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Sommes-nous maître de nos désirs ?

Publié le 25/01/2005

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D'où notre question : dans quelle mesure la volonté de maîtrise de ses désirs dans tous les sens du terme « maîtrise « se heurte-t-elle au caractère mystérieux et spontané du désir ?   Plan I. Le pourquoi de la maîtrise de nos désirs II. Nous sommes maîtres de nos désirs. III. Dans quelle mesure les désirs sont-ils maîtres de nous-mêmes ?       Pourquoi cette exigence de la maîtrise de nos désirs ? 1. L'exaltation des désirs - une vie de défoulement absolu Cette thèse de l'accroissement des désirs et des passions est celle que Calliclès présente dans Le Gorgias, dialogue de PLATON - nous soulignons dans le texte « CALLICLÈS [...] Comment en effet un homme pourrait-il être heureux, s'il est esclave de quelqu'un.

 

Cette interrogation est formulée de façon totale. Elle attend une réponse soit affirmative – « Oui «, nous sommes maîtres de nos désirs, soit négative – « Non «, nous ne sommes pas maîtres de nos désirs. Mais si nous ne le sommes pas, dans quelle position sommes nous à l'égard de nos désirs ? Si l'absence de maîtrise est caractéristique de notre relation à leur égard, sommes nous alors dominés par nos désirs ? Sommes nous leurs esclaves ? Pour répondre de façon nuancée à cette question, il va être nécessaire de revenir sur les deux concepts centraux de notre interrogation : « maître « et « désirs «. Il va de soi que la question par le pronom personnel « nous « se rapporte à l'homme en tant qu'humain et nous interroge sur notre relation à nos propres désirs et non aux désirs des autres.

 

« I. Cette thèse de l'accroissement des désirs et des passions est celle que Calliclès présente dans Le Gorgias , dialogue de PLATON – nous soulignons dans le texte « CALLICLÈS [...] Comment en effet un homme pourrait-il être heureux, s'il est esclave de quelqu'un.

Maisvoici ce qui est beau et juste suivant la nature, je te le dis en toute franchise, c'est que, pour bien vivre, il faut laisser prendre à ses passions tout l'accroissement possible., au lieu de les réprimer, et, quandelles ont atteint toute leur force, être capable de leur donner satisfaction par son courage et sonintelligence et de remplir tous ses désirs à mesure qu'ils éclosent. Mais cela n'est pas, je suppose, à la portée du vulgaire.

De là vient qu'il décrie les gens qui en sont capables, parce qu'il a honte de lui-même etveut cacher sa propre impuissance.

Il dit que l'intempérance est une chose laide, essayant par là d'asservirceux qui sont mieux doués par la nature, et, ne pouvant lui-même fournir à ses passions de quoi lescontenter, il fait l'éloge de la tempérance et de la justice à cause de sa propre lâcheté.

Car pour ceux quiont eu la chance de naître fils de roi, ou que la nature a faits capables de conquérir un commandement, unetyrannie, une souveraineté, peut-il y avoir véritablement quelque chose de plus honteux et de plus funesteque la tempérance ? Tandis qu'il leur est loisible de jouir des biens de la vie sans que personne les enempêche, ils s'imposeraient eux-mêmes pour maîtres la loi, les propos, les censures de la foule! Et commentne seraient-ils pas malheureux du fait de cette prétendue beauté de la justice et de la tempérance, puisqu'ilsne pourraient rien donner de plus à leurs amis qu'à leurs ennemis, et cela, quand ils sont les maîtres de leurpropre cité ? La vérité, que tu prétends chercher, Socrate, la voici : le luxe, l'incontinence et la liberté,quand ils sont soutenus par la force constituent la vertu et le bonheur; le reste, toutes ces belles idées, cesconventions contraires à la nature, ne sont que niaiseries et néant.

» 2.

Limite d'une telle conception : l'exaltation des désirs, loin d'être une force, cache une tyranniedes désirs sur nous-mêmes. Socrate en effet montre que celui qui se laisse diriger, commander par ses désirs est le plus esclave desesclaves.

Ainsi le tyran dominus, dominé par ses désirs les plus vils est celui que Platon place au plus bas del'échelle des individus.

En proposant une tripartition de l'âme entre l'esprit ( nous ), le courage ( thumos ) et le désir ( epithumia ) où l'esprit en tant que supérieur commande à l'inférieur le désir, Socrate voit dans la conception de Calliclès une forme de domination inauthentique et inversée.

Ainsi être dominé par sespassions, ses désirs, c'est ne plus être libre (autrement dit commandé par l'esprit) mais être asservi à ses vilsinstincts.

Ce risque d'asservissement nécessite une maîtrise Transition : Il apparaît dans cette perspective nécessaire de maîtriser nos désirs.

Dans quelle mesure sommes-nous maîtres de nos désirs ? Nous sommes maîtres de nos désirs. II. 1.

Pour maîtriser et mesurer la démesure inhérente aux désirs, il est nécessaire de les classer Epicure distingue les désirs vains, des désirs naturels.

Le premier groupe contient les désirs artificiels etdésirables.

Le second : les désirs nécessaires et les désirs simplement naturels. EPICURE, Lettre à Ménécée "Il faut donc se rappeler que l'avenir n'est ni à nous, ni tout à fait étranger à nous, en sorte que nous nedevons, ni l'attendre comme s'il devait arriver, ni désespérer comme s'il ne devait en aucune façon seproduire.

Il faut en troisième lieu comprendre que parmi les désirs, les uns sont naturels et les autres vains,et que parmi les désirs naturels, les uns sont nécessaires, et les autres seulement naturels.

Enfin, parmi lesdésirs nécessaires, les uns sont nécessaires au bonheur, les autres à la tranquillité du corps, et les autres àla vie elle-même.

Une théorie véridique des désirs sait rapporter les désirs et l'aversion à la santé du corps età l'ataraxie de l'âme, puisque c'est là la fin d'une vie bienheureuse, et que toutes nos actions ont pour butd'éviter à la fois la souffrance et le trouble.

Quand une fois nous y sommes parvenus, tous les orages del'âme se dispersent, l'être vivant n'ayant plus alors à marcher vers quelque chose qu'il n'a pas, ni àrechercher autre chose qui puisse parfaire le bonheur de l'âme et du corps.

Car nous recherchons le plaisir,seulement quand son absence nous cause une souffrance.

Quand nous ne souffrons pas, nous n'avons plusque faire du plaisir.

Et c'est pourquoi nous disons que le plaisir est le commencement et la fin d'une viebienheureuse.

Le plaisir est, en effet, considéré par nous comme le premier des biens naturels, c'est lui quinous fait accepter ou fuir les choses, c'est à lui que nous aboutissons, en prenant la sensibilité commecritère du bien.

Or, puisque le plaisir est le premier des biens naturels, il s'ensuit que nous n'acceptons pas lepremier plaisir venu, mais qu'en certains cas, nous méprisons de nombreux plaisirs, quand ils ont pourconséquence une peine plus grande.

D'un autre côté, il y a de nombreuses souffrances que nous estimonspréférables aux plaisirs, quand elles entraînent pour nous un plus grand plaisir.

Tout plaisir, dans la mesure oùil s'accorde avec notre nature, est donc un bien, mais tout plaisir n'est pas cependant nécessairementsouhaitable.

De même, toute douleur est un mal, mais pourtant toute douleur n'est pas nécessairement àfuir.

Il reste que c'est par une sage considération de l'avantage et du désagrément qu'il procure, que chaqueplaisir doit être apprécié.

En effet, en certains cas, nous traitons le bien comme un mal, et en d'autres, lemal comme un bien.". »

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