Spinoza: L'État a-t-il tous les droits ?
Publié le 27/02/2008
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Toutes les actions auxquelles nul ne peut être incité ni par promesse ni par menace, sont en dehors des lois de la Cité. Nul par exemple ne peut se dessaisir de sa faculté de juger ; par quelles promesses ou par quelles menaces un homme pourrait-il être amené à croire que le tout n'est pas plus grand que la partie [...] ou qu'un corps qu'il voit être fini est un être infini. D'une manière générale, comment pourrait-il être amené à croire ce qui est contraire à ce qu'il sent ou pense? De même, par quelles promesses ou par quelles menaces un homme pourrait-il être amené à aimer ce qu'il hait ou à haïr ce qu'il aime? Et il faut en dire autant de tout ce dont la nature humaine a horreur à ce point qu'elle le juge pire que tous les maux : qu'un homme porte témoignage contre lui-même, se mette lui-même au supplice, tue son père et sa mère, ne s'efforce pas d'éviter la mort, et autres choses semblables, auxquelles ni promesses ni menaces ne peuvent amener personne. Si cependant l'on prétendait que la Cité a le droit ou le pouvoir de commander de telles choses, ce serait à nos yeux comme si l'on disait qu'un homme a le droit d'être insensé ou de délirer. Spinoza.1e partie du texte -> Spinoza affirme que le pouvoir de l'État est naturellement limité et ne peut demander l'impossible aux hommes («Toutes les actions... lois de la Cité.»). 2e partie du texte -> il illustre son propos par quelques exemples empruntés au droit naturel («Nul par exemple... ce qu'il aime?») et à la loi de nature («Et il faut... amener personne.»), traçant ainsi les limites du pouvoir souverain. 3e partie du texte -> il justifie sa thèse en raisonnant par l'absurde («Si cependant... délirer.»).
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