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Spinoza: Le désir comme conatus, source de création et de valeurs

Publié le 01/01/2004

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spinoza
« Le désir est l’appétit accompagné de la conscience de lui-même. »
 
Spinoza (1632-1677)
 
Spinoza définit ici le désir. Qu'est-ce que l’« appétit » ?
 
L’appétit est cette force qui pousse à rester en vie, cet effort à « persévérer dans son être », comme dit Spinoza. Ne dit-on pas avoir « l’appétit de vivre » ?
 
Les différents appétits (faim, soif, besoin sexuel) ne sont que des expressions de cet appétit fondamental qui anime tout être vivant. L’appétit se trouve chez l’homme en ce qu’il est à la fois corps et esprit. Mais la plupart de nos appétits sont inconscients ou instinctifs. Par exemple, on respire ou on digère généralement sans y penser.
 
Chez l’homme, à certains appétits vient s’ajouter la conscience. Et cette conscience transforme le simple appétit en désir : la faim devient désir de tel ou tel plat; la pulsion sexuelle devient désir de telle personne.

spinoza

« dans son être. Tout désir est au fond désir de soi, de se réaliser.

Cet obscur objet du désir, c'est moi-même.

Aussi l'objet du désir est-il secondaire par rapport au désir lui-même . - Dès lors, aucune chose n'est bonne ni mauvaise en soi.

Le désir qui nous porte vers elle nous la fait trouverbonne.

Nous ne désirons pas les choses parce qu'elles sont bonnes; elles nous semblent bonnes parce que nous les désirons .

C'est le sujet lui-même comme désir qui est à la source de la définition des biens et le fondement des valeurs. - Exemple de l'habitation : " Quand nous disons que l'habitation fut la cause finale de telle ou telle maison, nous voulons dire exactement ceci : un homme ayant imaginé les avantages de la vie domestique a eu le désir deconstruire une maison " ( Ethique , quatrième partie, préface).

C'est le désir de jouir des commodités d'un abri qui est cause première de l'habitation et non l'inverse.

L'habitation n'est pas une fin en soi mais un moyen au service d'undésir de confort.

Le désir est ici la cause efficiente, celle qui engendre l'effet escompté – la maison.

Dit autrement :l'habitation ne constitue pas un bien en soi qui, en vertu de ses qualités propres, éveillerait nos appétits.

C'estparce que nous désirons nous protéger efficacement que nous allons juger qu'elle est une bonne chose. - Spinoza invalide donc la thèse d'une objectivité absolue des valeurs .

Les choses ne sont pas bonnes en elles-mêmes mais relativement à notre désir et notre constitution.

Comment se fait-il alors que les hommesintervertissent l'ordre et la connexion des choses et soient intimement persuadés que la représentation d'une finjugée bonne – l'habitation, par exemple – est la cause première du désir.

Il s'agit là d'une illusion due au fait que les hommes ignorent les causes de leurs désirs : "…il sont conscients de leurs actes et de leurs désirs, mais inconscients des causes qui déterminent ceux-ci " (ibid.). - L'illusion en question est le fruit d'une conscience partielle qui se croit totale .

Les hommes ont conscience de leurs désirs, car ils en ressentent les effets e eux et peuvent naïvement imaginer qu'ils sont produits par des objetsextérieurs attrayants ou repoussants.

Les causes réelles qui les déterminent ne sont pas directement perceptibleset ne se manifestent qu'à travers leurs effets.

Elles peuvent donc être totalement occultées.

Ainsi, comme j'ai bienconscience que je suis désireux d'habiter une maison, et comme j'ai bien conscience que j'agis dans ce but, je puiscroire en toute bonne foi que l'habitation est la cause finale de mon désir.

Je nourris de ce fait l'illusion qu'il existeun objet désirable en soi, qui préexiste à sa réalisation.

En réalité, j'ignore la cause véritable qui détermine mesaspirations et mes actes : je suis en quelque sorte aveuglé par ce que je perçois consciemment, j'oublie que c'est le désir qui m'a poussé à concevoir l'habitation . - D'où l'idée, au fondement de l'éthique spinoziste, que seule une connaissance vraie de la nature humaine permet de comprendre et régler la pratique de l'homme, au mieux de ses intérêts, c'est-à-dire en recherchant l'utile.Nécessité de comprendre la nécessité du désir et d'en déduire toutes les propriétés.

L'attitude moralistetraditionnelle est irrecevable parce qu'elle oppose ce qui doit être à ce qui est.

En voulant purifier la réalité desimperfections qu'elle recèle, elle indique que la réalité pourrait être ou devrait être autre qu'elle n'est, et elle imagineune nature plus conforme à ses exigences.

Elle sépare le plan du droit de celui du fait, comme si le fait lui-même nerésultait d'aucune loi, d'aucune nécessité.

Vouloir réformer l'humanité, c'est supposer qu'elle aurait pu être autrequ'elle n'est, que nulle nécessité ne préside à son existence actuelle et réelle.

C'est réserver dans la nature,soumise à des lois strictes, une enclave de liberté où les hommes feraient leur loi.

C'est supposer un empire dans unempire. SPINOZA (Baruch). Né à Amsterdam en 1632, mort à La Haye en 1677. Il apprit l'hébreu, le latin, le français dans les écoles juives et latines, et travailla dans la maison de commercefamiliale.

Accusé d' « effroyables hérésies », Spinoza échappa de peu à un assassinat en 1656, et fut excommuniéde la synagogue la même année.

Il apprit la taille des instruments d'optique, vendit des verres télescopes pourvivre, et s'initia à la philosophie de Descartes.

Il constitua un cercle d'études près de Leyde, travailla intensémentde 1663 à 1670, et acquit une réputation considérable.

En 1670, il s'installa à La Haye, partageant sa vie entre laméditation philosophique et la taille des verres pour microscopes.

Il fut chargé en 1673 d'une mission secrète auprèsdu prince de Condé et du maréchal de Luxembourg.

Sa position devint ensuite de plus en plus difficile.

Il se rendit àAmsterdam, mais renonça à s'y établir.

En 1676, il reçut de nombreuses visites de Leibniz, qui niera plus tard l'avoirrencontré.

Malade, il mit de l'ordre dans ses manuscrits, en brûla peut-être.

Il mourut paisiblement et fut enterrédans la fosse commune.

Un don anonyme permit la publication intégrale (le ses manuscrits.

— Il professa un grandlibéralisme en politique et se montra rationaliste dans les questions religieuses.

Malgré un certain nombre d'ouvrages,on peut dire que Spinoza fut l'homme d'un seul livre : l'Ethique.

Le caractère géométrique de ce livre permet dedéfinir la pensée métaphysique de Spinoza à l'aide de ses propres définitions : « Par cause de soi, j entends ce dont. »

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