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Sommes-nous libres quand nous agissons mal ?

Publié le 27/02/2005

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.. Par conséquent, celui qui dédaigne l'altruisme sait véritablement où est le bien.B. Pourtant, l'analyse proposée précédemment reste, pour l'essentiel, vraie. Celui qui commet une faute, c'est-à-dire qui viole la loi morale, sait bel et bien qu'il commet une faute. Néanmoins, il ne veut pas le mal : il ne pose pas que l'objet de son action, par exemple mentir, devrait être voulu par tout un chacun. En réalité, en violant la loi morale, il considère qu'il fait une exception à cette loi. Par là, alors même qu'il commet une faute, il veut que la loi morale reste la loi morale : il veut donc véritablement le bien.C. La volonté est en effet intrinsèquement liée au bien : c'est parce que nous connaissons la loi morale que nous sommes doués d'une volonté. Par volonté, il ne faut pas entendre simplement la relation décrite précédemment.

« "Pour le libre arbitre, je suis entièrement d'accord avec ce qui a été écrit parle Révérend Père'.

Et pour expliquer plus nettement mon opinion, je désire quel'on remarque sur ce point que l'indifférence me semble signifier proprementcet état dans lequel la volonté se trouve, lorsqu'elle n'est point portée, par laconnaissance du vrai ou du bien, à suivre un parti plutôt qu'un autre; et c'esten ce sens que je l'ai prise, quand j'ai écrit que le plus bas degré de la libertéconsistait à nous déterminer aux choses auxquelles nous sommes indifférents.Mais peut-être que, par ce mot d'indifférence, d'autres entendent une facultépositive de se déterminer à l'un ou à l'autre de deux contraires, c'est-à-dire àpoursuivre ou à fuir, à affirmer ou à nier.

Or je n'ai jamais nié que cettefaculté positive se formât en la volonté.

Tant s'en faut, j'estime qu'elle s'yrencontre, non seulement dans les actions où elle n'est portée par aucuneraison évidente vers un parti plutôt que vers un autre, mais encore danstoutes ses autres actions; au point que, lors même qu'une raison fortévidente nous pousse vers un parti, quoique, moralement parlant, il soitdifficile que que nous puissions faire le contraire, absolument parlant,néanmoins, nous le pouvons.

Car il nous est toujours permis de nousempêcher de poursuivre un bien qui nous est clairement connu, ou d'admettreune vérité évidente, pourvu seulement que nous pensions que c'est un biende témoigner par là notre libre arbitre.De plus il faut remarquer que la liberté peut être considérée dans les actions de la volonté, soit avant qu'elles soient accomplies, soit pendant leur accomplissement.Or il est certain qu'étant considérée dans les actions avant qu'elles soient accomplies, la liberté entraînel'indifférence, prise dans le second sens, mais non dans le premier.

Et bien que, quand nous opposons notre proprejugement aux commandements des autres, nous nous disions plus libres de faire ce pour quoi rien ne nous estprescrit par autrui, et où il nous est permis de suivre notre propre jugement, que de faire ce qui nous est interdit,pourtant, en opposant nos jugements entre eux ou nos connaissances les unes aux autres, nous pouvons dire quenous sommes plus libres pour faire ce qui ne nous paraît ni bien ni mal, ou encore ce en quoi nous connaissonsbeaucoup de raisons pour le bien certes, mais autant d'autres pour le mal, que pour faire ce en quoi nousapercevons beaucoup plus de bien que de mal.

En effet, une plus grande liberté consiste soit dans une plus grandefacilité à se déterminer, soit dans un plus grand usage de cette puissance positive que nous avons de suivre le pire,tout en voyant le meilleur.

Or si nous suivons ce en quoi nous apparaissent plus de raisons de faire le bien, nousnous déterminons plus facilement : si nous faisons le contraire, nous faisons un plus grand usage de notre puissancepositive; et ainsi nous pouvons dans tous les cas agir plus librement touchant les choses où nous voyons plus debien que de mal que touchant celles que nous appelons indifférentes.

En ce sens également, nous faisons moinslibrement les choses qui nous sont commandées par d'autres et auxquelles, sans cela, nous ne nous porterions pasde nous-mêmes, que celles qui ne nous sont pas commandées; d'autant que le jugement qui nous dit que ceschoses-là sont difficiles à faire s'oppose au jugement d'après lequel il est bon de faire ce qui nous est commandé :or ces deux jugements, plus ils nous meuvent également, plus ils mettent en nous de l'indifférence, prise dans lepremier sens.Maintenant la liberté étant considérée dans les actions de la volonté au moment même où elles sont accomplies, ellen'entraîne alors aucune indifférence, ni au premier ni au second sens du mot; parce que ce qui se fait ne peut pasne pas se faire, dans le temps même où il se fait.

Mais elle consiste seulement dans la facilité qu'on a d'opérer; etalors librement, spontanément et volontairement sont une seule et même chose.

C'est en ce sens que j'ai écrit quej'étais porté d'autant plus librement à une chose, que j'y étais poussé' par plus de raisons; parce qu'il est certainque notre volonté se meut alors avec plus de facilité et d'impétuosité." Dans une lettre au père Mesland, Descartes précise sa conception de la liberté et affirme qu'elle est un pouvoirmétaphysique indivisible et absolu, « puissance de choisir l'un ou l'autre des deux contraires».

La liberté est libertéde la volonté et celle-ci n'est autre chose qu'une action de l'âme qui a le pouvoir de se déterminer elle-mêmeindépendamment de toute contrainte extérieure.

L'homme détient donc une puissance positive d'affirmation et estpar là même indépendant des lois naturelles de causalité.

Le sujet est libre quand il est pure spontanéité, sourceabsolue de ses actes.

Mais une telle affirmation n'est pas sans faire problème.

En effet, si l'homme est libre parnature, en quoi a-t-il besoin d'être libéré ? Pourquoi fait-on si souvent le constat de la servitude humaine ?Descartes répond en montrant que la liberté humaine, en droit universelle et égale chez tous, est susceptible dedegrés dans son actualisation.

En effet, si l'on peut définir négativement la liberté comme l'absence de contrainteextérieure, il faut bien voir que le contenu positif d'une telle liberté n'est pas déterminé pour autant.

Aussi Descartesva-t-il chercher à préciser ce contenu et ainsi à établir une véritable hiérarchie des libertés.

Si rien ne me déterminede l'extérieur, j'ai effectivement le pouvoir de choisir entre les possibles qui s'offrent.

Mais il y a une grandedifférence entre un choix qui s'effectue presque au hasard, parce que je ne vois pas très clairement où est le Bien,et un choix éclairé et fortifié par la connaissance.

La liberté d'indifférence, situation où je me trouve quand aucuneraison positive ne me fait pencher d'un côté plutôt que d'un autre, est, pour Descartes, le plus bas degré de laliberté.

Je puis être entièrement libre sans être jamais indifférent, quand mon choix se trouve entièrement déterminépar la connaissance.

La liberté et l'indifférence ne peuvent donc s'identifier, car, pour que je sois libre, il n'est pasnécessaire que je sois indifférent.

L'indifférence est corrélative de l'ignorance : elle traduit un défaut de laconnaissance et non une perfection de la volonté.

Elle demeure cependant un degré de la liberté, même si c'est le. »

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