir.
Mais cebut peut être bon, et même universel.
L'intérêt peut être tout à fait particulier mais il ne s'ensuit pas qu'il soitopposé à l'Universel.
L'Universel doit se réaliser par le particulier.
La passion est tenue pour une chose qui n'estpas bonne, qui est plus ou moins mauvaise : l'homme ne doit pas avoir des passions.
Mais passion n'est pas toutà fait le mot qui convient pour ce que je veux désigner ici.
Pour moi, l'activité humaine en général dérived'intérêts particuliers, de fins spéciales ou, si l'on veut, d'intentions égoïstes, en ce sens que l'homme met toutel'énergie de son vouloir et de son caractère au service de ces buts en leur sacrifiant tout le reste.
Ce contenuparticulier coïncide avec la volonté de l'homme au point qu'il en constitue toute la détermination et en estinséparable : c'est là qu'il est ce qu'il est.
Car l'individu est un « existant » ; ce n'est pas l' « homme général »,celui-ci n'existant pas, mais, un homme déterminé.
Le mot « caractère » exprime aussi cette déterminationconcrète de la volonté et de l'intelligence.
Mais le caractère comprend en général toutes les particularités del'individu, sa manière de se comporter dans la vie privée, etc.
; et n'indique pas la mise en action et en.
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