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Sommes-nous responsables moralement, non seulement de nos actes, mais encore de nos pensées ?

Publié le 23/03/2004

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- Pas de responsabilité, avons-nous dit, sans liberté. Or, si nous sommes libres de poser ou de ne pas poser un acte, par exemple de consacrer une soirée de nos vacances à une promenade ou à une lecture, nous ne sommes pas libres de penser à ce que nous voulons. Normalement, en effet, nos pensées viennent en nous sans nous et parfois malgré nous ; cherchons-nous à les provoquer, elles nous échappent ou du moins ne parviennent pas à fixer notre esprit ; voulons-nous chasser une pensée que nous estimons inopportune ou malsaine, l'effort fourni pour l'écarter a souvent pour résultat de la renforcer ou même de la transformer en obsession. Nous ne sommes donc pas directement responsables des pensées qui nous viennent, ni même, d'ordinaire, de celles qui s'installent en quelque sorte chez nous. Mais, sauf certains cas anormaux... - Néanmoins, nous n'avons pas tort d'être honteux de la bassesse de nos pensées ou fiers de leur noblesse, car nos pensées expriment la qualité de notre âme. Si elles viennent et se fixent en nous, c'est sans doute que nous nous complaisons en elles. Nous les avons décrites comme des parasites venant de l'extérieur : or, normalement, elles émanent du plus profond de nous-mêmes. Normalement, avons-nous dit ; car nous devons faire une exception pour certaines idées obsédantes étudiées par les psychiatres et qui, loin de procurer une jouissance à ceux chez qui elles s'incrustent, constituent souvent pour eux une véritable torture : qu'on songe à la mère affectueuse qu'obsède la pensée de tuer son enfant ; au scrupuleux dont l'imagination revient obstinément vers des représentations abhorrées. De ces pensées obsédantes nous ne sommes donc aucunement responsables.

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